Le Déclin d'un monde : géopolitique des affrontements et des rivalités en 2023 - De Jean-Baptiste Noé
Spécialiste des questions de géopolitique, Jean-Baptiste Noé nous livre son analyse du monde actuel et de la situation française. Issu des recherches et des colloques de la Revue Conflits, cet ouvrage collectif présente les affrontements et les guerres d’aujourd'hui, dans la diversité de leur nature et de leurs déroulements.
A l’heure de la guerre en Ukraine, la plupart des ouvrages se focalisent soit sur les conflits inter-étatiques soit sur les conflits asymétriques, or il existe beaucoup d'autres conflits : guerre économique (rivalités pour l’approvisionnement en minerais rares, cobalt, nickel, lithium ), terrorisme, guerre du droit, guerre du soft power (entre pôles de l’islam sunnite et chiite), disputes autour des grandes routes maritimes de la mondialisation, guerre de l’espace et des armes de rupture (missiles hypersoniques), câblages sous-marins, etc..
C'est la marque de la revue Conflits de les étudier et de les analyser.
Il s’agit ici de comprendre les rivalités actuelles mais aussi de tenter une prospective sur les cinq années à venir : quels sont les conflits qui vont s’aggraver et quels sont ceux qui risquent de se déclencher ?
Le livre sera équipé de 30 cartes en noir et blanc et d’une centaine de graphes.
Les auteurs :
sous la direction de Jean-Baptiste Noe, rédacteur en chef de la revue Conflits :
Daniel Dory, maitre de conférences HDR à l'Université de La Rochelle
Hervé Théry, professeur à l'Université de Sao Paolo et au CNRS
Jean-Marc Holz, Université de Perpignan
Fabrice Balanche, Université de Lyon
Le retour de la guerre en Europe ?
Par Michel Janva (Salon Beige)
A l’heure de la guerre en Ukraine, la plupart des ouvrages se focalisent soit sur les conflits inter-étatiques soit sur les conflits asymétriques, or il existe beaucoup d´autres conflits : guerre économique (rivalités pour l’approvisionnement en minerais rares, cobalt, nickel, lithium ), terrorisme, guerre du droit, guerre du soft power (entre pôles de l’islam sunnite et chiite), disputes autour des grandes routes maritimes de la mondialisation, guerre de l’espace et des armes de rupture (missiles hypersoniques), câblages sous-marins, etc...
Le retour de la guerre en Europe ? - Le Salon Beige
À l’occasion de la sortie de son nouveau livre Le Déclin d’un monde, Contrepoints a interviewé Jean-Baptiste Noé, un contributeur régulier de nos colonnes. Il est aussi le rédacteur en chef de la revue de géopolitique Conflits et directeur d’Orbis géopolitique. Il est docteur en histoire (Sorbonne-Université).
Entretien réalisé par Alexandre Massaux, journaliste à Contrepoints.
Jean-Baptiste Noé : « les pays d’Europe ont tenté de nier l’existence de l’histoire ».
À l’occasion de la sortie de son nouveau livre Le Déclin d’un monde, Contrepoints a interviewé Jean-Baptiste Noé, un contributeur régulier de nos colonnes. Il est aussi le rédacteur en chef de la revue de géopolitique Conflits et directeur d’Orbis géopolitique. Il est docteur en histoire (Sorbonne-Université).
Entretien réalisé par Alexandre Massaux, journaliste à Contrepoints.
Jean-Baptiste Noé : «La France a abandonné sa volonté de puissance sur la scène internationale»
Dans son dernier essai «Le déclin d'un monde», le rédacteur en chef de la revue Conflits dresse le portrait d'un monde fragmenté et analyse les grands enjeux des années à venir, sur fond de retour du religieux et de déclin de l'Occident.
LE FIGARO. - Vous dressez le tableau d'un monde ancien en déclin qui annonce une nouvelle ère pour l'Occident. À quoi ressemblera-t-elle ?
