Arnaud Benedetti : La communication gouvernementale est suspicieuse, invasive et sermonnante

Le gouvernement a mis en place une nouvelle campagne pour rappeler les gestes barrières à adopter. Arnaud Benedetti, professeur associé en communication, juge que l’expression gouvernementale s’est transformée en langue bureaucratique.


La communication sanitaire du gouvernement est comme Sisyphe: elle n’en finit pas de rouler son rocher. Après l’épisode courtelinesque du retrait de l’attestation quelques heures seulement après sa mise en ligne, l’exécutif, soucieux de clarifier une ligne d’expression porteuse tant d’incompréhensions que de controverses, entreprend de rectifier le tir de sa fusée communicante. Il livre une campagne, relayée par le Premier ministre notamment sur son compte Twitter, dont l’objectif est de ramasser en un slogan et quelques rappels de bonnes pratiques le train de mesures qui s’appliquent désormais dans seize départements et auprès de vingt-deux millions de Français.

Ce qui peut s’apparenter à une répétition, vieille figure de la rhétorique, constitue surtout une rectification, confirmant la confusion dont la réception de l’adresse gouvernementale a été l’objet. Loin de la chute administrative d’une attestation, la communication retravaillée de l’exécutif vise à simplifier le nouveau dispositif sanitaire avec l’objectif affiché de «freiner sans enfermer». L’entre-deux est complexe car on mesure qu’il est le produit d’une combinatoire entre la volonté d’expliquer le contenu d’une démarche et le souhait de préserver l’option d’un président refusant de générer le sentiment d’un «reconfinement» après en avoir écarté l’idée fin janvier. Tout se passe comme si à l’atmosphère d’enlisement qui parfois semble gagner certaines perceptions de l’opinion, il fallait apporter la démonstration que loin d’être statique à l’épreuve de l’épidémie, la puissance publique demeurait agile, s’adaptant au terrain, tel Lawrence d’Arabie déployant la mobilité dans le désert contre la puissance ottomane. Pour autant c’est aussi une autre rémanence d’Orient qui vient à l’esprit lorsqu’il s’agit d’apprécier la doctrine de communication du gouvernement. Lorsque le politique est en difficulté, il lui revient de susciter une autre narration, comme la théorisa en son temps l’un des conseillers de Bush Junior, Karl Rove, qui parla alors pour caractériser ce format de «stratégie de Shérazade» , du nom de la princesse des Mille et une nuits, qui pour échapper à un sort funeste raconte chaque soir une nouvelle histoire.

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