"Reste à ta place...": Le mépris, une pathologie bien française - De Sébastien Le Fol

Dans son livre publié chez Albin Michel, Sébastien Le Fol montre comment le pays de l’égalitarisme idéologique entrave la mobilité sociale. Le directeur du journal "Le Point" estime que la Révolution Française n'a pas encore atteint son but et que la société est encore largement gouvernée par les préséances, les codes et les usages. Il appelle à sortir de l'immobilisme dans un pays stratifié par le mépris.


Tapie, Pinault, Onfray, Sarkozy, Hidalgo, Luchini et bien d'autres... Tous ont un point commun : à un moment ou à un autre, ils ont été confrontés à cette épreuve dont ils ont fait une force.
Avec une liberté de ton à laquelle nous ne sommes pas habitués, ils se sont confiés à Sébastien Le Fol.
Tous ont souffert un jour de ne pas avoir les bons codes, les bonnes manières, les bons diplômes, les bons réseaux. D'où cette terrible phrase souvent entendue : « Reste à ta place... ! ».
Mais au lieu de les accabler, cette arrogance les a galvanisés.

Ce livre inclassable mêle l'histoire et l'enquête. On passe de l'Ancien Régime à la Ve République, de Louis XIV à Macron. Il en résulte un décryptage iconoclaste du malaise de la société française. De l'école aux coulisses de la réussite, on y découvre un monde fermé, obéissant à des règles connues des seuls initiés.

Un document exceptionnel sur un phénomène de société qui est aussi un enjeu politique à la veille d'une élection capitale.

« Reste à ta place… ! » : le vrai mal français

ENQUETE LE POINT - ETIENNE GERNELLE

C'est l'histoire d'un scandale français, quotidien, sournois et silencieux. « Reste à ta place… ! » (Albin Michel) relate le vrai mal qui ronge notre pays, cette société dans laquelle on se gargarise d'égalité mais où s'exerce un « mépris en cascade » sur fond de bonne conscience compassionnelle. Notre pays est une cathédrale de plafonds de verre où l'on prêche un socialisme moral. Une hypocrisie aussi détestable que destructrice.

Si la raison gouvernait la politique - on a le droit d'espérer -, cela devrait être l'un des tout premiers sujets de la campagne présidentielle. Remarquez, il y a un précédent : en 2017, Emmanuel Macron en avait fait l'un de ses thèmes principaux. Les résultats, même si l'on peut lui trouver des circonstances atténuantes, n'ont pas vraiment été au rendez-vous. Qui relèvera le gant ? Lui, par obstination ? Un autre ? Ou personne ?

Le mépris, « carte de visite des imbéciles ». Cette phrase - « Reste à ta place ! » - Sébastien Le Fol, directeur de la rédaction du Point, l'a entendue. C'était au Festival de Cannes, cela peut faire sourire, mais, comme chacun sait, il n'est de lieu plus impitoyable qu'un tapis rouge. Cela l'a fait réfléchir. Bien d'autres, avant et après lui, ont essuyé des remarques similaires, ont tâté du mur des rangs et des préséances. Dans son livre, il traite ce sujet grave de manière enlevée, avec érudition et drôlerie, souvent, s'appuyant sur les témoignages de ceux qui ont traversé ce plafond de verre et en ont fait une force. Le mépris, cette « carte de visite des imbéciles », selon la formule de Pierre Dac, en prend pour son grade.

Michel Onfray raconte le sentiment d'humiliation éprouvé par sa mère, alors femme de ménage, à qui l'un de ses employeurs offre, croyant faire preuve de générosité, les restes de son repas. Anne Hidalgo détaille la façon dont on a conseillé à ses parents de ne pas la laisser poursuivre trop longtemps ses études afin de ne pas provoquer de choc « niveau social ». Éric Dupond-Moretti se rappelle le jour où, jeune avocat débarquant à Paris, le tailleur chez lequel il avait acheté une veste en tweed pour faire impression avait appelé sa banque pour vérifier s'il était solvable, tant il n'avait pas l'air d'en avoir les moyens. Il ressemblait, peut-être, à ce qu'il était : au fils d'un ouvrier métallurgiste du Nord et d'une femme de ménage d'origine italienne.

