La Vie de l’esprit en Europe centrale et orientale depuis 1945 - De Chantal Delsol

Faisons véritablement tomber le rideau de fer. Pour que la pensée ne périclite pas à l'Ouest, il faut qu'elle renoue avec la vitalité qu'elle revêt à l'Est. Cette encyclopédie des intellectuels de l'autre Europe révèle un continent inconnu mais insuffle surtout des raisons d'espérer. Un monument.


Parce qu'elle ne saurait marcher sur un seul pied, l'Europe a besoin de recueillir les interprétations diverses et les compréhensions multiples de ses principes et de ses projets. Or, témoins et acteurs des bouleversements majeurs du XXe siècle, résistants au nazisme, dissidents du communisme, victimes de l'emprise totalitaire et promoteurs de la transition démocratique, les penseurs d'Europe centrale n'en demeurent pas moins les grands oubliés du débat contemporain des idées.
Pourtant, ces penseurs de l'Est n'ont cessé de vivre avec les penseurs de l'Ouest. Ils ont édifié à partir de leur particularité et de leur expérience une autre conception du monde et de l'histoire, de l'homme et de la cité. Et, en vertu de cet autre humanisme, apte à nourrir l'esprit européen, ils ont beaucoup à nous dire sur notre destin commun.
Cette encyclopédie des intellectuels de l'autre Europe qui réunit 150 spécialistes veut contribuer à rétablir les ponts rompus par la méconnaissance pour en finir avec les préjugés réciproques et réinstaurer un indispensable dialogue.
Un monument décisif pour aujourd'hui et pour demain.

Chantal Delsol: «En Europe centrale, la modernité exerce aussi ses effets mais ne règne pas sans partage»


TRIBUNE - L’Europe centrale est attachée à une modernité soucieuse de ses limites. Ainsi s’explique la condescendance que lui manifeste trop souvent l’Europe occidentale, argumente la philosophe.

Le philosophe tchèque Jan Sokol vient de mourir. Comme tous les enfants de la bourgeoisie, il avait été interdit d’université par le régime et avait exercé l’orfèvrerie et la mécanique. Dissident, il signe la Charte 77. Écrivain et grand pédagogue, dans la lignée de Jan Patocka dont il était l’élève et en outre le gendre, il a été professeur et doyen des sciences humaines à l’université Charles de Prague. Phénoménologue et personnaliste, grand européen, il fut ministre de l’Éducation pendant la transition démocratique.

Chantal Delsol: «En Europe centrale, la modernité exerce aussi ses effets mais ne règne pas sans partage» (lefigaro.fr)

Souci de la vérité et refus du repentir


TRIBUNE - La philosophe réfléchit à la difficile conciliation du devoir de franchise à l’égard de pages sombres du passé, et du droit de dire non à qui demanderait que l’on se couvre la tête de cendres.

Plusieurs villes côtières françaises sont en train de rafraîchir la mémoire de la traite négrière, à travers des inscriptions portées sur les plaques de rue. Il a été décidé, ici et là, que les rues portant le nom d’exécutants ou de bénéficiaires de la traite ne seraient pas débaptisées, mais que seraient mentionnées sur la plaque, sous le nom de l’édile, ses activités esclavagistes.


Chantal Delsol: «À l’inverse de nous, les petites nations d’Europe de l’Est croient encore à l’identité»


ENTRETIEN - La philosophe, qui a codirigé La Vie de l’esprit en Europe centrale et orientale depuis 1945 (Éditions du Cerf), analyse la spécificité d’une pensée marquée par l’esprit romantique et le joug du communisme, qui développe une vision plus substantielle de la nation. Elle déplore la stigmatisation dont les «démocraties illibérales» font l’objet.


LE FIGARO. - Vous avez dirigé un dictionnaire encyclopédique consacré à la pensée d’Europe centrale et orientale depuis 1945. Qu’est-ce qui fait l’unité et l’originalité de cette pensée?

Chantal DELSOL. -
Michel Maslowski, l’un des contributeurs, avec lequel nous travaillons depuis longtemps, écrit que ce qui fait l’unité et la spécificité de cette pensée est la fragilité des destins, l’enracinement dans le romantisme, et la culture comme voie de réalisation et terreau de la spiritualité. La fragilité des destins traduit la menace constante qui pèse sur ces pays centraux, constamment colonisés dans l’histoire, et auxquels la liberté est toujours «offerte par autrui», comme le dit Jana Vargovcikova en parlant des Slovaques. Pourquoi le romantisme? Après la grande révolution, au XIXe siècle, ces pays ont adopté, comme l’Allemagne, la vision romantique des Lumières, celle de Herder - à l’encontre de la vision rationaliste française.

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