«Le Sexe des Modernes. Pensée du Neutre et théorie du genre» - De Eric Marty

L’essayiste analyse les grandes entreprises de déconstruction de la sexualité, des années 1960-1980 jusqu’au triomphe contemporain de la théorie du genre. Il en critique les dérives: l’étiquetage maniaque de la sexualité, l’intersectionnalité et un activisme de la surveillance.

Disjoindre le sexe et le genre est un geste éminemment moderne, théoriser cette dissociation l'est plus encore.
Ce livre est d'une certaine manière l'histoire de ce geste. Il nous mène des grandes entreprises déconstructrices de la Modernité des années 1960-1980 jusqu'au triomphe contemporain de la théorie du genre : de Sartre, Lacan, Deleuze, Barthes, Derrida ou Foucault jusqu'à Judith Butler.
Pourtant, parce qu'il s'agit d'un objet aussi fuyant que précieux, le sexe des Modernes est aussi un révélateur. Loin d'être tout à fait commun aux deux espaces intellectuels que sont l'Europe et les États-Unis, il est peut-être témoin de leurs divisions : disputes, équivoques, héritages détournés, et guerres silencieuses ou avouées...
Il s'agit ici non seulement d'éclairer des doctrines récentes que la confusion des temps travaille à obscurcir, mais d'explorer ce qui s'est déplacé au tournant des XXe et XXIe siècles entre le continent européen et le continent américain. Transmission ou au contraire fracture ?
Car le moment est venu d'interroger le partage du sexe et du genre sous l'angle de son histoire puisque cette histoire est la nôtre, et sans doute plus que jamais.


Eric Marty: «La théorie du genre a envahi toutes les sphères de la vie sociale»

ENTRETIEN - Par Eugénie Bastié

LE FIGARO. - « La théorie du genre n’existe pas», avait dit la ministre Najat Vallaud-Belkacem pour répondre à la Manif pour tous qui avait popularisé cette notion pour la dénoncer. Alors, existe-t-elle ou pas?

Éric MARTY. -
On peut s’étonner du déni qu’il n’existerait pas une théorie, mais seulement des études de genre (gender studies). Pour les tenants du «gender», sans doute faut-il rester insaisissable, dans une position d’apparente pluralité, alors qu’il y a tout de même des axiomes très forts notamment le refus d’une vision naturaliste du sexe, l’hypothèse d’une identité de genre modifiable etc. C’est révélateur de la manière dont cette mouvance s’inscrit dans une stratégie qui passe à la fois par l’usage de discours très radicaux et en même temps une forme d’esquive.

Vous distinguez entre la pensée du neutre, élaborée par les penseurs de la French Theory (et notamment Barthes), de cette «théorie du genre». Quelle est la différence?

La pensée du neutre est une pensée propre à la France, qui s’élabore dans les années 1960-1970 notamment sous la plume de Barthes, Deleuze et Derrida, une pensée de déconstruction des identités et de la différence sexuelles que la psychanalyse avait contribué à figer tout en l’éclairant (par exemple avec le complexe d’Œdipe). Il s’agit d’introduire des éléments de transgression, de faire vaciller la loi. Le neutre est un espace de suspension du masculin et du féminin, mais aussi du sens commun. Ce sont des démarches sophistiquées, très créatrices, qui n’ont pas en tête un scénario militant. Il s’agit de déjouer le sens commun, d’affirmer une différence.

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