Pour un libéralisme humaniste - De Alexis Karklins-Marchay

Dans un un remarquable ouvrage (Les Presses de la Cité) sur l’ordolibéralisme allemand, l’essayiste Alexis Karklins-Marchay propose une troisième voie, fondements de la démocratie-chrétienne, entre socialisme et libéralisme.

Auteur de plus d’une centaine d’articles de finance, d’histoire et d'économie ainsi que d’ouvrages de théorie économique et de littérature, chargé d’enseignement à l’ESCP et à l’Université de Caroline du Nord, directeur général délégué du cabinet Eight Advisory, Alexis Karklins-Marchay publie aux Presses de la Cité, Pour un libéralisme humaniste.

Alors que le capitalisme est mis sur le banc des accusés par des idéologies radicales – altermondialisme, écologie, féminisme, populisme etc. –, cet essai démontre qu'il peut lui-même se réformer et épouser la vision d'un libéralisme humaniste, élaborée dès l'après-guerre en opposition aux totalitarismes.

Le libéralisme est en accusation. Égoïsme, cupidité, logique de puissance, indifférence à l'égard du chômage, de la pauvreté et des inégalités, perte du sens collectif, responsabilité du réchauffement climatique... De nombreuses voix, à gauche comme à droite, appellent désormais à abandonner les idées " libérales ", oubliant trop souvent que les expériences collectivistes et nationalistes n'ont conduit qu'à l'appauvrissement et au totalitarisme.
Et si la solution ne venait pas de la " sortie " du libéralisme mais plutôt de sa réinvention ? Un libéralisme différent. Humaniste et éthique. Opposé à la primauté de la recherche du profit, aux monopoles. Qui rejetterait les écarts de richesse. Qui accepterait l'intervention de l'État régulateur. Qui défendrait la protection de l'environnement.
Ce libéralisme se nomme l'ordolibéralisme. La philosophie ordolibérale, opposée à la fois au socialisme et au libéralisme du laissez-faire, a été développée en Allemagne dans les années 1930 par des universitaires horrifiés par le nazisme. Très influente lors de la reconstruction européenne de l'après-guerre, cette véritable " troisième voie " a progressivement été occultée par le triomphe planétaire du libéralisme anglo-saxon. Il est temps de la redécouvrir.


Alexis Karklins-Marchay, honnête homme d’aujourd’hui


Rendez-vous est pris dans les locaux du cabinet Eight Advisory, boulevard de Courcelles, à Paris, à quelques minutes de la place de l’Étoile. Dans cet immeuble étincelant se pressent de bon matin des centaines de financiers, consultants et avocats d’affaires. Tirés à quatre épingles, ils jettent un regard distrait sur la séance de pose auquel se prête de bonne grâce l’un des leurs. Nous voilà dans le monde, ou l’un des mondes, d’Alexis Karklins-Marchay. Associé du cabinet de conseil Eight Advisory, ce quinquagénaire affable travaille depuis trente ans dans le domaine de l’évaluation financière. À ce titre, il a suivi les atermoiements de centaines de projets de rachat d’entreprise en France et à l’international. Sa fine connaissance des affaires, de l’économie et de la géopolitique lui vaut de fréquentes invitations dans les médias, où il est apprécié pour ses talents de pédagogue.


Un profil sympathique, mais somme toute classique, d’un financier ouvert sur le monde? L’éclectisme des chroniques de cet homme pressé plaide pour une autre voie. On l’appelle pour commenter les élections américaines, anglaises, allemandes… Analyser l’avenir de l’Inde, la visite d’Emmanuel Macron en Chine, les tenants et aboutissements de l’inflation… Sur chacun de ces dossiers, ce libéral revendiqué semble tout maîtriser. «Il lit tout et se souvient de tout, confirme Franck Quentin, ancien voisin de bureau chez EY, devenu un proche ami. Je n’ai jamais réussi à le coller sur aucun sujet. Il se rappelle toutes les dates, même parfois les heures.»


Faut-il réformer ou restaurer le libéralisme ?

