Les Infiltrés - Comment les cabinets de conseil ont pris le contrôle de l'État. De Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre


Suite à la publication en fin d’année dernière du rapport sénatorial révélant « l’influence croissante » des cabinets de conseil privés comme le géant américain McKinsey sur les politiques publiques, la polémique ne cesse d’enfler jusqu’à s’immiscer, ces derniers jours, dans la campagne présidentielle. Pourquoi l’État a-t-il dépensé près d’un milliard d’euros en 2021 pour leurs prestations, un chiffre qui a doublé en cinq ans ?

Depuis vingt ans, les consultants se sont installés au cœur de l'État. Gestion de la pandémie, stratégie militaire, numérisation de nos services publics...: les cabinets de conseil, pour la plupart anglo-saxons, sont à la manœuvre dans tous les ministères. L'État a payé pour se dissoudre. Ce livre relate ce suicide assisté.

C'est l'histoire d'un putsch progressif, presque rampant, sans effusion de sang mais qui, de l'intérieur, a changé la France. Depuis vingt ans, les consultants se sont installés au cœur de l'État. Gestion de la pandémie et de l'hôpital, stratégie militaire, numérisation de nos services publics... : les cabinets de conseil, pour la plupart anglo-saxons, sont à la manœuvre dans tous les ministères. On les retrouve même au cœur de nos services de renseignement.

L'histoire de cette infiltration n'a jamais été racontée. Et cette prise de pouvoir encore moins démocratiquement approuvée. Les choses se sont faites par acceptations ou résignations successives. Il ne s'agit en rien d'une conspiration. L'État a été parfaitement consentant. Il a payé pour se dissoudre. Et dépense chaque année toujours plus pour s'effacer. Ce livre relate ce suicide assisté.

Avec Contrepoints, il y a plus d'un an, nous posions déjà la question: Que font les cabinets de conseil au chevet de l'État bureaucratique ? - Contrepoints

McKinsey : la cartellisation de la politique française par les experts

Encore une fois, le privé fonctionne comme une rustine pour réformer un État devenu incapable de le faire par lui-même.

Par Frédéric Mas

Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre en sont restés abasourdis : au sommet de l’État, la crise sanitaire comme la politique vaccinale ont été pratiquement co-gérées par des cabinets de conseil privés, notamment McKinsey. Dans leur essai Les infiltrés, les deux journalistes rendent compte de pratiques généralisées, opaques et acceptées à tous les niveaux depuis au moins Nicolas Sarkozy et cela dans toutes les activités de l’État.

McKinsey : la cartellisation de la politique française par les experts - Contrepoints

Pourquoi les États (et les entreprises) dépensent-ils autant pour des prestations de conseil ?

Les travaux de recherche de Jérôme Barthélemy (ESSEC) identifient notamment une explication : face aux craintes de commettre une erreur, les décideurs vont chercher à se rassurer – pour ne pas dire se dédouaner – en faisant appel à des consultants… qui ne connaissent pourtant pas forcément mieux les sujets qu’eux.

Par Jérôme Barthélemy

En 2021, l’État français a dépensé plus d’un milliard d’euros pour financer des prestations de conseil. Ce chiffre a plus que doublé en cinq ans… Depuis les révélations du livre Les Infiltrés de Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre (Éditions Allary, 2022) et la récente publication du rapport du Sénat intitulé « Un phénomène tentaculaire : l’influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques », les consultants sont sous le feu des projecteurs, d’autant plus que les sénateurs reprochent au cabinet McKinsey de ne pas avoir payé d’impôt sur les sociétés en France depuis plusieurs années.

Le sujet du « McKinsey Gate » s’est même immiscé dans la campagne présidentielle. À deux semaines du premier tour, le président-candidat Emmanuel Macron a ainsi mis au défi les accusateurs : « s’il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal », a-t-il ainsi lancé lors d’une émission sur France 3.

Au-delà de cette polémique, ces révélations interrogent : pourquoi les pouvoirs publics, comme les entreprises, dépensent-ils autant pour des prestations de conseil ? Pour répondre à cette question, nous avons étudié le marché du conseil en management dans 21 pays européens et nord-américains sur les 20 dernières années.

Notre première constatation est que la France n’est pas le pays qui fait le plus appel aux consultants. D’après les données les plus récentes de la FEACO (Fédération européenne des associations de conseil en organisation), elle se situe dans la moyenne européenne, avec des dépenses de conseil qui s’élèvent à 0,31 % du PIB.
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