Maurice Berger : "Le nouveau Code pénal des mineurs est imprégné d'une vision angélique"
Le Dr Maurice Berger, pédopsychiatre, travaille dans un centre éducatif renforcé (CER) où il voit arriver des profils ultra-violents. Il vient d’écrire un rapport, « Faire face à la violence en France » (L’Artilleur) dans lequel il rend compte de l’aggravation de la violence chez les mineurs délinquants et alerte sur la nécessité de modifier la loi pénale des mineurs pour mettre fin au sentiment d’impunité. Rencontre.
Marianne : Vous consacrez la première partie de votre rapport aux cas de mineurs délinquants que vous recevez dans votre CER (centre éducatif renforcé). Vous constatez une montée de leur violence. Comment la caractérisez-vous ?
Maurice Berger : Depuis sept ans que je travaille dans ce CER, je reçois des mineurs de plus en plus jeunes, qui rencontrent de plus en plus de difficultés à penser, et qui n’ont plus le sentiment de transgresser la loi. Ils perçoivent l’obéissance à une règle collective comme une soumission insupportable.
Certains mineurs provoquent volontairement des incidents et n’hésitent plus à sortir le couteau et à frapper, parfois pour un seul regard, violence qui n’est plus réactive mais gratuite et proactive. Ils éprouvent même un plaisir orgiaque d’aller « jusqu’au bout ». Pour eux, frapper n’est pas grave, et même pour certains, tuer n’est pas grave.