La société malade : Comment la pandémie nous affecte - De Jean-Pierre Le Goff


Effets du commentaire permanent, logomachie managériale qui abîme l'hôpital, spiritualités vagues pour esthètes confinés... Dans son nouvel essai, La Société malade (Stock), l’intellectuel montre avec clairvoyance et pénétration les effets profonds de la pandémie sur notre psychologie collective, notre lien à la réalité altéré par l’information continue, notre rapport à la mort et au tragique restauré par les attentats et le Covid-19.


« Partant de l’expérience vécue de la maladie, je voudrais montrer en quoi cette crise sanitaire est révélatrice d’un état problématique de notre société. La pandémie introduit sournoisement, massivement, l’angoisse de la maladie et de la mort ; elle fait apparaître la fragilité de la vie individuelle autant que collective, et notre relative impuissance devant un virus mal connu et contagieux.

Face à cette épreuve, un président déclare le pays “en guerre”, des médias tournent en boucle, des médecins se disputent sur les plateaux… Des courants idéologiques gauchisants, des écologistes fondamentalistes, tout comme un courant de droite réactionnaire qui rêve de revenir en arrière en ont profité pour faire valoir leurs thèses : “On vous l’avait bien dit !” Les polémiques et les oppositions sommaires incitant les citoyens à choisir leur camp ont repris de plus belle. Comment s’y reconnaître dans tout ce fatras ?

Nous vivons une pandémie anxiogène et bavarde qui nous a plongés dans un monde étrange où il est devenu difficile de démêler le réel de la bulle médiatique qui l’enveloppe. Le confinement nous a plongés dans une sorte de tunnel dont on ne voyait pas le bout – en sommes-nous vraiment sortis ou bien un nouveau mode de vie va-t-il s’installer durablement ?

Le personnel soignant s’est trouvé confronté à l’épreuve du tragique. Il subissait depuis des années des restrictions budgétaires enveloppées dans une incroyable logomachie managériale sur la “performance” et ses multiples “boîtes à outils”. Malgré la bureaucratie, le manque de protection et de moyens, il a su y faire face de manière exemplaire.

La pandémie a révélé une société malade et fracturée, en même temps qu’elle a fait apparaître des “réserves d’humanité” qu’on aurait pu croire disparues à l’heure du repli individualiste et communautariste. Un tel élan est-il temporaire ou se prolongera-t-il par-delà le choc de la pandémie ? »


Jean-Pierre Le Goff: «Cette pandémie produit des effets d’enfermement mental et de saturation»

GRAND ENTRETIEN - Dans son nouvel essai, La Société malade (Stock), l’intellectuel montre avec clairvoyance et pénétration les effets profonds de la pandémie sur notre psychologie collective, notre lien à la réalité altéré par l’information continue, notre rapport à la mort et au tragique restauré par les attentats et le Covid-19.

Depuis trente ans, Jean-Pierre Le Goff construit une œuvre qui se distingue par sa finesse d’approche et un scrupule rare qui le préserve des préjugés du temps comme des grilles idéologiques. La réalité de Mai 68, la «fin du village», les dérives du management, le «gauchisme culturel» sont les sillons qu’il creuse dans une langue aussi précise qu’évocatrice.

Dans son nouvel essai, La Société malade (Stock), il montre avec clairvoyance et pénétration les effets profonds de la pandémie sur notre psychologie collective, notre lien à la réalité altéré par l’information continue, notre rapport à la mort et au tragique restauré par les attentats et le Covid-19. L’intellectuel souligne l’hégémonie grandissante d’une «écologie fondamentaliste et punitive» comme clé d’explication du monde, s’inquiète du repli individualiste et communautariste auxquels répondent les «réserves d’humanités» dont le personnel soignant a été en cette période le plus bel exemple.


LE FIGARO. - Le Covid, c’est aussi le retour de la mort dans la vie quotidienne. En ce sens, peut-on parler de retour du tragique?

Jean-Pierre LE GOFF. -
Nous nous sommes retrouvés brutalement face à un événement qui a créé une situation qui paraissait inimaginable. L’angoisse de la maladie et de la mort de masse s’est répandue au sein des rapports sociaux, avec un virus jusqu’alors inconnu pour lequel n’existait aucun remède, dans une situation des plus instables que personne ne semblait être en mesure de maîtriser. C’est comme si le monde courait soudain à la catastrophe avec un manque de moyens flagrants pour y faire face, entraînant un sentiment de peur et d’impuissance. La pandémie s’est abattue sur nous comme un fléau contre lequel on ne pouvait rien ou pas grand-chose. Rappelons-nous, il y a un an, l’absence de moyens de protection, le paracétamol pour la fièvre et l’appel au 15 en cas de symptômes de détresse respiratoire pour ne pas encombrer les services d’urgence…

Jean-Pierre Le Goff : Un grand baratin a recouvert l'événement-pandémie

Effets du commentaire permanent, logomachie managériale qui abîme l'hôpital, spiritualités vagues pour esthètes confinés... Dans un essai à paraître, La Société malade*, le sociologue Jean-Pierre Le Goff livre sa vision originale de la crise. 

Certains - et on les comprend - maugréeront mezza voce : "Encore un livre sur la pandémie ?!" L'auteur lui-même, d'ailleurs, n'est pas le dernier à souffler devant l'inflation de bavardages qui a accompagné la crise du Covid-19, cet "événement monstre", l'enfermant dans une sorte de "bulle langagière" dont on peine à retenir les éléments forts. Alors il y va avec des pincettes, Jean-Pierre Le Goff, pour ne pas participer au "grand baratin" qui nous a assaillis et, souvent, lassés... Qu'il se rassure : la mission est accomplie. Dans cet ouvrage, le sociologue et historien, embedded dans la pandémie (il a été malade au début du premier confinement), nous livre son interprétation de l'événement, révélateur de nos erreurs gestionnaires, mais aussi de l'état de notre société démocratique, de ses fractures, de ses mentalités et de ses moeurs. Avec son art si particulier de saisir dans un intitulé administratif hospitalier, dans la sémantique d'un cours de yoga en ligne ou dans le délire d'une tribune de presse, la substantifique moelle de notre époque. Qu'il critique, "sans la maudire". L'Express vous propose en exclusivité des extraits de La Société malade.
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