Luc Ferry : «Vers une baisse de la population mondiale»
Par peur, à moins que ce ne soit par intérêt, nous refusons de voir que, dans cent ans, le monde n’aura plus grand-chose de commun avec celui que nous connaissons.
Comme promis la semaine dernière, je reviens sur le passionnant livre de ces deux auteurs canadiens, John Ibbitson et Darrell Bricker (Planète vide, Les Arènes, 2020), qui démontrent, en s’appuyant sur les recherches les plus récentes en matière de démographie, le caractère inexorable de la décrue de la population mondiale. Selon leurs conclusions, elle ne devrait jamais dépasser les 8,5 milliards d’individus, à peine plus que son niveau actuel.
Comme cette prévision contredit tout ce que nous disent les écologistes depuis un demi-siècle, il est bon d’étudier de près leurs arguments avant de se faire une opinion. À les en croire, la stabilisation, puis la baisse de la population seraient liées à trois lames de fond planétaires: l’urbanisation, qui fait bondir le coût du logement et de l’éducation des enfants, l’affaissement du pouvoir des religions un peu partout dans le monde malgré l’entrée en résistance de l’islam (une réaction qui en est du reste la conséquence), mais plus encore l’émancipation des femmes: «Plus une société s’urbanise, plus les femmes ont le contrôle de leur corps, moins elles choisissent d’avoir beaucoup d’enfants. Dans la majorité des pays occidentaux, comme aux États-Unis et au Canada, 80 % de la population vivent aujourd’hui dans des villes où les femmes bénéficient d’une maîtrise presque totale de la procréation.»