Patrick Robert: «Non, la France n'a pas de responsabilité dans le génocide rwandais»

Emmanuel Macron a déclaré que la France avait une «responsabilité écrasante» dans le génocide au Rwanda. Fin connaisseur de l'Afrique, le reporter-photographe Patrick Robert, qui était présent à Kigali en avril 1994, conteste fortement cette appréciation. Et il expose ses désaccords avec le rapport Duclert.


FIGAROVOX. - Quelle appréciation portez-vous sur le discours d'Emmanuel Macron à Kigali?

Patrick ROBERT. -
Le discours du président Macron à Kigali est un exercice subtil qui fait manifestement partie d'un plan de normalisation des relations entre les deux pays, en accord avec les autorités rwandaises. Elles ont de leur côté beaucoup réduit leurs accusations, qui devenaient de plus en plus difficiles à justifier.

Il semble que la reconnaissance d'une responsabilité quelconque de la France, qu'elle soit «accablante», «écrasante», ou «considérable» n'est qu'une courtoisie diplomatique pour ne pas dédire le président Kagame, une sorte de cadeau de réconciliation. La France affecte de reconnaître une responsabilité largement surjouée pour pouvoir tourner la page et permettre «l'opportunité d'une alliance respectueuse, lucide, solidaire, et mutuellement exigeante».

D'après les déclarations d'Emmanuel Macron, «l'ampleur des responsabilités accablantes» de la France au Rwanda est de n'avoir pas «su entendre la voix de ceux qui l'avaient mise en garde, ou bien a-t-elle surestimé sa force en pensant pouvoir arrêter le pire». Cela ne constitue pas une responsabilité accablante.

Le président continue: «En voulant faire obstacle à un conflit régional ou une guerre civile, elle restait de fait aux côtés d'un régime génocidaire (…)». C'est un anachronisme: le régime n'était pas génocidaire avant l'attentat, qui n'était pas prévisible. Et la menace de grands massacres n'était pas ignorée par la France mais au contraire prise très sérieusement en compte pour contraindre à l'achèvement de négociations entre Rwandais «(…) dans un engrenage qui a abouti au pire, alors même qu'elle cherchait précisément à l'éviter». Cela ne fait toujours pas une responsabilité accablante.

En somme, il est possible que les deux pays aient compris qu'ils avaient besoin l'un de l'autre dans leurs actions multilatérales en Afrique. La France, qui a besoin d'un partenaire fiable avec une armée opérationnelle, et le Rwanda, qui a compris que la France est la seule puissance occidentale capable de s'investir sur le terrain dans la stabilité de l'Afrique et son développement. Il est possible également que le président Kagame ait compris que la francophonie est un outil utile qu'il a peut-être écarté un peu vite en prenant le pouvoir en 1994, et aussi qu'il ait besoin de trouver de nouveaux créanciers depuis que ses alliés originels prennent progressivement leurs distances avec un régime très contestable au plan des droits de l'homme et des principes démocratiques.

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