15 août 1769 : Naissance de l'Empereur



Napoléon Bonaparte naît le 15 août 1769 à Ajaccio. Il s’en est fallu de peu qu’il ne naisse pas Français. En effet, un an plus tôt, jour pour jour, le 15 mai 1768, Gênes céda la Corse à la France par le traité de Versailles.


Napoléon voit donc le jour dans la maison familiale, rue Malerba, à Ajaccio. Il est le fils de Carlo Maria (Charles-Marie) Buonaparte, et de Letizia (Laetitia) Ramolino. La famille de Napoléon est issue de la petite noblesse ; son père est avocat au Conseil Supérieur de Corse. Ce n’est qu’à partir de 1771 que la famille sera reconnue comme noble par ce même conseil.

Il est le deuxième enfant de la fratrie Bonaparte. Il naît après Joseph (1768) et avant Lucien (1775), Elisa (1777), Louis (1778), Pauline (1780), Caroline (1782), et Jérôme (1784). Avec l’aide du gouverneur français de l’île, le comte Louis de Marbeuf, Charles Marie obtient une bourse d’étude pour deux de ses fils, Napoléon et Joseph, au collège d’Autun. En 1779, Napoléon intègre l’Ecole militaire de Brienne, qui initie les enfants de la noblesse à la carrière des armes. C’est durant cette période qu’il fera preuve d’étonnantes dispositions pour les mathématiques, et montrera un goût prononcé pour l’Histoire. Nonobstant, pour fuir les moqueries de ses condisciples en raison de son fort accent, il s’évertuera à maîtriser la langue française. Afin d’entrer dans le rang et se confondre parmi ses copains de promotion, il lui faudra faire de gros efforts pour se débarrasser de son patois régional. Ce ne fut, certes, pas chose facile pour ce petit provincial venu de son île natale.


« Madame Mère avait une âme forte et trempée aux plus grands événements » affirma Las Cases, chambellan de Napoléon qu’il suivit dans l’exil à Sainte-Hélène. L’opinion n’a pas été contestée par les historiens.

Née à Ajaccio le 24 août 1749 (ou peut-être 1750, un doute subsiste), Letizia Ramolino était issue d’une famille noble toscane établie en Corse depuis plusieurs générations. En effet les Ramolino étaient issus des comtes de Collalto et, à la fin du XVe siècle, leur ancêtre Gabriel Ramolino avait été major aux gardes de Charles V, roi de Naples. Ce Gabriel Ramolino avait obtenu le 2 février 1790 du doge de Gênes d’importantes concessions de terres à Ajaccio où la famille s’était établie. Le père de Letizia, Jean-Jérôme Ramolino, capitaine-commandant des troupes d’Ajaccio, fut nommé inspecteur général des Ponts-et-chaussées de l’île en 1750. Devenue veuve en 1755, Mme Ramolino se remaria avec un officier ingénieur au service des Génois, originaire de Bâle, François Fesch, union de laquelle naquit Joseph Fesch, demi-frère de Letizia et futur cardinal.


Né le 27 mars 1746 à Ajaccio, où il passa toute son enfance, Charles Bonaparte perdit son père à l’âge de 17 ans et placé sous la tutelle de son oncle, l’archidiacre de la cathédrale d’Ajaccio, Lucien Bonaparte. Il épousa Letizia Ramolino le 1er juin 1764 avec qui il eut treize enfants dont huit vécurent (...). Les jeunes mariés s’installèrent à Corte où Charles faisait ses études de droit. Ils y demeurèrent jusqu’à la conquête de la Corse par les Français. En effet, en 1768, la république de Gênes, endettée, avait cédé à la France l’administration de la Corse mais la population de l’île avait accueilli cette transaction avec un soulèvement massivement suivi, à la tête duquel le général indépendantiste Pascal Paoli se trouvait.



Par le général de CA (2S) Michel Franceschi, membre de l’ASAF

« Alors un homme s'élèvera, un homme qui ne se sera fait un nom ni par ses paroles, ni par ses écrits, un homme qui aura médité dans le silence. Cet homme s'emparera des opinions, des circonstances, de la fortune ». A Guibert (Essai général de tactique).

Cette étonnante prédiction du plus célèbre penseur militaire français du XVIIIe siècle, annonce à la manière d'un messie l'avènement de Napoléon Bonaparte, dont il deviendra d'ailleurs l'un des maîtres en tactique. Après une naissance dans une atmosphère de légende, le fabuleux destin de celui que l’on n’appellera plus que par son prénom Napoléon commence dans les épreuves et l’adversité.

Naissance d’un destin

Napoléon voit le jour à Ajaccio le 15 août 1769. Sa venue au monde est entourée de deux étranges coïncidences, propices à de faciles spéculations surnaturelles. Le 15 août est en effet la fête de l'Assomption de la Vierge Marie, patronne vénérée de la Corse en général et d'Ajaccio en particulier, où on l'appelle affectueusement « La Madunuccia » (petite madone). D'autre part, le 15 août 1769 est le premier anniversaire du rattachement de la Corse à la France. Un an plus tôt, Napoléon ne serait pas né français. Il est probable que ce double signe de naissance a contribué à une inébranlable foi en son étoile.