Par Ferghane Azihari

La chute du mur de Berlin a abouti à la fin de l'histoire chère à Fukuyama, soit la révélation que le modèle libéral est indétrônable. L'effondrement du communisme, l'ouverture plus ou moins timide de l'Europe de l'Est et de l'Asie au commerce international ont accéléré l'embourgeoisement du monde. C'est là un fait que même les détracteurs du capitalisme concèdent. On en veut pour preuve que la gauche radicale, après avoir longtemps reproché au capitalisme d'appauvrir l'humanité, s'effraie désormais de son opulence au nom d'une vision déformée de l'impératif écologique.

Là réside le paradoxe de la tradition libérale. « Tout en étant presque universellement condamné, le libéralisme est de plus en plus appliqué », notait Jean-François Revel dans La Grande Parade. Pour Alexis Karklins-Marchay, l'ordolibéralisme constitue la meilleure réponse aux critiques adressées à l'économie de marché, lesquelles sont plus ou moins fondées. L'essayiste tente de réhabiliter, au terme d'un essai synthétique et percutant (Pour un libéralisme humaniste, aux Presses de la cité), une troisième voie plus « modérée » entre libéralisme radical et socialisme : l'ordolibéralisme. Ce courant, fondé par d'illustres personnalités allemandes comme Wilhelm Röpke, Walter Eucken et Alexander Rüstow, a connu son heure de gloire après la Seconde Guerre mondiale en contribuant au miracle allemand et à la construction européenne.


Alexis Karklins-Marchay: «L’ordolibéralisme est une réponse raisonnable aux critiques contemporaines du capitalisme»


Alexis Karklins-Marchay: «J’ai voulu expliquer qu’un autre libéralisme est possible, plus tempéré, qui s’intéresse à l’économie mais pas que. Ce libéralisme né dans la crise des années 1930 est une source d’inspiration pour répondre aux problèmes que nous rencontrons aujourd’hui»

Libéral revendiqué, l’essayiste Alexis Karklins-Marchay réhabilite un courant de pensée né en Allemagne dans les années 1930, dont les préceptes font écho à beaucoup de nos problèmes contemporains. Il affirme qu'« un autre libéralisme est possible », citant Wilhelm Röpke : «L’économie de marché est une condition nécessaire, mais non suffisante d’une société libre, juste et ordonnée ».

« Le temps de redécouvrir l’ordolibéralisme est venu », écrivez-vous. Pourquoi maintenant ?

Parce que l’ordolibéralisme est une réponse raisonnable aux critiques contemporaines du capitalisme. C’est une alternative aux tentations d’un modèle excessivement interventionniste, voire collectiviste, nationaliste ou décroissant. J’ai voulu expliquer qu’un autre libéralisme est possible, plus tempéré, qui s’intéresse à l’économie mais pas que. Ce libéralisme particulier né dans la crise des années 1930 est une vraie source d’inspiration pour répondre aux problèmes que nous rencontrons aujourd’hui.

A lire aussi: Non, l’ordolibéralisme n’est pas une version allemande de l’ultra-libéralisme!

Quelle définition donneriez-vous de l’ordolibéralisme ?

C’est l’héritage d’un courant de pensée qui puise ses racines d’Aristote à Adam Smith. Une idéologie qui affirme le primat de l’émancipation individuelle, de la propriété privée et de l’économie de marché. Une défense du libre-échange, de la liberté de prix, mais aussi d’une gestion rigoureuse des équilibres monétaires et budgétaires. Mais plus qu’un simple libéralisme économique, c’est aussi un courant de pensée philosophique, éthique. Les ordolibéraux contestent l’idée que laisser faire est forcément mieux. Ils craignaient que ce que j’appelle le libéralisme du « laisser-faire » ne débouche sur le profit et la consommation comme seules finalités. Les homo œconomicus ne sont pas que des homo consumens, nous sommes aussi des homo culturalis. Une société qui ne s’occupe que de consommation et d’économie s’appauvrit culturellement, intellectuellement et spirituellement.

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