Matthieu Valet: «La multiplication des refus d'obtempérer, signe d'un ensauvagement systémique de la société»

Le 4 septembre, un homme a percuté des piétons à Toulouse, après avoir refusé de s'arrêter pour un contrôle. La police fait face à un refus d'obtempérer toutes les 19 minutes en France, s'inquiète le porte-parole du syndicat indépendant des commissaires de police.


Matthieu Valet est porte-parole du syndicat indépendant des commissaires de police.

FIGAROVOX. - Cet été a été marqué par de nombreux refus d'obtempérer, aux issues parfois dramatiques. Ce dimanche 4 septembre encore, un homme a percuté des piétons après avoir refusé de s'arrêter à Toulouse. Il n'était pas connu des services de police. Comment expliquer la multiplication de ce phénomène ?

Matthieu VALET. -
Aujourd'hui policiers comme gendarmes font face, en France, à un refus d'obtempérer toutes les 19 minutes. L'année dernière c'était toutes les 30 minutes. En 2022, on fait un refus d'obtempérer pour un défaut d'assurance, un défaut de permis de conduire, une détention de cannabis mais aussi une voiture volée ou des individus recherchés. Du primo-délinquant ou voyou chevronné, le conducteur, auteur de ce type de délit, est «Monsieur tout le monde».

Le policier peut désormais être confronté à n'importe qui là où, il y a quelques années, ce sport national qu'est le refus d'obtempérer était l'apanage des voyous aguerris. En revanche, si on retrouve des auteurs de tous les horizons, dans une majorité des cas, les refus d'obtempérer restent la signature de malfrats beaucoup trop connus des forces d'ordre. Surtout quand on se rappelle que 5% des délinquants multirécidivistes commettent 50% des faits de délinquance. Le délitement de l'autorité des policiers sur le terrain couplé au sentiment d'impunité dont jouissent les voyous font que ces criminels de la route sont aujourd'hui prêts à tout.