Dès sa plus tendre enfance, Napoléon est habité par un extraordinaire sentiment d'invulnérabilité qui expliquera les risques physiques pris dans les batailles à venir. Le savant Berthollet en a recueilli la confidence sur le navire les ramenant d’Égypte en 1799 : « Une puissance supérieure me pousse à un but que j'ignore. Tant qu'il ne sera pas atteint, je serai invulnérable ». La légende s'est également emparée d'une autre circonstance particulière de sa naissance très précipitée. Celle-ci se serait produite sur un tapis du salon frappé de figures allégoriques de l'Iliade. Ce superbe symbole antique relève davantage de la fertile imagination de l'entourage que de la réalité. L'heureux présage d'une venue au monde en bouchon de champagne suffisait au mythe.

L'origine de la famille Bonaparte se trouve en Toscane. La date de son arrivée en Corse est imprécise. On a prétendu que Napoléon descendait du Gibelin Guillaume Buonaparte, chassé de Florence en 1267. Ce qui est certain c'est que, dès 1616, on trouve le nom de Bonaparte au Conseil des Anciens d'Ajaccio, attestant officiellement d’une certaine notabilité, à défaut de quartiers de noblesse bien établis. On a accablé le père de Napoléon, Charles-Marie, des défauts de joueur, dépensier, intrigant et libertin. Napoléon lui-même l'a d'abord jugé « pomponné et obséquieux », jusqu'à ce qu'il réalise après sa mort en 1785, cruellement ressentie, son rôle capital dans sa destinée. Avec une habileté consommée, il est, en effet, parvenu à obtenir pour l'éducation de ses enfants des bourses royales sans lesquelles il n'y aurait jamais eu d'Empereur Napoléon. Mort très jeune, il n'a pas connu les fabuleux dividendes de ce clairvoyant investissement culturel. La mère de Napoléon, Letizia Ramolino, est une maîtresse femme pleine de bon sens. Elle s'impose par son caractère ferme et sa haute autorité morale. L'Empereur confiera à Las Cases à Sainte-Hélène : « C'est à ma mère que je dois ma fortune et tout ce que j'ai fait de bien ». Avec des ressources des plus modestes, elle doit se livrer à des prodiges pour assurer la pitance et l'éducation de sa marmaille. Elle en a contracté un sens aigu de l'économie que son fils prodige noie dans la louange : « Chez elle, la grandeur l'emportait. La fierté, la noble ambition, marchaient en elle avec l'avarice ».

L'opulence venue, elle ne se départira pas de ce défaut de parcimonie. « Pourvou que cela doure » gémissait-elle. Comment ne pas se méfier du superflu lorsque l'on a manqué du nécessaire ? Napoléon est le deuxième enfant d'une ribambelle de treize, dont huit seulement survécurent. Sa taille n'atteint que 1m62. Sa constitution paraît chétive. Mais en réalité, sa maigreur et sa couleur jaune d'adolescent cachent une résistance physique à toute épreuve, qui le rendra insensible aux rigueurs des bivouacs des champs de bataille. Mais dans cette ingrate apparence, ce qui retient avant tout l'attention est, sous un front large et haut, un regard magnétique bleu acier, subjuguant d'emblée l'interlocuteur. Cambacérès écrira que Napoléon « était orné d'un regard qui traversait les têtes ».

Derrière cette fenêtre de l'âme brille la plus vive des intelligences. Un parfait équilibre entre la hauteur des concepts et le sens aigu des réalités garantit un jugement infaillible. Quant au caractère, autoritaire et combatif au service d’une volonté inflexible, il est d'évidence plus enclin au commandement qu'à l'obéissance. Placé à l'âge de cinq ans à l'école des Béguines d'Ajaccio, Napoléon stupéfie les bonnes sœurs par son don exceptionnel pour le calcul. Mais il les déçoit par la tiédeur de son goût pour le catéchisme, en dépit des sucreries dont elles le comblent. Il reste peu de temps chez les religieuses. Se fiant à son infaillible intuition, Letizia l'inscrit à l'école de l'abbé Recco, qu'il fréquentera durant quatre années.

On n'a pas apprécié à sa juste valeur l'influence de l'obscur abbé Recco dans la formation première de Napoléon. A un âge où les sensations s'impriment dans l'esprit de façon ineffaçable, il est son initiateur culturel, lui inoculant une soif inextinguible de savoir. Féru d'antiquités, ce modeste enseignant a allumé sa passion pour l'histoire ancienne qui le marquera toute sa vie. Le régime politique qu'il donnera à la France empruntera à l'antiquité son vocabulaire (Consul, Préfet, Empereur…) et ses symboles (Aigles, décor romain de la Cour impériale, etc.). Conscient de ce qu'il devait à ce simple prêtre, Napoléon ne l'oubliera pas dans son testament de Sainte-Hélène. Il l‘y inscrira par une formule d'une admirable concision : « Vingt mille francs à l'abbé Recco, professeur à Ajaccio, qui m'a appris à lire ». Mais Charles-Marie et Letizia ambitionnent pour leurs enfants un enseignement d'excellence que la Corse ne peut alors dispenser. C'est ainsi qu'à peine âgé de dix ans, Napoléon se voit douloureusement arraché pendant six ans à l'affection familiale et placé comme pensionnaire boursier dans les écoles militaires du continent. La dure épreuve morale de ce déracinement brutal va tremper à jamais sa personnalité.

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