Le Cabinet des antiques: Les origines de la démocratie contemporaine - De Michel De Jaeghere
Répudiant tout anachronisme simplificateur, mais refusant aussi de considérer le legs de l’Antiquité comme une beauté morte, inféconde, Michel De Jaeghere mobilise sa formation d’historien des idées, sa longue fréquentation des auteurs antiques, et sa familiarité avec la politique contemporaine pour affronter une redoutable question : les Anciens sont-ils, en politique, encore de bon conseil ?
« Telle est la sombre grandeur proposée désormais à l’historien contemporain : consacrer ses efforts à discréditer les auteurs anciens en montrant à quel point ils avaient été tributaires de leurs aveuglements ; souligner les lacunes, la myopie, l’extravagance de leurs jugements ; débusquer préjugés de classe et stéréotypes de genre ; dresser l’inventaire, la généalogie de leurs successives réinterprétations par chaque génération.Tenir en revanche leurs œuvres pour un réservoir d’exemples, de modèles, de situations utiles pour guider notre réflexion, comme le recommandait Plutarque, les considérer même comme des chefs d’œuvre d’une “inaltérable actualité”, parce qu’ils “savent dire ce que l’homme a d’humain” serait rester à la surface des choses, “dans l’éther de la culture classique”. Se flatter de poursuivre avec ces vieux morts un dialogue que nos différences et notre éloignement relèguent au rang de vain songe relèverait de la naïveté, de l’amateurisme et de l’outrecuidance.
J’ai écrit ce livre parce que je pense tout le contraire. »
Michel De Jaeghere: «La démocratie contemporaine est le vecteur d’un individualisme radical»
Par Alexandre Devecchio
Dans un essai puissant, Le Cabinet des antiques (Les Belles Lettres), le directeur du Figaro Histoire nous replonge aux origines de la démocratie pour mieux interroger l’évolution de celle-ci. Si la démocratie contemporaine est l’héritière lointaine du système mis au point il y a deux mille cinq cents ans par les Grecs, elle obéit désormais, selon Michel De Jaeghere, à des principes très différents de ceux de la démocratie antique.
MICHEL DE JAEGHERE. - Les Grecs sont souvent glorifiés pour avoir inventé la démocratie. Cela ne va pas sans malentendus, puisque la plupart de leurs intellectuels étaient réservés ou carrément hostiles (dans le cas de Platon) à ce régime, et que la démocratie contemporaine obéit à des principes qui sont, comme je m’efforce de le montrer dans ce livre, très différents de ceux de la démocratie antique. Ce qu’ont inventé les Grecs, c’est bien plutôt la politique. Ils en ont fait les premiers l’expérience en faisant de chacune de leurs cités le cadre d’une délibération sur le Bien et le Juste. Ils ont réfléchi et écrit sur cette pratique avec tout l’enthousiasme de la découverte, la fraîcheur de la première fois. Ils ont exploré les avantages et les inconvénients, les vertus et les vices des différents systèmes: la démocratie, l’oligarchie et la monarchie.
Michel De Jaeghere: «La démocratie contemporaine est le vecteur d’un individualisme radical» (lefigaro.fr)
Une Grèce secrète repose au cœur de tous les hommes d’Occident», disait Malraux. Devant la blancheur des ruines du Parthénon, où se pressent les touristes posant pour des selfies, on se demande ce qu’il reste encore d’Athènes dans nos cœurs. Si la pratique de l’ostracisme se retrouve sur l’agora des réseaux sociaux, que nous désignons effectivement nos dirigeants par le vote, on cherche en vain des Périclès et des hoplites dans nos parlements et nos ministères.
«Athènes et Rome, héritages oubliés»
Par Eugénie Bastié
Qu’a de commun notre démocratie avec celle des Grecs? Notre citoyenneté avec celle des Romains? Dans son nouvel ouvrage, érudit et profond, Michel De Jaeghere, nous emmène aux sources de notre civilisation.