Au commencement était la guerre : La globalisation piteuse (Vol.1) - De Alain Bauer

Dans son nouveau livre, Alain Bauer, essayiste et professeur en criminologie, analyse les conséquences globales de la guerre en Ukraine. Il estime que nous sommes entrés dans un monde sans paix, où nous allons alterner cessez-le-feu, conflits et trêves.


« Voici donc venu le temps d’appréhender le monde tel qu’il est plutôt que de l’ignorer, de le comprendre plutôt que de le rêver, de le travailler plutôt que de le consommer.De préparer la guerre qui vient pour retenir la paix qui s’en va. De s’employer à faire l’Histoire pour n’être pas dévoré par elle.
D’accepter que, tant que l’Histoire a cours, toute ligne de vie puisse un jour avoir à se transformer en ligne de front.
Au commencement était la guerre, espérons finir en paix. »

« De fait, l’humanité semble condamnée à vivre perpétuellement entre conflits et intermèdes pacifiques. Depuis l’affirmation de la domination de l’anthropocène, la construction de sociétés humaines, de plus en plus complexes, s’accompagne de guerres tribales, locales, continentales ou mondiales. Le cœur du monde bat au rythme de ces conflits qui arrachent en permanence à l’inventivité humaine des progrès nouveaux autant pour détruire que pour restaurer, autant pour tuer à coup sûr que pour mettre en sûreté, autant pour conquérir que pour sanctuariser. »

« Maintenant qu’avec l’illusion du bonheur s’effondre celle d’une civilisation mondiale, maintenant que la guerre entre partout en tension avec la paix dans la renaissance sanglante de l’Histoire, il est temps de découvrir qu’il y a une guerre et quels sont ses visages. »

Alain Bauer est professeur au Conservatoire national des arts et métiers, responsable scientifique du Pôle sécurité, défense, renseignement, criminologie, cybermenaces et crises (PSDR3C/ESDR3C). Il enseigne également à New York, Shanghai et dans les écoles spécialisées. Il a publié de nombreux ouvrages sur les sujets de sa spécialité.


Alain Bauer: «L’Occident a cru que le monde était un Erasmus géant»


LE FIGARO. - «Voici donc venu le temps d’appréhender le monde tel qu’il est plutôt que de l’ignorer, de le comprendre plutôt que de le rêver, de le travailler plutôt que de le consommer», écrivez-vous. Les rêveurs ont-ils accouché du chaos en Ukraine et ailleurs?

Alain BAUER. -
Ma génération a vécu la chute du Mur et connu la guerre du Golfe ou le conflit Yougoslave. Mais dès 1989, pour des raisons consuméristes et globalistes (l’idéologie du «droit au bonheur» low cost), on a cru que plus personne n’avait d’adversaires ni d’ennemis mais uniquement des clients et des fournisseurs. L’Occident a cru que l’on vivait dans un Erasmus géant et que notre monde ressemblerait à une sorte d’auberge espagnole pour étudiants. Selon cette vision, les tribus, les nations et la foi n’existaient plus. Cette illusion a duré dix ans. En 1999, l’intervention de l’Otan dans un espace qui ne lui est pas naturel, la Serbie, aurait dû servir de leçon, mais nous n’avons pas su en tirer les conséquences. Par naïveté, on a cru à tort que cette intervention militaire était un accident, une bavure.

Le vieux monde occidental, au lendemain de la chute de l’Empire soviétique, s’était-il pris à croire à la fable rassurante de la «fin de l’Histoire»?

Quand Francis Fukuyama publiait son article en 1989, cet intellectuel américain ne parlait pas de la «fin de l’Histoire» mais de la «fin d’une Histoire». Il y a une erreur d’interprétation dans ses propos. Selon lui, on assiste alors à la fin de la confrontation de la démocratie libérale contre les régimes communistes: le capitalisme a gagné, c’est plié, mais il y aura quand même des petites frictions ici et là.


Alain Bauer : "Xi Jinping est en train de vassaliser la Russie et d'étendre son influence sur mer comme sur terre"

Propos recueillis par Stéphane Aubouard

Dans son dernier ouvrage « Au commencement était la guerre », le spécialiste de la défense et du renseignement Alain Bauer tente d’analyser comment l’Occident, et singulièrement l’Europe, a été rattrapé par le réel avec l’invasion russe en Ukraine. Mais l’auteur ne désespère pas d’un sursaut de la France, bien qu'affaiblie.

Marianne : Votre ouvrage est une critique acerbe de la naïveté européenne qui nous porte à croire que la notion même de guerre, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, n’était plus à l’ordre du jour ou, en tout cas, plus sur le sol européen. Pourtant, la tragédie des Balkans, les problématiques indépendantistes en Espagne, les cas chypriote ou irlandais, la guerre de Géorgie, et bien sûr le début du conflit russo-ukrainien dès 2014, sont autant d’exemples contraires… Comment expliquer un tel aveuglement ?

Alain Bauer :
Cela s’explique d’abord et avant tout par notre volonté de croire, au sens quasi religieux du terme, à la « paix universelle ». Un culte qui avait déjà atteint l’Occident lors de la tentative de création de la SDN par Woodrow Wilson, juste avant la déflagration de la Première Guerre mondiale. Nous confondons souvent l’outil qui peut aider à la régulation des conflits avec la croyance qu’ils pourraient naturellement disparaître.



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