Et maintenant ? Sur la possibilité d’une guerre totale - Par Jean-Sylvestre Mongrenier
La guerre en Ukraine bat son plein. L’ordre de « mobilisation partielle » des réservistes de l’armée russe et d’une partie de la population masculine, pour aller se battre en Ukraine, et l’organisation concomitante de pseudo-référendums dans les territoires occupés suscitent en Occident un mélange d’indignation et de dénigrement : les scrutins seraient nuls et sans effets ; la « mobilisation partielle » buterait déjà sur ses limites. En d’autres termes, la décision de Vladimir Poutine, prétendument isolé sur le plan international, serait une « fuite en avant ». Il faut plutôt y voir une escalade, cette guerre, que d’aucuns voudraient lointaine et périphérique, pouvant gagner en intensité.
Si la « mobilisation partielle » décrétée par Vladimir Poutine semble être une demi-mesure, les quotas à remplir indiqués aux gouverneurs et pouvoirs locaux, à l’origine de rafles indiscriminées d’hommes en âge de combattre, donnent déjà corps à cet oukaze (le chiffre total serait au-delà des 300 000 hommes). Il y a et il y aura des ratés et des contrecoups, beaucoup de questions aussi sur la formation et l’équipement de ces hommes, leur degré de motivation et leur niveau de compétence face à une armée ukrainienne dont les sept mois de guerre ont montré la vaillance et la valeur1. De même, le complexe militaro-industriel a exposé ses tares dans la production d’armements, d’autant plus que les sanctions occidentales décidées dès 2014 ont entravé la modernisation de l’armée russe. Tout cela est vrai et pèse sur la traduction en termes militaires et industriels des décisions prises par le maître du Kremlin. Néanmoins, le pire doit être envisagé.