La levée brutale de la politique sanitaire chinoise met-elle le monde en danger ? - Par Thierry Wolton, Antoine Flahault et Emmanuel Lincot

Thierry Wolton: «Les véritables raisons de l’abandon de la politique “zéro Covid” en Chine»


Alors que l’épidémie de Covid repart en Chine, l’historien, spécialiste des régimes communistes et postsoviétiques, analyse les raisons de la levée totale des restrictions sanitaires.

À quoi joue la Chine? On est en droit de se le demander depuis le brusque abandon par le pouvoir communiste de sa politique du «zéro Covid» et les risques encourus pour la population chinoise comme pour le reste du monde. L’ouverture des frontières et surtout la permission retrouvée pour les Chinois de se rendre à l’étranger, après des mois d’enfermement, sont un défi sanitaire qui concerne la planète entière. Qu’est-ce qui a pu motiver le pouvoir à autant de précipitation? Les manifestations du début décembre contre le confinement? Probablement pas. Le nombre des protestataires, les mots d’ordre proférés - pour la liberté, contre Xi Jinping - peuvent avoir fait craindre au pouvoir la levée d’un vent de révolte dangereux, mais la répression policière, les moyens électroniques de surveillance à la disposition des autorités permettaient de contrôler la fronde, voire de l’étouffer. Ce fut d’ailleurs un feu follet, même si le mécontentement couve toujours depuis que le pays a été transformé en une vaste prison des mois durant.

Thierry Wolton: «Les véritables raisons de l’abandon de la politique “zéro Covid” en Chine» (lefigaro.fr)

Lever toutes les mesures restrictives du confinement, sachant les dégâts qu’allait provoquer le virus dans une population faiblement vaccinée, particulièrement chez les personnes âgées, tient du cynisme.

Antoine Flahault et Emmanuel Lincot: Et si le Covid (et le cynisme brutal de la Chine) plombait 2023…?


Selon Thierry Wolton, la fin du zéro Covid en Chine pourrait en réalité être une volonté délibérée du régime chinois de nuire à l’Occident.

Atlantico : On fait désormais état d’un variant COVID surnommé "Kraken". De quoi s’agit-il ? D'où vient ce nom ?

Antoine Flahault :
Le Comité International de la Taxonomie des Virus est chargé par l’OMS de la dénomination officielle des virus. C’est lui qui a appelé le nouveau coronavirus identifié à Wuhan en Chine en décembre 2019, le “SARS-CoV-2”. C’est encore lui qui a choisi d’attribuer des lettres grecques aux variants les plus préoccupants. L’objectif de cette taxonomie officielle est double, d’abord d’éviter une stigmatisation relative à l’origine de l’émergence (virus chinois, variant indien, sud-africain,…), et aussi d’être plus facile à communiquer. On se souvient ainsi d’Alpha, Beta, Gamma, Delta puis Omicron. Depuis l’émergence d’Omicron il y a un peu plus d’un an, il y a eu plus de 650 variants qui ont été répertoriés, dont plusieurs ont été à l’origine de nouvelles vagues pandémiques. Mais le Comité de l’OMS s’est toujours refusé à les baptiser d’une nouvelle lettre grecque. Il y avait pourtant autant de différences génomiques entre les sous-variants BA.1 et BA.2 d’Omicron qu’entre BA.1 et le variant Delta. Cela a agacé un certain nombre de chercheurs qui leur ont attribué des surnoms, non officiels donc. On a connu le Centaure (BA.2.75) l’été dernier. Et c’est ainsi que le professeur Ryan Gregory, un biologiste d’une université de l’Ontario au Canada a baptisé le sous-variant XBB.1.5 « Kraken » du nom d’une créature marine mythologique norvégienne. Ce nom n’a pas de signification particulière sinon être plus simple à retenir pour le grand public que ces acronymes abscons affublés de séries de chiffres.

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