Subventionnement du rapiéçage de vêtements: l’apothéose de l’État nounou - Par Erwan Le Noan
Dès octobre, les Français pourront bénéficier d’un «bonus réparation», leur donnant droit à des aides pour le rapiéçage des vêtements et des chaussures. Pour Erwan Le Noan, cette mesure est un nouveau témoignage de l’emprise croissante du collectif sur l'individuel.
Petit Gibus, le garçonnet de La Guerre des boutons , serait probablement rassuré de savoir que, dans sa grande bienveillance, l'État vient d'annoncer la mise en place d'un dispositif qui lui permettrait certainement d'apaiser sa mère à l'issue des batailles perdues: désormais, le rapiéçage des vêtements sera remboursé par la collectivité!
La puissance publique vient ainsi d'annoncer que l'éco-contribution que les producteurs de vêtements sont contraints de verser à Refashion, «éco-organisme» de la filière agréé par l'État, servirait à partir d'octobre prochain à rembourser les menus travaux de réparation d'habillement, dès lors que ceux-ci sont réalisés auprès d'un opérateur, cordonnier ou couturier, labellisé et dans le respect d'un barème déterminé. Ainsi, chaque consommateur aura droit à un remboursement de sept euros pour réparer un embout de talons, de dix-huit euros pour un ressemelage si la semelle est en gomme mais de vingt-cinq euros si elle est en cuir, etc.
L'intention est évidemment légitime: assurer une durée de vie aussi longue que possible aux vêtements est parfaitement compréhensible et nombre d'entre nous avons eu, dans l'enfance, la joie de porter des jeans rapiécés de super-héros et autres t-shirts transmis au sein de la famille moyennant un petit point de remise en état. Nul n'était besoin de prélever des ressources publiques sur les consommateurs, d'en organiser la redistribution par un organisme semi-administratif centralisé, selon des barèmes prédéterminés et une nomenclature technique!
Est-ce réellement le rôle de l'État de se mêler des dispositifs de ce genre alors que les fonctions régaliennes les plus fondamentales semblent assurées de façon incertaine? L'adage populaire dit que « qui trop embrasse, mal étreint »; il en va de même en matière d'action publique.