Jérôme Sainte-Marie et Arnaud Benedetti: «Le sentiment du déclin est désormais partagé par la majorité des Français»

À l’occasion des Rencontres organisées à Saint-Raphaël le 8 et le 9 octobre par la Revue politique et parlementaire en partenariat avec PollingVox, leurs deux responsables dessinent le tableau des peurs des Français. L’enjeu de la présidentielle sera de donner une réponse politique à ces peurs, expliquent les auteurs.


La peur est un moteur de l’histoire. Elle coagule ou disloque les sociétés ; elle est tout autant au principe de leur organisation que de leur désorganisation. Cette récurrence est plus que jamais au cœur des comportements collectifs, tant les imaginaires d’anxiété paraissent dominer au moment où la question du progrès est investie d’attentes contradictoires, voire parfois de visions radicalement opposées. Les crises sont partout, s’accumulant, se superposant, se diversifiant, cohabitant et suscitant cette impression d’«une crise sans fin», pour reprendre la formule de Myriam Revault d’Allonnes.

L’agenda ainsi que le lexique politico-médiatique témoignent de cette persistance grandissante: sanitaire, migratoire, climatique, sociale, économique, les crises structurent ou ossifient les représentations de l’avenir. Ce rapport aux menaces constitue un facteur clé de compréhension des mouvements de l’opinion et des relations de celle-ci au politique.