Jean-Baptiste NOÉ. - Il est difficile de prévoir l'avenir mais on peut émettre des hypothèses. On se dirige, me semble-t-il, dans un monde marqué par l'émergence de plusieurs pôles et notamment d'un pôle autour de la Chine. Pour être plus précis, le monde qui se met en place est marqué par des États forts d'un côté, sur des zones régionales, et de l'autre un émiettement des sociétés en Europe avec la montée en puissance de réseaux internationaux, notamment des réseaux criminels organisés autour des trafics de drogue et d'êtres humains. Par ailleurs, on assiste à un délitement identitaire où chaque peuple, chaque population, reprend ou retrouve sa culture, vivant ainsi au sein de société sans culture commune.
Le religieux permet de se distinguer dans un monde qui est de plus en plus uniformisé.
L'islamisme n'est qu'un vernis qui vient recouvrir les questions ethniques ou d'affrontement entre peuples qui veulent contrôler un territoire.
La France oublie l'Asie centrale ainsi que la zone Pacifique, comme l'a démontré le peu d'intérêt pour les référendums en Nouvelle-Calédonie, un enjeu pourtant extrêmement important dont on n'a quasiment pas parlé.
Chronique de Livres par Jean-Philippe Delsol
L’Europe a cru que ses valeurs étaient universelles, mais elle affronte désormais la révolte de ceux auxquels elle a voulu faire partager sa civilisation et la démocratie. Le monde se fragmente et si l’Europe a échappé à la guerre sur son territoire, elle n’a pas cessé d’y être mêlée en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, en Syrie ou en Lybie… et à présent en Ukraine. Les peuples cherchent toujours à défendre leur culture et leurs intérêts. L’universalisme était sans doute un rêve, nous rappelle Jean-Baptiste Noé dans cet ouvrage qui nous fait cheminer dans les arcanes de la géopolitique, sa spécialité.
Il s’agit d’essayer de comprendre les problématiques et la complexité du monde à partir de ses territoires, ses reliefs, ses climats, sa démographie, ses ressources… Ce qui permet d’approcher les rapports de forces et d’ambitions. « La géopolitique est au service d’une vision de la puissance » observe l’auteur ». Il trouve ses clés d’explication dans l’histoire depuis les guerres du Péloponnèse jusqu’aux conflits du siècle dernier. Il découpe les espaces géographiques en fonction de leur rôle possible dans le jeu d’affrontement des forces hégémoniques. Les frontières physiques y ont leur part autant que les frontières culturelles ou juridiques. « Le monde d’aujourd’hui ressemble souvent à un retour au XIXème siècle, dans son émiettement et sa pluralité, la technique et l’immédiateté en plus » (p. 31) observe-t-il, avec un mouvement de mondialisation qui se heurte au déploiement de l’indigénisme, au rejet de l’Occident, au retour des cultures locales et à la renaissance des empires d’Asie. La guerre revient aussi chez nous par nos banlieues en feu, par les risques de l’immigration encouragée par les mafias, par les pénuries d’énergie qui se dessinent.
Jean-Baptiste Noé dresse les cartes de ces inquiétudes, des réseaux, des nids d’espions et des enjeux. Il décrit les armes nouvelles qui transforment déjà les guerres dont il croit que l’ethnie ou le peuple sont toujours la cause, plus que la religion. Il balaye ainsi tous les continents pour y déceler les risques, les forces et les faiblesses. Il rappelle comment des éleveurs de chèvres ont pu mettre en défaite les Russes et les Américains en Afghanistan. Il s’attarde sur la Chine communiste formatée par le Parti et dont les ressources se tarissent. En 1985, Hayek, reçu à la mairie de Paris, avait annoncé la disparition de l’URSS à Jacques Chirac, qui n’en croyait mot. Il avait pourtant raison pour avoir analysé une situation qui pourrait aujourd’hui être celle de la Chine.
Géopolitique: le déclin de l’Occident est évitable
Le livre se fonde sur un pessimisme raisonné : tout finit par le déclin d'un ordre préexistant.
