Une réforme de la haute fonction publique entre cynisme et illusions - Par Edouard Husson

Emmanuel Macron avait créé la surprise en annonçant, en avril dernier, la suppression de l'Ecole nationale d'administration (ENA) et la refonte à la fois du recrutement et de l'organisation de la carrière des hauts fonctionnaires de l'Etat.


Atlantico : La réforme de l'ENA n'est-elle pas qu'une politique en trompe-l'œil qui en fin de compte ne changera pas grand-chose au mode de recrutement des hauts fonctionnaires ?

Edouard Husson :
Ce n'est pas une "politique en trompe-l''oeil" au sens où vous l'entendez. C'est une action bien réelle. Actuellement, des élèves à l'ENA se demandent s'ils ne feraient pas mieux de démissionner. Et je n'ai pas entendu Madame Le Pen ou Monsieur Bertrand annoncer que, s'ils sont élus, ils inverseront le cours des choses. On n'a pas pris assez au sérieux Emmanuel Macron. Il est l'héritier de ces révolutionnaires du XVIIIè siècle, enfants gâtés des institutions, qui flanquèrent par terre le magnifique édifice de la monarchie française, ce qui faisait de notre pays la première puissance mondiale à l'époque. La France reste une puissance mais Emmanuel Macron est en train de la déstabiliser profondément. On nous enviait l'ENA et son mode de recrutement clair et qui restait relativement méritocratique. On va non seulement assister à une retombée dans la cooptation par réseaux d'avant 1945. Mais la situation sera bien pire car la révolution hyperindividualiste des années 1960 est passée par là. Pour des raisons qui ne relèvent pas de la vie publique, Emmanuel Macron veut en permanence effacer toutes les traces de son passé; il ne veut rien devoir à personne ni à aucune institution. C'est là qu'entre en jeu la dérive des institutions qui a commencé sous François Mitterrand, ce Maurrassien concepteur du "coup d'Etat permanent", qui avait considérablement élargi le champs des nominations effectuées en conseil des ministres et hors des grands corps ou des voies de recrutement par concours, c'est-à-dire de fait à la discrétion du Président de la République. La France n'est pas malade de sa haute fonction publique mais de la dérive des institutions de la Vè République qui rend le pouvoir présidentiel de moins en moins contrôlable. Si réforme il devait y avoir, elle devrait consister à revenir aux origines de la Vè République, à la fois limiter les prérogatives du Président et revenir à un découplage des élections présidentielles et des élections législatives; revenir à des pratiques aussi qui étaient celles d'origine: les Réunions Inter-Ministérielles ne devraient plus être tenues par les membres des cabinets mais par les membres d'administrations centrales, comme sous de Gaulle.

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