Adieu la liberté - De Mathieu Slama

Confinements, couvre-feux, passes : la gestion de la crise sanitaire a entraîné nombre de reculs des libertés encore inimaginables il y a peu. Un état de fait qui semble néanmoins prolonger une situation lancée dès le milieu des années 2010 par l'état d'urgence provoqué par le djihadisme et qui a duré deux ans, affaiblissant au passage les contre-pouvoirs, estime l'essayiste Mathieu Slama.

La crise du Covid-19 a révélé un nouveau totalitarisme " soft " fondé sur une idéologie du " safe ". Dans cet essai incisif, Mathieu Slama analyse les faits et les mots qui ont fait croître l'acceptation de la servitude chez un peuple pourtant réputé rebelle depuis la Révolution.

Avec l'assentiment d'une majorité de Français, une société de l'ordre et de la surveillance s'est installée ; la démocratie est devenue management, le politique s'est effacé devant la sicence et les citoyens libres se sont transformés en population docile à discipliner.
Une éclipse de la liberté préparée de longue date par des renoncements successifs, rendant inéluctable l'avènement, comme l'écrivait en 1977 Gilles Deleuze, de "ce néofascisme, qui est une entente mondiale pour la sécurité, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d'étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma".


Mathieu Slama : "Les responsables du désastre de la gestion de la crise sanitaire, c'est nous"

Propos recueillis par Kévin Boucaud-Victoire

Nos sociétés libérales ont-elles divorcé avec la liberté par obsession sécuritaire ? Mathieu Slama, essayiste et enseignant en communication politique au Celsa, publie Adieu la liberté. Essai sur la société disciplinaire (Presses de la Cité), dans lequel il analyse, à partir des œuvres de Michel Foucault, Gilles Deleuze et surtout Giorgio Agamben, ce tournant.

Marianne : Le passe sanitaire laisse la place au passe vaccinal. Est-ce réellement un événement ?

Mathieu Slama :
Pas vraiment. Ce n’est au fond que l’aboutissement logique du principe du passe, qui est avant tout un outil disciplinaire destiné à rendre la vie impossible aux non-vaccinés pour les amener, les contraindre à la vaccination. Le vrai événement est cette normalisation d’un outil aberrant, cette idée qu’il n’est plus une mesure exceptionnelle et circonscrite dans le temps, mais un outil de quasi droit commun.

Nous avons perdu tout goût de la liberté, et cela ne date pas de la crise sanitaire!

Par Isabelle Marchandier

Entretien avec l’essayiste Mathieu Slama, auteur de Adieu la liberté, essai sur la société disciplinaire (Presses de la Cité).

Gelés par la grande peur virale, nos esprits se figent. Prisonniers de la répétition automatique des gestes barrières, nos corps se robotisent. Masqués, les visages, autrefois sanctuaires inviolables de la personnalité, sont anonymisés, réduits à des yeux inquiets qui scrutent – certains appelant l’échange d’un regard, d’autres cachant l’âme d’un délateur.

Telle est la société “covidée” que décrit et rejette Mathieu Slama. Dans son dernier livre, Adieu Liberté, l’essayiste dresse non seulement un violent réquisitoire contre la politique sanitaire du gouvernement qu’il qualifie de disciplinaire, mais il dénonce aussi et surtout le consentement d’une large majorité de citoyens, qui a accepté ou plébiscité avec une docilité déconcertante des mesures de contrôle et de surveillance qui sont passées d’exceptionnelles à normatives. Hier, le peuple français était à l’avant garde de la liberté. Aujourd’hui, il est celui de la soumission volontaire à “l’idéologie du safe” et à un biopouvoir… Entretien.

La crise sanitaire a attisé la haine de la liberté

Par Frédéric Mas

Pour Mathieu Slama, « les populations du monde entier ont été les complices de leur enfermement ».