« On m'a bien fait comprendre que j'étais un plouc… » François Pinault (propriétaire du Point), évoque, lui, son arrivée au collège Saint-Martin de Rennes, venant d'un village breton « où l'on parlait le gallo », raconte-t-il. C'est mon institutrice, Mme Cadiou, qui m'a appris le français. Mais je roulais les r, j'avais un accent. Lorsque je suis arrivé à Saint-Martin, on m'a bien fait comprendre que j'étais un plouc. » Des décennies plus tard, devenu entrepreneur à succès, il entre à l'Afep, l'association des grandes entreprises françaises. Sauf que personne ne lui adresse la parole…

Kamel Mennour, galeriste en vue, se souvient de ces moments où l'on disait à Paris qu'il était un « fils d'émir », tant il était difficile d'admettre que le fils d'une femme de ménage et d'un peintre en bâtiment ait pu se faire une place dans l'art…

« Reste à ta place… ! » : le vrai mal français - Le Point

Sébastien Le Fol: «Notre pays est stratifié par le mépris»

ENTRETIEN LE FIGARO - MARIE-LAETITIA BONAVITA

Le mépris français, il l’a lui-même ressenti. «Cet ouvrage n’est pas une enquête journalistique neutre. Je l’ai écrit avec mon cœur et mes tripes», confie Sébastien Le Fol, aujourd’hui directeur de la rédaction du Point, après avoir été directeur adjoint au Figaro. Mêlant témoignages et histoire de France, le journaliste dénonce l’origine du malaise de la société française. Se défendant de faire le jeu de la victimisation ambiante, il publie «Reste à ta place…!», chez Albin Michel.


LE FIGARO. - Le mépris que vous dénoncez dans votre livre est le fruit d’une expérience vécue?

Sébastien LE FOL. -
J’ai su assez tôt que je voulais devenir journaliste. L’apprenant, un cousin, qui était conducteur de travaux, a dit à mon père: «Ce métier n’est pas fait pour des gens comme nous, sors-lui cette idée de la tête.» Il avait intériorisé cette injonction : «Reste à ta place». Cette phrase me hante encore. Le modèle de réussite en France est si étroit, classique et dissuasif, que beaucoup de Français s’autocensurent et renoncent à leur ambition. Fils d’un représentant de commerce et d’une postière, j’ai découvert, en effet, qu’il n’y avait pas beaucoup de «gens comme nous» dans le monde des médias, à Paris. Je n’avais ni les codes ni les réseaux. Les références intellectuelles me manquaient. Bref, je n’avais pas le bon GPS pour évoluer dans ce milieu. Au lieu de me dissuader, le mépris m’a galvanisé. Comme beaucoup d’autres… J’en parle dans le livre.

Sébastien Le Fol: «Notre pays est stratifié par le mépris» (lefigaro.fr)

"Nous vivons encore dans une société de privilèges", affirme le journaliste Sébastien Le Fol

INVITÉ RTL - YVES CALVI

Sébastien Le Fol, directeur du journal Le Point, était l'invité de Yves Calvi ce mardi 31 août pour évoquer la sortie de son ouvrage Reste à ta place, qui relate notamment la hiérarchisation sociale encore présente en France, selon lui, en 2021 : "Nous sommes encore largement une société de cour, de statut, de privilèges, la Révolution Française n'est pas encore terminée" affirme-t-il, faisant référence à sa propre expérience.

Issu d'un milieu modeste, le journaliste n'était pas destiné à faire ce métier : "La France est la championne du monde de la reproduction sociale, du déterminisme. Moi, j'ai réussi à faire ce métier mais combien ont renoncé ?".

Son ouvrage met en lumière le parcours de plusieurs personnalités publiques à travers des entretiens. Des personnalités qui n'étaient pas non plus destinées à avoir ce parcours de vie : "J'ai été stupéfait de voir la rage en eux, je pense à Fabrice Luchini, à qui on avait dit 'mais toi, le fils de marchands de fruits et légumes'; à Éric Dupond-Moretti, qui après avoir acheté une veste dans un grand magasin parisien, a été contacté par son banquier pour lui dire de freiner... On en ri, mais ces gens sont encore blessés. Le paradoxe est que cela donne de la force pour avancer", poursuit-il.


Radioscopie du mépris français

LES ECHOS - MATHIEU LAINE

C'est l'essai de la rentrée. Son thème : le mépris, traité à la fois comme une sournoise passion française et comme ce fascinant moteur transformant, chez les médaillés d'or du judo social, la morgue des arrogants en énergie créatrice.

Cet ouvrage stimulant, dont la forme innovante le rend inclassable, mêle les propres confessions de l'auteur aux témoignages intimes d'un nombre impressionnant de personnalités françaises. Il offre un angle original, juste et éclairant sur un pan croissant des rancœurs contemporaines, sur ces colères nourries d'envies, sur ces fractures qui, à la fois, nous désunissent et abaissent autant qu'elles épaississent le plafond de verre surplombant toute une armée de talents s'estimant condamnés.

Chacun perçoit ce fossé séparant l'élite du reste du monde et l'urgence, avant qu'il ne soit trop tard, à briser les assignations à résidence, à ressusciter l'égalité des chances.

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#JeSoutiensNosForcesDeLOrdre par le Collectif Les Citoyens Avec La Police