Armées françaises : où sont les réserves stratégiques ?... - Par Jean-Dominique Merchet et Léo Péria-Peigné (IFRI)

Un rapport de l’Ifri décrit le manque d'« épaisseur » de la défense, qui explique les faibles livraisons d’armes à l’Ukraine.

Les faits - Selon le dernier rapport du Kiel Institute, la France est le 11e contributeur pour l’aide militaire à l’Ukraine, avec 0,47 milliard d’euros. Le ministère français des Armées conteste ces chiffres et assure, par la voix de Sébastien Lecornu, que la France figure parmi les cinq premiers, en insistant sur la qualité des équipements fournis. Les Etats-Unis arrivent largement en tête, suivis des institutions européennes, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, du Canada et de la Pologne. La contribution de l’UE fausse les calculs, parce qu’il s’agit d’un mécanisme de solidarité financière entre Etats membres, et non de versements directs à l’Ukraine.

Le 16 mai 1940, alors que les divisions allemandes venaient de rompre le front français, Winston Churchill se rend de toute urgence à Paris, où il rencontre le général Gamelin : « Où sont vos réserves stratégiques ?», lui demande le Britannique. « Il n’y en a plus...», reconnaît, penaud, le commandant en chef des armées françaises. La messe était dite.

Lointain successeur du « généralissime », le général Pierre de Villiers – qui publie un nouveau livre, Paroles d’honneur (Fayard)– nous le confie, sous forme d’avertissement : « L’armée française manque d'épaisseur ». L'« épaisseur » ? C’est une qualité militaire, qui se mesure en quantité, en « masse » : combien de réserves et combien de stocks ? Et quelles capacités humaines et industrielles de les renouveler ? Comme le montre la guerre d’Ukraine, c’est LA question stratégique, dès lors que les armées sont impliquées dans un « engagement majeur », un « conflit de haute intensité ».

La faiblesse de l’aide militaire française à l’Ukraine (dix-huit canons Caesar, deux lance-roquettes LRU, deux batteries antiaériennes Crotale...) traduit l’extrême difficulté à faire plus, contrairement aux Américains dont les fournitures sont massives. Le constat de la Première ministre finlandaise Sanna Marin est lucide : « Je dois être brutalement honnête avec vous. Nous serions en difficulté sans les Etats-Unis. »

Armée française: «Les stocks militaires ont globalement disparu...» - l'Opinion (lopinion.fr)



Stocks militaires : une assurance-vie en haute intensité ?

Focus stratégique, n° 113, décembre 2022

La guerre en Ukraine rappelle la place de l’attrition d’un conflit en haute intensité à des armées européennes taillées au plus juste après trois décennies de réduction budgétaire. L’ensemble des forces européennes ont dû réduire leurs stocks au strict minimum. En conséquence, le soutien à l’Ukraine s’est traduit par d’importants prélèvements sur leurs capacités opérationnelles. Une quantité non négligeable de systèmes retirés du service a également été donnée, par manque d’épaisseur des parcs opérationnels.

La Russie a, quant à elle, mobilisé les vastes stocks hérités de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) pour soutenir son effort de guerre après l’échec initial de son « opération militaire spéciale ». Le processus de rénovation des systèmes les plus anciens est également accru, alors que la production russe de matériel moderne reste insuffisante.

Le conflit en cours voit donc s’affronter des parcs mixtes composés de systèmes très modernes et d’autres beaucoup plus anciens – voire obsolètes – issus de stocks de long terme. Cette situation incite à s’interroger sur les stratégies de stockage des armées françaises et à les comparer à celles qui existent ailleurs.

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