Pass sanitaire: «La santé prime désormais sur l'ensemble des vertus traditionnelles de notre civilisation» - Par Thibault Mercier
Le président a annoncé l'extension du pass sanitaire, en conditionnant l'accès aux espaces de loisir. L'avocat Thibault Mercier regrette la portée inédite de ces restrictions, qui, au-delà de porter atteinte à nos libertés, placent la préservation de soi au-dessus de tout.
Le 30 avril 2021, le Président Macron déclarait dans les colonnes du Progrès que le pass sanitaire ne serait «jamais un droit d'accès qui différencie les Français [et] ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas». Deux mois plus tard, brandissant la menace du variant indien (ou Delta pour reprendre le terme désormais imposé), c'est tout l'inverse que le chef de l'État vient de nous annoncer. Ce sont ainsi les théâtres, cinémas, restaurants, trains et tous les lieux de loisir dont l'entrée sera conditionnée à la présentation d'un laissez-passer sanitaire.
Au-delà de cet énième retournement de veste, il faut déjà pointer du doigt cette pratique inédite du pouvoir qui s'impose à nous depuis le début de la crise et qui veut que le président annonce de nouvelles restrictions sans qu'elles n'aient encore passé le filtre du Parlement ou été soumises au débat démocratique. L'exécutif a-t-il oublié que l'état d'urgence sanitaire a pris fin au 30 juin 2021 ?
S'agissant de l'extension massive du pass sanitaire annoncé cette semaine, il semblerait que le droit et les libertés n'aient plus grande valeur aux yeux de nos gouvernants. L'exécutif ne peut en effet ignorer que de nombreux juristes renommés ont démontré que ce mécanisme était illégal au vu de la disproportion des atteintes qu'il porte à nombre de nos libertés fondamentales (liberté de commerce, liberté d'aller et venir, droit au respect de la vie privée, etc). Ces considérations semblent pourtant avoir été balayées d'un revers de la main et nous assistons ainsi impuissants à la prise de pouvoir des experts et des technocrates à laquelle le gouvernement a délégué une partie de ses responsabilités.