Pédagogisme : comment l'école est devenue une fabrique à crétins - Par Jean-Paul Brighelli
La lente descente aux enfers de l’école ou comment la conjuration des imbéciles instaura la prédominance du crétin. Démonstration.
L’enfer pédagogique est lui aussi pavé de bonnes intentions. Les duettistes Passeron et Bourdieu avaient expliqué dans les années 1960 que le système scolaire reproduisait souvent les différences sociales de départ ; quelques gauchistes militants de la Jeunesse ouvrière chrétienne se cooptèrent en fonction de leur incapacité, faute de compétences, à passer des concours exigeants et à occuper dans le supérieur les postes qu’ils convoitaient : la conjuration des imbéciles instaura la prédominance du crétin. Ils firent dès lors de leur mieux pour déranger cette reproduction bourgeoise – pourvu qu’eux-mêmes occupassent les plus hauts échelons de la hiérarchie.
On instaura ainsi les « mathématiques modernes » pour décourager les parents qui aidaient leurs rejetons à faire leurs devoirs : désormais, ils n’y comprendraient que pouic. Pas plus en tout cas que les maîtres. De même avec la langue. Le chercheur américain Noam Chomsky proposait une linguistique « générative » ou « transformationnelle » ? Les pédagogues décidèrent d’oublier la grammaire traditionnelle afin d’initier les enfants du primaire aux joies des recherches universitaires. Et on enseigna aux élèves éberlués des arborescences illisibles, des arbres généalogiques où le verbe principal se perdait dans un foisonnement infini.