Souveraineté européenne, inconséquence française et défense de l’Occident - Par Jean-Sylvestre Mongrenier

Si la volonté des gouvernements européens de voir naître une défense européenne est proclamée urbi et orbi, les questions liées à cette dernière et à son autonomie stratégique ne font toujours pas l’unanimité au sein des membres de l’Union, en raison de contraintes politiques et structurelles, y compris pour Paris, porte-drapeau de la souveraineté européenne. Cet article, rédigé avant la crise des sous-marins australiens et publié dans la livraison d’automne du magazine Diplomatie (n°111, septembre-octobre 2021, cliquez sur l’image), analyse les impasses et les échecs d’une certaine inconséquence géopolitique française.


On sait l’importance qu’Emmanuel Macron accorde au thème de la « souveraineté » et de l’« autonomie stratégique », envisagées à l’échelle de l’Union européenne, avec pour projet une défense intégrée. Depuis son discours de la Sorbonne, prononcé le 26 septembre 2017, le président français est revenu à maintes reprises sur la question, se hasardant à parler d’une « armée européenne » (6 novembre 2018). Inaugurée le 9 mai dernier, la Conférence sur l’avenir de l’Europe est censée donner une nouvelle impulsion, la prochaine présidence française de l’Union européenne (1er semestre 2022) devant amplifier la dynamique. En vérité, l’idée directrice est de longue date déjà un leitmotiv de la France, le syntagme de « souveraineté européenne » remplaçant celui d’« Europe-puissance », martelé par Jacques Chirac au cours de ses deux mandats présidentiels (1995-2007).

Il s’agit du projet de « noyau dur », organisé autour de Paris et de Berlin, conçu dans le milieu des années 1990. La France, « puissance dotée », inélégante expression qui renvoie à son statut international (siège au Conseil de sécurité de l’ONU et force de frappe nucléaire), jouirait d’un avantage comparatif. En prenant appui sur l’Allemagne, elle pourrait donner un contenu à un vieux slogan sur l’Europe : « la France en plus grand ». Dans une telle perspective, les « docteurs Tant-Mieux » voient dans le Brexit une chance pour l’Europe de la défense. Inversement, le leadership de Joe Biden et la centralité de l’OTAN sont présentés comme une concurrence déloyale à l’égard de la France, « soldat du multilatéralisme ». Et pourtant. À se focaliser sur la souveraineté européenne, toute rhétorique, celle-ci ne compromettrait-elle pas son rôle de « brillant second », au cœur des alliances occidentales ?

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