Ces biens essentiels - De Céline Pina

Céline Pina pourfend dans cet ouvrage l'idée réductrice des "biens essentiels" imposée par l'Etat face à la crise sanitaire. Elle montre en quoi l'accès à la culture pendant les périodes de crises reste un enjeu vital.

La crise sanitaire a révélé ce que nous refusions de voir : la fragilité de nos sociétés, de nos institutions et de nos idéaux. Elle a confronté chacun d'entre nous à ce qui fait notre vérité d'homme et de citoyen, et l'essence même de toute société : ses " biens essentiels ". Une notion devenue cruciale, qui n'avait jamais suscité une telle prise de conscience, face aux restrictions imposées par l'État.

Céline Pina dénonce la confusion qui s'est installée entre besoins primaires et biens essentiels, sous l'effet d'une " guerre " sanitaire qui a privilégié la part animale de l'être humain, au détriment de ce qui le rattache à la civilisation : une culture, une quête de soi, de l'autre, gage du lien social et de la préservation de nos libertés.

Elle souligne sans détour les erreurs de nos gouvernants dans leur façon d'envisager ce qui est essentiel et ce qui ne l'est pas, et s'inquiète d'une sortie de crise qui conduirait à remettre en cause nos acquis personnels et collectifs : le système de santé, le système éducatif, la création, le fonctionnement même de notre démocratie.

Aurons-nous enfin les moyens de reprendre notre destin en main ? Face à la seule logique sanitaire, c'est de la culture et de la connaissance que l'on peut espérer les meilleures réponses.


Après « Silence Coupable » j’ai mis un peu de temps avant de me mettre à nouveau à écrire un livre.

Ce premier essai m’avait permis, il y a 5 ans, de montrer comment le clientélisme était devenu l'alpha et l'omega de l'élection dans nombre de villes populaires de banlieue. Comment cet électoralisme a favorisé et servi l'emprise islamiste sur les quartiers difficiles, mais aussi comment une certaine gauche s'est mise au service de l'obscurantisme politico-religieux des islamistes au nom d'un antiracisme dévoyé. Ce livre avait été fort bien accueilli, mais il m’a en même temps identifié à un combat, certes capital, mais aussi exigeant et non sans conséquences pour ma vie quotidienne et celle de mes proches.

Depuis quelques années j’écris beaucoup, qu’il s’agisse d’articles ou de participation à des ouvrages collectifs mais j’ai longtemps hésité à me remettre à un essai plus personnel. Et puis le covid est arrivé.

Et là, tout ce dont nous doutions sans jamais vraiment oser nous l'avouer nous a sauté aux yeux : notre statut de 6ème puissance mondiale apparaissait pour ce qu'elle était, une survivance, une médaille en chocolat. Ce que la maladie nous dévoilait, c'était notre dépendance, notre faiblesse et notre désorganisation. Pire même, alors que les Etats européens ont été émasculés de leur souveraineté au nom de l'Europe, celle-ci a montré qu'elle peinait à se faire respecter sur le plan international et tandis que la Grande-Bretagne qui a claqué la porte de l'Union européenne vaccine sa population, l'Europe trépigne et doit communiquer sur les retards de livraison des doses...

Mais surtout, nous avons vu à cette occasion fleurir l'expression : "biens essentiels". Sauf qu'à chaque fois que le gouvernement lui donnait une définition, il ne parlait pas de "biens essentiels" mais de "besoins primaires". Les pâtes et le papier toilette sont des besoins primaires, en revanche les livres peuvent être considérés comme des biens essentiels. Assurer le boire, le manger et un minimum de confort, c'est ce que l'on doit au troupeau, qu'il soit constitué de vaches ou d'hommes. Prendre soin de la bête humaine est le devoir minimum des Etats, mais nous ne sommes pas n'importe quel Etat, nous sommes une démocratie et une République, nous sommes des êtres de culture et nous habitons un monde civilisé, auquel nous avons donné un sens.

Nos dirigeants en confondant "besoins primaires" et "biens essentiels" révèlent la façon dont ils nous considèrent. Ils ne parviennent plus à nous voir comme des citoyens détenteurs d'une part de souveraineté, mais comme des particules à gérer. Ils ne nous voient pas comme des êtres de culture, dotés d'une capacité à penser et à créer, nous permettant de choisir les principes et idéaux selon lesquels nous acceptons de constituer une société politique, mais comme des freins à la bonne administration des choses (voir le président de la république traitant le peuple français de "60 millions de procureur"). Or pour que la sortie de la crise du covid ne se termine pas en violences sociales et politiques, il va falloir que nos représentants retissent un véritable lien avec le peuple et regardent en face les risques qu’ils nous font courir s'ils n'agissent pas pour préserver ce qui fait de nous des femmes et des hommes debouts.

SOURCE: CELINE PINA - Facebook 

Céline Pina: «Ce qui nous rattache à la civilisation, voilà ce qui est vraiment essentiel»


EXTRAITS EXCLUSIFS - Dans son nouveau livre, l’essayiste et fondatrice du mouvement citoyen Viv(r)e la République analyse la notion de «biens essentiels». Elle regrette la confusion entre ces derniers et nos «besoins primaires».