«Militantisme transgenre: est-il raisonnable de déclarer factice la différence sexuelle?» - Par Adrien Louis


L'actrice transsexuelle thaïlandaise Nong Poy au Hong Kong Film Festival le 13 avril 2014. REUTERS/Tyrone Siu

Être attentif à la souffrance de personnes transgenres n’implique pas de réputer nulle et non avenue la différence sexuelle pour tous, argumente le philosophe.


Il faut être reconnaissant à Claude Habib d’avoir apporté, avec son livre, La question trans (Gallimard, coll. «Le Débat», septembre 2021), une analyse amplement informée autant que lucide, et courageuse autant que compréhensive sur un sujet délicat. Ces qualités ne lui épargneront pas les remontrances des activistes les plus véhéments. Mais au reste des citoyens, elles permettront de prendre la pleine mesure d’une question sociale qui devient politique.

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Chaque citoyen pourra comprendre, à la lecture de ce livre, que si des réformes législatives nous attendent à ce sujet, notre plus grand défi sera d’être attentifs aux revendications, sans se laisser commander par les intimidations. J’ajouterai qu’en mettant la question trans dans une perspective plus globale, le livre contient également des pages tout à fait captivantes sur des aspects de notre société auxquels, me semble-t-il, nous ne songeons plus guère. Je pense en particulier à celles que Claude Habib consacre aux effets de la mixité à l’école, et à la manière dont les filles et les garçons se sentent constamment mis en demeure, dans un tel contexte, de répondre à l’idée qu’ils peuvent se faire de leur sexe. Ces réflexions sont fort intéressantes en elles-mêmes, mais elles sont en outre salutaires. Car à l’heure où nous défendons la mixité comme un principe premier de notre république, il devient fort tentant de négliger toutes ses implications morales et psychologiques. Soyons donc reconnaissants envers ces auteurs qui nous rappellent que nous pouvons adhérer à un principe sans être aveugles à l’ambivalence de ses effets, et qu’il serait même judicieux d’être lucides à leur propos, si nous voulons vraiment être en mesure de le défendre.

Pour ce qui est de la question trans elle-même, l’un de ses aspects pourrait se formuler ainsi: comment ce qui apparaît au départ comme une souffrance individuelle finit par se confondre avec la défense de l’opinion selon laquelle notre identité sexuelle est une pure construction sociale, ou peut être librement déterminée? Comment passe-t-on du sentiment douloureux de ne pas être né dans le bon corps à l’injonction, faite à la société autant qu’à la science, de professer une telle doctrine?

La logique à l’œuvre semble être la suivante: ceux qui souffrent du sentiment d’être nés dans un mauvais corps peuvent trouver deux causes à leur souffrance: la nature elle-même, «coupable» d’une sorte d’erreur, ou la société qui d’une part peut méconnaître cette souffrance elle-même, et peut d’autre part refuser de considérer les personnes trans selon le sentiment qu’elles ont d’elles-mêmes. Selon ce raisonnement, la médecine peut dans une certaine mesure corriger la nature, et la société peut assurément être réformée. En particulier, la société peut reconnaître et même encourager le désir de transition (éventuellement chez les enfants), et elle peut accepter de considérer chaque individu selon l’idée qu’il se fait de son sexe. Et puisqu’elle le peut, c’est qu’elle le doit.

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