Pour Harold Hyman, le nouvel essai de l’historien et géopolitologue Jean-Baptiste Noé, rédacteur en chef de Conflits, montre que l’Europe doit faire face à la réalité du déclin, aux mirages de l’universalisme naïf et à la quasi-omniprésence de la guerre. Pourtant, cet ouvrage aussi érudit que synthétique véhicule un message globalement positif: tout n’est pas encore joué et l’Occident peut reprendre en main son destin.
Relier, ou du moins exposer, tous les aspects de la vision d’un monde occidental en déclin, voilà le but que s’est assigné Jean-Baptiste Noé dans cet ouvrage qui fait défiler Thucydide, Keynes, Bainville et Xi Jinping. L’auteur nous fait réfléchir aux villages de vacances ou à la géoéconomie du blue jean, et nous fait douter de l’Europe, de la défense et de la Françafrique. Le monde que nous avons connu est en déclin. Désormais il faut définir ce qui décline, et pourquoi cela reste incompris. Noé puise chez de nombreux auteurs, et nous nourrit de cartes originales.
L’ouvrage commence avec une saine révision du cadre de la géopolitique : une façon d’appréhender le monde des interactions réelles entre puissances. Jean-Baptiste Noé nous rappelle que la géopolitique n’est pas simplement le mélange de la géographie et de l’histoire politique. Les pensées humaines sont à l’œuvre, les volontés nationales sont bien présentes. Les théories géopolitiques des Grecs, de l’amiral Mahan, le penseur de la puissance navale dans l’histoire, et de Mackinder le père de la théorie du Heartland et tenant de la supériorité du terrestre sur le naval, sont passées en revue et traitées pour ce qu’elles sont : des outils d’ambitions nationales et impériales.
Le livre se fonde sur un pessimisme raisonné : tout finit par le déclin d’un ordre préexistant. La guerre est toujours présente et il y a toujours une manifestation d’un déclin. À dessein, Jean-Baptiste Noé casse de nombreux a priori. « Les démocraties, écrit-il, pratiquent abondamment la guerre, pour répandre leurs valeurs et leur modèle politique ». Cela, et les conquêtes coloniales, rebutaient ses guides que sont Tocqueville, Bastiat et Frédéric Guizot. Ou encore : dans l’Europe contemporaine, la guerre est bel et bien présente depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les démocraties qui croient en l’universalisme européen sont obligées de nier l’existence de la guerre sur notre sol, alors que les nations qui n’y croient pas exaltent le facteur unificateur national de la guerre.
« L’universalisme est en échec » : entretien avec Jean-Baptiste Noé
Comment peut-on instaurer un droit commun si l’on n’a pas les mêmes références intellectuelles ?
Dans une interview accordée à nos confrères du Regard libre, Jean-Baptiste Noé, auteur du Déclin d’un monde aux éditions L’Artilleur, évoque la fin du rêve de l’Occident de façonner le monde à son image. Il s’en réjouit, même.
Le Regard Libre. Votre nouveau livre s’intitule Le déclin d’un monde. A quel monde faites-vous référence?
Jean-Baptiste Noé. Il s’agit du monde occidental, et plus précisément de son universalisme. Les Européens ont longtemps cru, du XIXe siècle jusqu’aux dernières décennies, qu’ils allaient exporter leur culture, leurs valeurs et leur mode de pensée à travers le monde. Or, on se rend compte que beaucoup de populations non-occidentales ne veulent pas s’occidentaliser et préfèrent conserver leur particularisme, leur histoire, leur culture. Comme l’affirme ce titre plutôt négatif, cet universalisme est en déclin. Je pense cependant qu’il faut s’en réjouir car il a conduit à des ingérences et à des guerres.
Comment se manifestait cette forme d’universalisme ?
Il se manifestait concrètement à travers la colonisation, qui visait à transformer les populations africaines en peuples européens. A titre d’exemple, dans les années 1980-90, les Etats européens conditionnaient l’aide au développement donnée aux Etats africains au respect d’un agenda européen: mise en place de la démocratie, acceptation des normes de l’ONU, etc. Par ailleurs, la guerre en Irak lancée en 2003 est également un symbole de cette volonté d’exporter la démocratie.
« L'universalisme est en échec » : entretien avec Jean-Baptiste Noé - Causeur