La liberté, sinon rien: le nouveau combat du populisme - Par Monique Dagnaud

« J’ai choisi le combat pour la liberté », « Ce n’est pas Monsieur Macron qui commande, c’est le peuple. Plutôt mourir que de vivre à genou », « nous sommes entrés en dictature » : une incursion dans la galaxie Twitter des anti pass sanitaire met à jour une vision enflammée, frénétique de la liberté. Une liberté abstraite, proclamée avec rage comme un principe de vie qui l’emporte sur tout. 

Le mouvement « anti pass » est cimenté par une ivresse de soi et de liberté excédant clairement les autres enjeux qui le traversent, comme le rejet de la vaccination anti Covid (une partie des manifestants, de fait, est vaccinée), l’éloge des médecines douces contre la médecine allopathique, l’opposition frontale aux élites politiques et scientifiques, ou, rhétorique phare de la période, la critique des Big Pharma. Apparaît alors sur la scène protestataire une figure presque cocasse tant elle est inattendue : « je suis, donc je fais ce que je veux » face à la pandémie. Bien sûr, le quart de la population française qui est opposé au pass sanitaire ne se reconnaîtra pas dans cette description extrême : pourtant la posture de cette minorité (« les libertés individuelles priment sur tout ») interroge[1].

Je suis donc je fais ce que je veux

Le principe de liberté de l’individu est consubstantiel des sociétés démocratiques, certes, mais dans tous les secteurs de la vie publique et personnelle cette liberté est encadrée par des conceptions morales ou des contraintes de vie collective : de la liberté d’expression à la liberté de circulation, à la liberté d’exercer certaines professions, à la liberté d’entreprendre, à la liberté de choisir les méthodes éducatives pour ses enfants, etc. La liberté sexuelle, elle aussi, comporte des interdits. La liberté d’autrui s’arrête là où commence celle des autres, énonce le dicton populaire. On peut donc s’interroger sur le tréfonds, le substrat idéologique ou pulsionnel, la construction imaginaire qui permettent à tant de gens de se ranger derrière un principe qu’aucune société, même la plus démocratique dans ses fondements, n’a jamais imaginé faire sienne.

Les psy y verront une intolérance à la frustration de ne pas pouvoir agir comme on veut, une sorte d’infantilisation sous les auspices de la culture permissive et de l’économie d’abondance. La plupart des lieux soumis au contrôle d’un pass sanitaire concernant, en tout cas dans un premier temps, les pratiques de consommation marchande et les loisirs culturels et sportifs[2], on peut expliquer cette crise de nerf au nom de la liberté par les contraintes imposées à la consommation – parallèlement l’accès aux lieux de travail, les écoles, les universités, les lieux de culte, n’est pas soumis à la présentation d’un pass sanitaire.

Des sociologues y décèleront la conséquence logique (et tragique) d’une extension sans limites des droits de l’individu. Des spécialistes des médias pourront y repérer la manifestation d’une sphère communicationnelle où le tout et n’importe quoi a non seulement droit de cité, mais autant de valeur et de reconnaissance que la pensée rationnelle ou les informations validées. Ils confirmeront alors que les principes de rationalité et de vérité sont en train de se dissoudre, de se relativiser, de perdre leur légitimité auprès d’une partie de la population, au profit de fantasmes les plus délirants, chacun ayant droit d’avancer des propos et d’adapter son comportement conformément à sa vision de la vérité.

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