Le problème, c’est le capitalisme de connivence, pas le « néolibéralisme » - Par Samuele Murtinu

Le « néolibéralisme », c’est-à-dire la version du capitalisme démocratique moderne qui met en scène des marchés et des échanges guidés par de puissantes institutions publiques mondiales, ne doit pas être confondu avec la vision libérale « classique » de la société libre formulée par Adam Smith, John Stuart Mill, Lord Acton ou F. A. Hayek. De nombreux problèmes associés au néolibéralisme sont en fait le résultat d’une intervention trop lourde de l’État, de la recherche de rentes et d’autres formes de corruption qui sont « néo » mais pas « libérales ».


Dans les milieux universitaires comme dans les milieux politiques, il existe une croyance commune selon laquelle les marchés, bien que possédant certains avantages, ne peuvent fonctionner que s’ils sont établis et maintenus par un État central puissant (ou des coalitions d’États). Il s’agit d’un thème marxien classique, formulé par l’historien Karl Polanyi. Et pourtant, il est aussi faux aujourd’hui qu’à l’époque des deux Karl. Marx et Polanyi ont associé le système de capitalisme de connivence (où règne le copinage) dans lequel ils vivaient au libéralisme classique, sans se rendre compte que les pratiques et les politiques qu’ils condamnaient, comme les privilèges accordés par l’État à des entreprises favorisées au détriment d’autres, étaient des violations des principes libéraux classiques. Les penseurs libéraux classiques préconisaient en fait un rôle très limité de l’État (ce que Robert Nozick appellera le fameux « gardien de nuit »), axé sur la protection de l’État de droit, l’exécution des contrats, la fourniture de services de défense limités, etc. (Les penseurs libertariens tels que Murray Rothbard et David Friedman privatiseraient même ces fonctions). Le modèle du vingtième siècle, qui consiste en des secteurs publics massivement hypertrophiés pratiquement partout, combinés à l’incapacité de fournir des biens publics de base à des niveaux adéquats, ainsi qu’à un copinage rampant, serait odieux pour tous les penseurs libéraux classiques.

De façon encore plus confuse, le « néolibéralisme » est opposé au « nouveau libéralisme » proposé par des économistes plus anciens comme Keynes et Beveridge. Ce nouveau libéralisme (keynésianisme) prônerait, dans cette optique, une économie de marché démocratique avec une certaine implication du gouvernement (politique de réglementation, politique monétaire et fiscale active, et une dose de nationalisation des entreprises pour améliorer le bien-être social). Alors que le néolibéralisme, lui, cherche (prétendument) à combiner déréglementation massive, ouverture du commerce, privatisations et contraintes sur les déficits budgétaires et la dette cumulée, avec une limitation de facto de la participation démocratique et une invasion des principes du marché dans des domaines où ils n’ont pas été traditionnellement appliqués (nouvelle gestion publique, gestion des universités, etc.). C’est pourquoi, dans certains milieux, le terme « néolibéralisme » est utilisé de manière péjorative, voire pour évoquer la manière dont Augusto Pinochet a géré l’économie chilienne.

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