OPEX : vers la fin d’un cycle ouvert en 1991 ? - Par Alexis Feertchak
La fin de la guerre froide a fait croire à certains que c’est la guerre elle-même qui allait s’arrêter. Or depuis 1991, la France a fait plus d’opérations extérieures qu’entre 1945 et 1991. Mais le cycle ouvert est en train de se refermer pour aller vers d’autres types d’interventions.
Les guys sont rentrés à la maison. Avec une continuité de fond à défaut de style, Barack Obama, Donald Trump et désormais Joe Biden ont œuvré pour le retrait des troupes américaines du « grand Moyen-Orient » cher à George W. Bush. Las des guerres sans fin, les États-Unis veulent se recentrer sur leurs intérêts nationaux et ne plus jouer les gendarmes dans toutes les marches du monde. C’est « une tragédie », mais pas « notre tragédie », a résumé avec franchise le président américain le 16 août, un jour après la prise de Kaboul par les talibans. Ce changement de déterminant, Emmanuel Macron ne l’a pas assumé aussi brutalement à l’endroit du Sahel, mais quelque chose de similaire transparaît. Annoncée le 10 juin 2021 par le président français, quelques jours après le coup d’État militaire au Mali, la fin de Barkhane « comme opération extérieure », désormais prolongée comme simple « opération d’appui, de soutien et de coopération aux armées des pays de la région qui le souhaitent », s’inscrit dans la reconnaissance progressive que les puissances occidentales ne sauraient se substituer aux autres États pour écrire l’histoire à leur place. Nos opinions publiques le veulent d’autant moins qu’il apparaît désormais manifeste que cette projection occidentale tous azimuts s’est traduite depuis 1991 par de retentissants échecs.