Nicolas Baverez – Le système de santé en urgence absolue

Amplifiée par le Covid-19, la crise de l’hôpital et de la médecine en général appelle une remise à plat du parcours de soins et plus d’attractivité.


Sur les 620 services hospitaliers d'urgence publics et privés que compte notre pays, plus de 120 sont désormais contraints de suspendre ou de limiter leur activité en raison de la pénurie de personnel et du manque de lits d'aval. Aujourd'hui, ce ne sont plus seulement des lits mais des services entiers, dont certains de pointe, qui ferment, faisant peser la menace d'une rupture des soins. Et ce au pire moment, car si l'épidémie recule, ses séquelles sont importantes, qu'il s'agisse des cas de Covid longs, des troubles psychologiques qui affectent un million de personnes supplémentaires ou des files d'attente créées par le report des soins durant deux ans.

L'épidémie de Covid-19 a agi comme un révélateur et un accélérateur de la crise de l'hôpital et de la santé publique. La surcharge d'activité a épuisé les équipes soignantes, mettant en pleine lumière la dégradation et les dysfonctionnements du système de santé. Conformément au principe de Tocqueville, le risque de son effondrement devient maximal au moment où sa situation financière s'améliore avec un effort porté à 12,4 % du PIB en 2020 puis avec les mesures du Ségur de la santé qui a prévu d'investir 13 milliards dans les rémunérations des soignants, 6 milliards dans l'investissement et 13 milliards dans le désendettement des établissements.