Visite de Macron à Montpellier : la mixité ethnique est-elle encore possible ? - Par Barbara Lefebvre et Michèle Tribalat
Une femme a interpellé Emmanuel Macron lors de sa visite à Montpellier pour demander plus de «mixité» dans certains quartiers. Pour Barbara Lefebvre, "le communautarisme de ces quartiers rend impossible la mixité". Selon Michèle Tribalat, "quand la mixité ethnique disparaît, se réveiller trop tard condamne à la déploration".
Barbara Lefebvre : «Le communautarisme de ces quartiers rend impossible la mixité»
Pour l’enseignante Barbara Lefebvre, la disparition de la «mixité» s’explique par la déliquescence de l’école républicaine et son abandon de l’assimilation, conjuguée à une immigration homogène de masse qui a favorisé l’émergence du communautarisme.
Aux lendemains d’une séquence de communication présidentielle axée sur la sécurité et l’autorité, il serait cruel de présenter successivement les entretiens filmés ou écrits accordés par Emmanuel Macron à la presse depuis son entrée en campagne à l’automne 2016 jusqu’à aujourd’hui un an avant la prochaine présidentielle.
En cinq ans, que de contradictions, de propos polémiques immédiatement récusés car ils auraient mal compris. Tant de tergiversations idéologiques: un jour apprenti woke devant Mediapart en mai 2017 sous l’œil amusé d’Edwy Plenel séduit par ce jeune libéral futur président, un jour célébrant Jeanne d’Arc qui avait «fendu le système» ou visitant le Puy du fou.
Michèle Tribalat : «Quand la mixité ethnique disparaît, se réveiller trop tard condamne à la déploration»
Cet échange révèle le manque de mixité ethnique dans certaines villes françaises, analyse la démographe.
LE FIGARO. - À Montpellier, lundi, dans un quartier où vit une importante population d’origine étrangère, une femme a affirmé à Emmanuel Macron que son fils lui avait demandé si le «prénom de Pierre existait vraiment ou si ce n’est que dans les livres». Cela est-il révélateur d’un manque de mixité en France?
Michèle TRIBALAT. - C’est tout à fait révélateur de la situation de certains quartiers et de communes entières où les populations d’origine étrangère sont très majoritaires.
Mais la statistique française ne permet pas de le constater aisément. Le Conseil national de l’information statistique (Cnis) a refusé, pour mesurer les concentrations ethniques, d’inclure dans le questionnaire du recensement les questions sur le pays et la nationalité de naissance des parents. Le Conseil national de l’information statistique a prétendu qu’il n’y avait pas de demande d’acteurs publics dans ce sens. Ces questions figurent pourtant dans nombre d’autres enquêtes de l’Insee (enquête Emploi par exemple), mais ne permettent pas de descendre à un niveau local assez fin. Avec le statisticien strasbourgeois Bernard Aubry, nous avons développé un indicateur de substitution, par défaut, mais qui correspond bien au cas de figure que vous évoquez: nous mesurons, à partir des données de recensement, les concentrations ethniques pour les moins de 18 ans vivant encore chez leurs parents.