Évolution du djihadisme et du terrorisme au Sahel depuis vingt ans - Par Olivier Hanne

Le djihadisme au Sahel n’est pas seulement le fruit d’insatisfactions sociales, économiques ou communautaires, il est le produit de l’évolution des doctrines du djihadisme. Celles-ci manipulent à loisir plusieurs paradigmes historiques : les djihads médiévaux, notamment almoravide ; les djihads noirs du XIXe siècle contre les ethnies animistes et le colonisateur ; l’expérience du terrorisme islamiste algérien dans les années 1990 ; l’ambition d’un djihad mondial avec al-Qaïda dans les années 2000 ; et, depuis 2015, la renaissance du califat véhiculée par les djihadistes de Daech.


Bien que chaque mouvement agissant dans le Sahel ait sa propre histoire et ses objectifs, tous sont peu ou prou rattachés à ces différents paradigmes et doivent prendre en compte l’évolution globale du djihadisme dans le monde afin de trouver des alliés, des financements et des stratégies mobilisatrices.
Le temps des Algériens

La fin de la guerre civile algérienne, principal acquis des années Bouteflika, modifia la situation de l’islamisme. En janvier 2000, le président algérien accorda l’amnistie aux djihadistes rendant les armes, suivie en septembre 2005 de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Il permettait ainsi la réintégration des hommes du Groupe islamique armé (GIA). Mais certains survivants du GIA et des membres du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), créé en 1998 dans le but de cibler les militaires de préférence aux civils, refusèrent de renoncer aux armes. L’ancien ingénieur Abdelmalek Droukdel devint chef du mouvement en 2004. Traqué par l’armée, il trouva refuge dans le sud de l’Algérie, en Mauritanie et au Nord-Mali. Son but était de profiter de l’immensité désertique pour s’y réorganiser, instaurer la charia et se financer par la contrebande. La plupart des gouvernements et des tribus, immobilisés par leurs querelles, aveuglés par le discours musulman des djihadistes, les laissèrent s’installer. Alors qu’al-Qaïda était en perte de vitesse, les djihadistes au Sahel prêtèrent allégeance en septembre 2006 à Ben Laden, proposant à celui-ci l’ouverture d’un front en Afrique. AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique) naquit en janvier 2007 sous la direction de Droukdel, devenu émir. Mais, paralysée par la répression algérienne, AQMI se lança vers le grand Sud. Tout le Sahel musulman devint une zone d’action et de prédication. L’état de délabrement des institutions politiques et militaires, particulièrement au Mali, l’exaspération de l’aristocratie touareg, les insatisfactions socio-économiques accélérèrent l’implantation des djihadistes dans la société du désert. Certains, comme Mokhtar Belmokhtar, épousèrent des femmes arabo-maures ou des Touareg. Des Maures et des Maliens rejoignirent les GAT, encouragés par le modèle d’al-Qaïda et par le 11 septembre 2001. Même certains Touareg se rallièrent, souvent dans l’espoir d’une revanche de leur communauté sur le gouvernement de Bamako. Sans ce soutien local et tribal, jamais AQMI et sa milice de 400 à 800 hommes n’auraient pu tenir dans la région ni se fortifier dans les refuges de l’Adrar.

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#JeSoutiensNosForcesDeLOrdre par le Collectif Les Citoyens Avec La Police