L'armée russe : la gardienne de la « forteresse Russie » - Par Igor Delanoë

L’armée russe est l’objet d’un programme de modernisation débuté il y a une décennie qui l’a modifié en profondeur. D’une armée de conscrits pléthorique, « soviétisante » et sous-équipée, elle est devenue une formation largement professionnalisée, agile et modernisée. Les grandes divisions ex-soviétiques préparées à affronter une guerre continentale ont laissé place à des unités plus compactes, plus mobiles, et mieux équipées, capables de faire face à des conflits locaux et régionaux aux abords immédiats des frontières de la Fédération.


Si les capacités de l’armée russe ont été considérablement renouvelées depuis la fin des années 2000, la lecture de la menace ainsi que le cadre mental qui sert à évaluer la nature de cette menace et la temporalité dans laquelle elle pourrait s’exprimer restent quant à eux ancrés dans le temps long historique.

Une armée pour quoi faire ? La « défense active » comme réponse à des menaces multidirectionnelles

L’élite politico-militaire en Russie perçoit le pays comme cerné par une série de menaces protéiformes : élargissement de l’OTAN vers les frontières russes, instabilité chronique dans le « grand Sud » (du Caucase à l’Asie centrale), compétition acharnée pour l’accès aux ressources naturelles dont le territoire russe regorge[1]. Cette lecture multidirectionnelle de la menace n’est pas propre à la Russie du début du xxie siècle : les tsars puis les Soviétiques considéraient leur territoire comme enclavé et vulnérable, ce qui les conduisait à entretenir aussi une forme de complexe obsidional. Aujourd’hui, si la Russie ne croit pas en l’imminence d’une conflagration entre grandes puissances, elle estime en revanche comme plausible et probable l’éclatement de conflits locaux ou régionaux – un conflit local pouvant dégénérer vers un affrontement régional – sur ses marches. À cet égard, la guerre dans le Haut-Karabagh à l’automne 2020 est venue conforter cette représentation, tout comme l’instabilité en Biélorussie peu avant elle, dans un tout autre registre. Ces deux récentes crises intervenues dans son voisinage ont en effet été interprétées à Moscou comme une illustration de la « prédation géopolitique » dont certains voisins peuvent faire preuve afin de malmener les intérêts russes[2]. Les publications d’experts militaires[3] laissent en outre entrevoir la centralité de l’histoire et de la géographie dans la prise en compte des menaces et dans l’orientation de la préparation des forces. La « Deuxième grande guerre patriotique » – c’est ainsi que l’on nomme la Seconde Guerre mondiale en Russie – reste ainsi jusqu’à aujourd’hui une source inépuisable de réflexion pour les stratèges, notamment pour ce qu’elle dit de la vulnérabilité supposée qui serait celle aujourd’hui de la Russie sur son flanc occidental.

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