Libéralisme année zéro - Par Olivier Barrat
La France ne souffre pas du libéralisme, mais d’un anti-libéralisme politique et économique. Seule la mise en œuvre d’un programme réellement libéral peut redresser la situation de notre pays. Pour cela, il est important que la pensée libérale se modernise et cesse de refuser la confrontation idéologique avec les étatistes de droite et les étatistes de gauche. Les libéraux, aujourd’hui divisés entre différents partis, doivent se réunir dans une coalition d’action transpartisane, pour la durée de la mandature « 2022-2027 », afin d’appliquer un programme d’union limité au seul domaine économique.
Depuis plus de quarante ans, la France subit une politique social-démocrate marquée par un étatisme extrême.
Le mouvement libéral se trouve marginalisé dans notre pays. Il n’est dominant dans aucun des grands partis en place. Les libéraux sont dispersés et cantonnés partout aux rôles de supplétifs. Il existe des libéraux au sein de « Reconquête », mais « Reconquête » est avant tout une formation jacobine et étatiste. Il existe des libéraux au sein de LR et de son allié l’UDI, mais ils sont pris en étau entre les tendances conservatrices et les tendances démocrates sociales ou centristes. Il existe des libéraux au sein de LREM, mais ils sont sous la domination de la pensée « progressiste », qui confond hédonisme, laxisme et libéralisme. Il existe aussi des libéraux minoritaires au sein du RN, pris dans la logique populiste d’un programme socialisant, et des libéraux au sein du PRG, parti ancré par ailleurs à gauche dans un républicanisme héritier du radical-socialiste. D’autres se situent dans la mouvance écologiste, ou plus exactement environnementaliste. Enfin, une partie importante des libéraux se trouve « hors les murs ». Ils n’appartiennent à aucun parti politique, mais plutôt à des instituts ou des clubs de réflexion.
Le libéralisme n’a aucune chance de s’imposer politiquement en restant éclaté de la sorte. Pourtant seule la mise en œuvre d’un programme libéral pourrait accomplir le redressement de notre pays. En effet, le libéralisme produit à la fois la liberté politique, la prospérité économique et le progrès social. De plus, sur le plan régalien, il apporte l’ordre et la justice dans le respect des droits fondamentaux.
Face à l’ampleur des difficultés françaises, il est indispensable de constituer un axe politique fort rassemblant l’ensemble du pôle libéral. Or la structuration politique d’une force libérale suppose, pour parvenir à réussir, de s’organiser autour de trois directions complémentaires, un axe idéologique, un axe programmatique et un axe politique.
Sur le plan idéologique, la droite, espace traditionnel du libéralisme, subit depuis des années l’influence lourde d’Eric Zemmour, qui a imposé la domination de thèmes identitaires et civilisationnels au détriment des idées fondamentales du libéralisme. Ainsi, par exemple, l’explosion de l’insécurité est communément présentée, à droite, comme la conséquence d’une crise de civilisation, telle que théorisée par Eric Zemmour. Pourtant la paralysie judiciaire, l’inefficacité des actions publiques, le développement du clientélisme social, ou encore le manque de places de prisons et de moyens de police trouvent avant tout leurs causes dans une mauvaise gestion de l’Etat qui pourrait être résolue, non pas par une contre-révolution identitaire, mais par une réforme drastique de l’administration.
Plus globalement, le libéralisme souffre d’une image dégradée dans les médias, ainsi que dans une grande partie de l’opinion publique. Il se voit en effet très souvent caricaturé, réduit à l’idée d’un capitalisme sauvage « anti-social ». Il est systématiquement dénoncé, y compris par certains des conservateurs, comme étant « ultra » ou « néo », comme constituant une sorte d’hyper individualisme débridé à tendance libertaire, marchandisant tout et déconstruisant notre société. Pourtant le libéralisme n’est rien de cela.
Sur le plan politique, aucun parti en place, à lui seul, n’absorbera l’ensemble des courants de la galaxie libérale
Confronté à cette situation, le libéralisme doit accepter de contester, particulièrement à droite, l’hégémonie intellectuelle et médiatique du discours anti-libéral, étatiste et purement décliniste, sans pour autant se rallier au progressisme. Le combat idéologique s’avère en effet fondamental, car il dicte la compréhension de la société. Or le libéralisme vit depuis des décennies sur des acquis doctrinaux anciens, dont le corpus a vieilli. Le libéralisme doit par conséquent se rénover, en reformulant en un tout cohérant ses concepts centraux, politiques et économiques, pour répondre aux nouveaux enjeux du monde, aux mutations géopolitiques, technologiques, sociétales, économiques ou encore financières. En ce sens, il pourrait être organisé un colloque « Lippmann II », de la même manière que le libéralisme avait su se reconstruire avec le colloque Lippmann après la crise de 1929.
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