Les décroissants en France. Un essai de typologie - Par Eddy Fougier
Le terme « décroissance », qui a plusieurs significations, a été sciemment utilisé par les décroissants comme un « mot-obus », selon leur expression. L’objectif était de choquer, de susciter un débat sur la croissance et sur un mode de développement qu’ils critiquent de façon vigoureuse. Cela a eu l’effet escompté pendant un temps mais a fini par se retourner contre eux, conduisant une grande partie du public à les assimiler au « parti de la récession », même s’ils s’en défendent régulièrement.
À l’évidence, la décroissance suscite un vif débat. Pour certains, elle est devenue un terme repoussoir et même une véritable insulte politique. Elle est utilisée par ses pourfendeurs dans l’espace public pour disqualifier celles et ceux qui s’y réfèrent, et, de plus en plus fréquemment, l’écologie en général. Le 15 septembre 2020, Emmanuel Macron a par exemple assimilé le point de vue décroissant au « modèle amish4 ». En réaction, le mensuel La Décroissance s’est présenté comme « le journal des Amish ». En définitive, on peut dire que la décroissance est, d’une certaine manière, le pendant, mais de l’autre côté du spectre idéologique, du néolibéralisme : rares sont ceux qui y font référence de façon explicite en France mais le terme paraît avoir une force accusatoire quasiment imparable, alors que, dans les deux cas, le plus souvent, on ne sait pas vraiment de quoi l’on parle.
Cette note vise à répondre justement à quelques-unes de nos interrogations à propos des décroissants : qu’est-ce que la décroissance ? Quand et comment le mouvement décroissant a-t-il émergé ? Qui sont au juste ces décroissants et quelles sont leurs idées ? Quel est leur impact sur la société française ?