Emancipation des femmes musulmanes et lutte contre les mutilations génitales - Par Laure Mandeville suivi d'un entretien avec Shirin Musa, directrice de l’association Femmes for Freedom

Au nom de la liberté religieuse, les Etats européens ne peuvent laisser se développer une société où les femmes musulmanes resteraient sous le joug de la Charia. Il faut dénoncer ce "terrorisme intime" fait de mariages forcés, de mutilations génitales, de polygamie et de captivité conjugale...


Laure Mandeville: «L’émancipation des femmes musulmanes, voilà une belle cause pour l’Europe»


CHRONIQUE - Les États européens doivent prendre garde à ne pas laisser une véritable société parallèle, cachée, vivant à l’heure des mosquées islamistes. Tout cela au nom de la liberté religieuse



On écrit beaucoup ces temps-ci, à juste titre, sur la manière dont les islamistes «globalisent leur lutte», propageant leurs idées et relais, à travers les entrelacs de la toile. Mais on parle peu de l’européanisation nécessaire des batailles de ceux qui organisent la résistance à l’islamisme radical, peut-être parce qu’ils sont moins organisés, plus isolés. Pourtant, leur combat est précieux, rempli d’idées à exporter d’un pays à l’autre. Ainsi de l’action de Shirin Musa, courageuse femme néerlandaise musulmane de 43 ans, qui a créé une ONG, Femmes for Freedom, qui se bat d’arrache-pied pour l’émancipation des femmes musulmanes. Shirin, qui porte le voile, pratique sa religion mais se considère comme néerlandaise à 100 %, juge avoir une grande chance de vivre «au paradis néerlandais», un «pays ouvert et direct», où cette musulmane azara d’origine pakistanaise a grandi depuis l’âge de 6 mois. Elle dit se sentir libre mais elle dénonce le danger dela «société parallèle» patriarcale ultra-rétrograde, qui s’est mise en place aux Pays-Bas, à l’ombre de mosquées islamistes. Cette situation, souligne-t-elle dans nos colonnes, ouvre la porte à la radicalisation islamiste.


«La mutilation génitale n’est plus prêchée en Arabie saoudite, mais aux Pays-Bas, si!»

ENTRETIEN - Shirin Musa, directrice de l’association Femmes for Freedom, dénonce le «terrorisme intime» fait de mariages forcés, de mutilations génitales, de polygamie et de captivité conjugale qui a émergé au cœur des Pays-Bas, à l’ombre de mosquées islamistes extrémistes.


LE FIGARO. - Comment vous êtes-vous engagée dans la bataille de l’émancipation des femmes musulmanes des Pays-Bas?

Shirin MUSA. -
Il faut comprendre d’où je viens. Je suis née à Quetta, au Pakistan, en 1976, dans la communauté hazara, groupe chiite très malmené par l’histoire. Mes ancêtres avaient déjà fui l’Afghanistan, car notre apparence asiatique nous y exposait à des persécutions. Puis, quand la radicalisation islamiste a gagné le Pakistan, après 1970, mon père est parti pour les Pays-Bas. Ma mère l’y a rejoint alors que j’avais 6 mois. Au départ, ils pensaient retourner au pays, mais, quand les choses ont empiré, dans les années 1990, ils ont renoncé à la citoyenneté pakistanaise et embrassé totalement la Hollande. C’était le choix d’une vie simple et stable. Même si j’ai été bizutée à l’école parce que j’étais musulmane, ce qui n’a pas été le cas de mes jeunes sœurs, j’ai eu une enfance heureuse. Avec le temps, les choses se sont améliorées spectaculairement. Nous nous sommes intégrés à la vie hollandaise. Je suis hollandaise! Ma mère dit toujours que les Pays-Bas, c’est le paradis. Même s’il y a toujours des problèmes, je suis d’accord. Je me sens libre, ici. Mais je veux que les femmes musulmanes puissent bénéficier des mêmes droits que les autres citoyens!