Covid-19 : pourquoi avoir choisi le confinement ? - Par Luigi Curini
Selon un article scientifique qui vient d’être publié, les confinements en Europe et aux États-Unis n’ont réduit la mortalité liée au COVID-19 que d’à peine 0,2 % en moyenne, alors que les coûts économiques ont été énormes. Ce constat ne surprend plus. Les données les plus récentes nous racontent la même histoire : les confinements ont été un échec. Bien sûr, il est plus facile de faire des prévisions étayées par des données que de supputer l’évolution d’une situation inédite, ou presque. Mais alors, pourquoi tant de pays ont-ils choisi l’option du confinement avec autant de conviction, en l’absence de données adéquates ?
Une réponse possible renvoie à deux processus différents mais interconnectés. Le premier relève d’une dynamique de conformisme social (ou de « l’informations en cascade ») comme dans la célèbre expérience de Solomon Asch : des individus confrontés à l’opinion majoritaire d’autres individus dans un groupe peuvent adopter des positions contraires à leur propre jugement mais conformes à celles du groupe. Une sorte de « conformisme rationnel ». Supposons qu’un Premier ministre veuille déterminer si une politique (dans notre cas, le confinement) est bonne ou mauvaise. Il réunit un ensemble d’experts (disons des virologues) et leur demande, un par un, ce qu’ils pensent. Aucun n’a une connaissance parfaite de la situation, mais chacun a à cœur de donner une réponse correcte (il n’y a aucun ressort idéologique), pense qu’il a probablement raison, mais sans en être tout à fait certain. C’est vrai pour tous ces experts et tous le savent. Le premier qui répond à la question du Premier ministre ne peut compter que sur ses propres connaissances. Il émet un avis, il peut avoir raison ou tort, mais il donne sa meilleure estimation. Le second expert répondra en fonction de ses connaissances mais aussi de la réponse du premier expert. Si le premier expert se trompe et que le deuxième expert est d’accord avec le premier, alors ils influenceront le troisième expert, qui s’alignera (de manière tout à fait rationnelle de son point de vue) sur ses collègues, peu importe ce que sa propre opinion lui aurait suggéré de dire au Premier ministre. Et ainsi de suite. Les déclarations des derniers experts à s’exprimer n’apporteront guère d’informations nouvelles. La réponse des experts sera donc unanime… et peut-être totalement fausse.