«Le sommet du G7 marque-t-il vraiment un retour du multilatéralisme?» - Par Sébastien Laye
Les pays membres du G7 se sont réunis à Carbis Bay du 11 au 13 juin. Si ce sommet devait marquer le retour du multilatéralisme, les avancées en la matière ont en réalité été timides, analyse Sébastien Laye.
En économie et en commerce international, il y a les symboles – qui fascinent des dirigeants ayant de moins en moins de prise sur le réel et les entreprises – et les avancées réelles. Le sommet du G7 de Cornouailles, peut-être plus placé sous l'égide des États-Unis que de l'hôte anglais, devait marquer, avec le changement de leadership aux États-Unis, le retour du multilatéralisme en matière économique.
Pour rappel, depuis la chute du mur de Berlin, plutôt que d'imposer unilatéralement et trop visiblement leur domination brute des circuits économiques internationaux, les États-Unis ont – au moins facialement – privilégié les grandes instances multilatérales de négociation et la discussion à plusieurs (G7, G8, G20) au sein d'organisations internationales. Cet ordre fragile et par maints aspects hypocrite a volé en éclat avec l'élection de Trump et la menace chinoise, deux phénomènes ayant installé une vision plus unilatérale et décomplexée de ces grandes puissances, qui privilégièrent le bilatéralisme, ou discussion d'État à Etat. Force est de constater que ce sommet du G7 marquera un retour timide, timoré, et finalement non encore acté, du multilatéralisme classique. Biden a eu beau afficher sa différence avec Trump en matière de commerce international, presque aucune mesure contractuelle n'est sortie de ce sommet, et il ne marquera que la reprise de discussions: à cet égard, il ne restera dans l'histoire que comme un sommet de transition, sans grand intérêt, avant le G7 de 2022 en Allemagne et surtout les très attendus G20 de Bali et d'Inde en 2022 et 2023.