Dans son dernier essai intitulé Adieu la liberté, l’essayiste Mathieu Slama observe que si l’État n’avait pas contraint les citoyens aux mesures sanitaires les plus liberticides, ce sont les citoyens eux-mêmes qui s’en seraient chargés, tant la panique qui s’est emparée des esprits était générale. Les confinements, couvre-feux, attestations dérogatoires, masques obligatoires et autres restrictions n’ont fait l’objet d’aucune vraie protestation en France. Nos voisins ne firent guère mieux. Une étude portant sur une dizaine de pays citée par l’auteur estime à 73 % la part de population qui considérait les restrictions aux libertés comme « totalement raisonnables et appropriées ».

Pour Mathieu Slama, « les populations du monde entier ont été les complices de leur enfermement ».

Seulement, en France, une partie de la population a mis un zèle particulier à encourager la répression sanitaire, que ce soit par la dénonciation, l’appel à davantage de contrôles policiers ou d’intervention étatique, au point que l’auteur se demande si la crise n’avait pas réveillé chez les Français « une passion pour l’enfermement en même temps qu’une haine profonde pour la liberté ».

Plutôt que de résister aux mesures iniques et disproportionnées, le peuple dans sa majorité a préféré concentrer sa colère sur ceux qui ne respectaient pas les règles, oubliant la liberté elle-même au passage. Au pire de la crise, lors du premier confinement, un syndicat de police estimait que 70 % des appels reçus visaient à dénoncer les personnes qui ne respectaient pas l’enfermement…

La crise sanitaire a attisé la haine de la liberté - Contrepoints

La liberté sacrifiée sur l’autel de la crise sanitaire?

Par Aziliz Le Corre

Dans son essai, Mathieu Slama analyse le mécanisme qui a mené le pays des droits de l’homme et une majorité d’États démocratiques à renoncer à certaines libertés fondamentales, comme le droit de circuler.

La levée progressive des mesures sanitaires a franchi une nouvelle étape le 15 février. Bientôt les détenteurs du passe vaccinal pourront découvrir les visages d’inconnus, même dans les lieux clos où la promiscuité ne permet pas la distanciation sociale. En revanche, ceux qui ne détiennent pas le saint des saints devront encore attendre quelques semaines pour accéder aux lieux de loisirs et aux transports longue distance.

La liberté sacrifiée sur l’autel de la crise sanitaire? (lefigaro.fr)

Essai sur la société disciplinaire de Mathieu Slama

Présentation de M. Gérard Bayon

J’ai éprouvé beaucoup de plaisir à lire cet essai mordant qui analyse comment la crise sanitaire liée au covid a fait voler en éclat les principes réputés inviolables, inaliénables et inconditionnels de la Déclaration des droits de l’homme et des citoyens, qui a révélé un nouveau totalitarisme « soft » et soucieux du « safe » permettant aux journalistes allemands de qualifier opportunément notre pays « d’Absurdistan autoritaire »

M. Slama explique comment un régime ultra-présidentiel a réduit le Parlement à une chambre d’enregistrement et comment les cours constitutionnelles (Conseil d’État et Conseil constitutionnel) en sont arrivées à valider le système devenu répressif qui ne protège même plus les Français de l’arbitraire.

La démocratie n’est plus considérée comme inestimable mais est devenue un obstacle dans la gestion de toute crise, qu’elle soit sanitaire, terroriste, sécuritaire ou climatique.

Comment les Français, réputés rebelles, ont-ils pu se laisser déposséder petit à petit de nombreuses libertés essentielles ?

Les restrictions deviennent aujourd’hui « la condition de la liberté ».

Pour l’auteur, l’éclipse de démocratie vécue lors de cette crise n’est que la confirmation d’un mouvement déjà ancien qui a préparé les Français à l’abdication volontaire en chaque citoyen de la première des libertés : celle de penser et de dire ce qu’il pense, La conception limitatrice de la liberté n’est pas née de la crise sanitaire, mais elle a été préparée par des lâchetés et des renoncements...
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