Où va l’écologie politique ? - Par Daniel Boy et Ferghane Azihari

Yanick Jadot a gagné. À l’issue d’une primaire organisée parmi les sympathisants de l’écologie il l’a finalement emporté, au second tour, sur sa rivale Sandrine Rousseau. Il sera donc le candidat des écologistes à l’élection présidentielle à venir. Quel chemin ont parcouru les Verts depuis leur retentissant succès des européennes de 2019 ? Comment évaluer aujourd’hui la force que représente l’écologie politique dans le champ électoral ? Quelle sera la stratégie d’EELV et de Yannick Jadot dans les échéances électorales de 2022 ?

Daniel Boy: Où va l’écologie politique ?

La période ouverte avec les élections européennes de 2019 a offert à l’écologie politique représentée par EELV et par sa tête de liste Yannick Jadot de nouvelles opportunités dans un contexte marqué par la fréquence et la gravité des désastres environnementaux subis par notre planète et par leur écho quasi quotidien dans les médias de grande diffusion. Pour la première fois la liste des Verts a devancé de très loin celle du Parti socialiste : 13,5% pour la liste menée par Yannick Jadot contre 6,2% pour celle de Raphaël Glucksmann. Or, depuis les élections présidentielle et législatives de 2017 qui ont été marquées par un effondrement sans précédent du Parti socialiste, la perspective d’une écologie politique qui aurait vocation, non seulement à concurrencer la social-démocratie mais purement et simplement à prendre sa place, prend consistance. Les élections municipales de 2020 et régionales de 2021 ont constitué une seconde mise à l’épreuve de la concurrence entre Verts et Socialistes. Mais en raison de leur caractère local, leurs résultats nous renseignent mal sur la question cruciale du rapport de force national entre EELV et le PS. Les victoires enregistrées par les Verts dans plusieurs grandes villes (Bordeaux, Lyon, Strasbourg, Grenoble...) sont certes spectaculaires. Elles nous indiquent clairement que désormais les électeurs font confiance aux Verts pour gérer par eux-mêmes, c’est-à-dire en tant que détenteurs du mandat de maire, de grandes agglomérations. Mais il faut se souvenir que ces brillants résultats ont toujours été obtenus au détriment de la droite et non dans une compétition avec la gauche, les maires socialistes sortants ayant résisté en général à l’offensive verte (à l’exception de la ville de Poitiers). L’analyse complète des résultats des écologistes lors de ces élections[1] démontre du reste que, là où ils ont présenté des listes, c'est-à-dire dans 12,1% des communes de plus de 3500 habitants, les écologistes (EELV et Ecologistes Divers) ont obtenu 16,5% des suffrages exprimés soit un score voisin de celui des européennes de 2019 (en comptant là aussi EELV et Ecologistes divers). Aux élections départementales de 2020, les écologistes, présents dans environ 300 cantons ont encore obtenu un score du même niveau : 16,4%. On objectera, à raison, que rien ne permet d’affirmer que ces résultats, obtenus dans un sous-ensemble réduit de communes et de cantons, et avec des taux d’abstention élevés[2], soient une mesure du niveau réel de l’écologie politique dans l’ensemble des électeurs inscrits. Il est en effet possible que la présence de listes écologistes dans une commune ou un canton dépende de la ressource en candidats, potentiel lui-même dépendant de l’inclination de cette commune ou de ce canton en faveur de l’écologie politique.

Où va l’écologie politique? - Telos (telos-eu.com)

Ferghane Azihari : « L’écologie politique est d’abord un puritanisme »

ENTRETIEN. Dans son ouvrage, le brillant essayiste relève que les écologistes sont plus pressés d’en finir avec le capitalisme qu’avec le défi climatique…

La primaire organisée par EELV l’aura montré : les solutions préconisées par ceux qui se disent écologistes pour lutter contre le réchauffement anthropique de la planète sont radicales. Abandon des pesticides, sortie du nucléaire, fin de l’élevage industriel, réduction du pouvoir d’achat… Ce remède de cheval permettrait-il, au moins, de lutter efficacement contre le changement climatique ? Rien n’est moins sûr, du moins pour Ferghane Azihari, consultant en politiques publiques et auteur du livre Les Écologistes contre la modernité. Le procès de Prométhée*, à paraître le 7 octobre aux éditions de La Cité. Dans son ouvrage, il démontre que nous disposons déjà des meilleures armes dans le combat pour la préservation écologique : l’innovation technologique, la propriété privée et l’enrichissement de l’humanité permise par la mondialisation. Inversement, les solutions avancées par les militants écologistes conduiraient à la fin des sociétés libérales, et l’on peine à imaginer comment certaines préconisations les plus liberticides, comme la limitation des naissances ou le fait de mettre un tiers de la population active dans les champs, pourraient être accomplies dans un cadre démocratique. Entretien avec un défenseur de la civilisation prométhéenne.

Le Point : Notre situation actuelle n’est pas parfaite et le réchauffement climatique est un enjeu crucial. Mais la qualité de vie des individus dans nos sociétés n’a jamais été aussi bonne. Pourquoi n’est-ce jamais souligné par les militants écologistes ?

Ferghane Azihari :
Parce qu’il faut bien comprendre que la spécificité de l’idéologie écologiste ne réside pas dans la quête d’un environnement sain, laquelle est universelle, les gens n’ayant pas attendu l’arrivée d’Europe Écologie-Les Verts au XXIe siècle pour se préoccuper de l’environnement. Déjà dans l’Antiquité, Horace, Sénèque dénoncent les fumées toxiques de Rome. La spécificité de l’idéologie écologiste réside dans la dénonciation de la civilisation industrielle, c’est une idéologie qui reprend à son compte tous les poncifs rousseauistes qui accablent la modernité. J’insiste dans mon ouvrage sur la figure de Rousseau, parce qu’il a acquis la célébrité en vitupérant le progrès, qu’il soit des arts, des sciences et des techniques, qui nous éloigne de l’état de nature paradisiaque et aboutit à la corruption des hommes. Les écologistes appliquent cette vision du monde à l’environnement et accusent la civilisation industrielle de détruire la nature à mesure qu’elle se développe, ce qui sous-entend que les sociétés faiblement industrialisées, elles, bénéficient d’un environnement immaculé. En fait, ce récit ne correspond à rien sur le plan historique et géographique. Les pays qui aujourd’hui sont le plus accablés par la pollution sont les pays faiblement industrialisés.

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