Refus d’obtempérer: une révolution intellectuelle est nécessaire - Par Philippe Bilger
La force légitime de la police nationale est contestée par principe! La multiplication des refus d’obtempérer, et des drames qui peuvent en être la conséquence, nécessite un changement d’esprit de la société française.
Les refus d’obtempérer se multiplient et malheureusement parfois ils contraignent la police, pour se protéger, à faire usage de la force légitime dont l’exercice conduit à la mort des transgresseurs et à celle, plus rare, de ceux qui les accompagnent. À Nice, un jeune fonctionnaire a dû avoir ce comportement qui a abouti à une issue tragique. En 24 heures, un autre refus d’obtempérer à Rennes a eu pour conséquence la même dramatique conclusion. À chaque fois le même processus se reproduit : une enquête administrative concernant le policier en cause, son placement en garde à vue et l’ouverture d’une information judiciaire pour déterminer les modalités exactes du refus d’obtempérer et des effets qu’il a engendrés.
Ne parlons plus de violence policière
Pour parler net, et sans doute vais-je choquer, je suis scandalisé, en déplorant naturellement ces morts, par le fait que par principe la police est suspectée et l’usage de sa force légitime questionné. Il n’existe pas d’institution qui soit autant contrôlée, passée au crible et considérée avec méfiance. La loi n’est plus une garantie mais en l’occurrence une validité à vérifier. Sur ce sujet je ne peux que reprendre, en me proposant de le compléter, mon article du 13 juin 2022. D’abord je rappelle que la mission de la police n’est pas, comme on le dit trop souvent, de mettre en œuvre une violence, aussi légitime qu’elle puisse apparaître, mais une force absolument légitime. Cette distinction est capitale.
D’une part il est sain que des fonctionnaires de police puissent être poursuivis pour les violences illégitimes qu’ils auraient pu commettre sans le moindre lien avec les difficultés du maintien de l’ordre et des interpellations qu’ils ont à effectuer surtout quand il y a, on le devinera, résistance.