Grève des médecins, des transports et Cie : peut-on encore sauver le modèle social français ? - Par Pierre Bentata et Frédéric Mas

La majorité des Français plébiscitent leur modèle social. Mais ils sont nombreux à reconnaître la nécessité de réinventer un système à bout de souffle.


Atlantico : Grève des médecins, des transports et autres, notre prétention à détenir le meilleur système social au monde n'a semble-t-il jamais été autant démentie par la réalité. A quel point est-il en bout de course ? Peut-il encore survivre ?

Pierre Bentata :
Il y a des revendications complètement compréhensibles, d’autres moins. Ces mouvements sociaux sont liés à l’ensemble des crises qui frappent la France depuis le Covid. La grogne sociale est d’abord liée à ça, mais nous ne pouvons pas parler de crise du modèle. Le système n’a pas bougé, mais les crises successives agissent comme un révélateur. Par exemple, avec un système médical qui suradministre, on se rend compte que cela ne fonctionne pas.

Lorsqu’on avait peu d’inflation avec des taux bas, personne ne se souciait vraiment de la fragilité du système.

Frédéric Mas : Le drame de notre système social et politique, c’est qu’il s’appuie sur une conception surannée de l’économie, le corporatisme, qui a eu son heure de gloire entre deux guerres. Le corporatisme prétendait offrir une alternative à la fois au socialisme pur et à l’économie de marché. L’idée est de maintenir le secteur privé sous tutelle publique pour éviter les « débordements » prêtés au capitalisme. Comme l’observe l’économiste Edmund Phelps, « les théoriciens du corporatisme, en transformant les secteurs capitalistes traditionnels en « organisations » patronales (…) et en syndicats (…) accroissent le pouvoir de monopole et nombreux organismes et coalitions, au point que ce pouvoir ne peut plus être infléchi que par un passage en force par l’Etat. » Le corporatisme imagine pour gouverner l’économie comme on gouverne en politique, organisant au sommet des instances supposées représentatives des secteurs et des différents acteurs de la production.

L’Etat social qui s’est imposé en France après-guerre ne fait qu’implémenter ces idées sur le sol national afin de « conduire l’économie (M. Gauchet) à travers les nationalisations, la planification, l’investissement public dans les secteurs d’activité considérés comme esssentiels et stratégique, etc. La constitution de monopoles, la cartellisation des réformes économiques par les groupes d’intérêts syndicaux et les technocrates de l’Etat, la dégringolade de la croissance économique ont abouti à la dégénérescence bureaucratique de l’Etat social. Son changement de modèle de financement, qui aujourd’hui repose essentiellement sur la dette publique, témoigne de son évolution parasitaire : il vit désormais sur le dos des générations futures pour payer le mode de vie de ses bénéficiaires actuels, qui sont essentiellement des rentiers. Sur le plan organisationnel, ça s’est traduit par une centralisation bureaucratique accrue des administrations publiques, qui, aujourd’hui comme dans le système hospitalier, est en train de s’effondrer.

https://pourunenouvellerepubliquefrancaise.blogspot.com/https://grandeschroniquesdefrance.blogspot.com/https://parolesdevangiles.blogspot.com/https://raymondaronaujourdhui.blogspot.com/

#JeSoutiensNosForcesDeLOrdre par le Collectif Les Citoyens Avec La Police