19 août 1488 : le traité du Verger et la fin de l'indépendance de la Bretagne
Lorsqu’en 1453 se termine la guerre franco-anglaise dite de la « Guerre de Cent Ans », l’autorité du roi de France demande à être rétablie. A la fin du XVème siècle, celui-ci va devoir unir le pays et faire face à une longue succession de conflits qui opposent la Royauté et les grands princes du royaume, aux grés des intérêts politiques « parisiens » de certains, et des revendications « régionales » des autres. On assiste à des alliances parfois contre-nature et uniquement politique. La « guerre folle » (1485-1488) fait partie de ceux-là.
Le traité de Sablé dit « traité du Verger » est signé par Charles VIII, roi de France, et François II, duc de Bretagne le 19 août 1488. Il met fin à l’épisode de la « guerre folle » et dispose que l’héritière du duché ne peut se marier sans l’accord du roi de France. Ce traité est l’occasion pour nous de revenir sur la succession à la couronne ducal de Bretagne.
30 avril 1341 : L’EVENEMENT
Le 30 avril 1341, le duc Jean III de Bretagne meurt sans descendance malgré trois mariages, et sans avoir désigné son successeur.
Les prétendants sont, d'une part Jeanne de Penthièvre, fille de Guy de Penthièvre, lui-même frère du duc Jean III (fils d’Arthur II Bretagne), mariée depuis 1337 à Charles de Blois, neveu du nouveau roi Philippe VI de Valois, et, d'autre part, Jean de Montfort, comte de Montfort-l'Amaury, demi-frère du défunt duc, fils du second mariage d'Arthur II de Bretagne avec Yolande de Dreux, comtesse de Montfort-l'Amaury.
Mai – Juillet 1341 : LE CONFLIT POLITIQUE
Mais la France et l'Angleterre sont en conflit depuis 1337 et Édouard III s'est proclamé roi de France. Aussi, ce dernier se rapproche de Jean de Montfort qui sait avoir peu à attendre du roi de France, car il s'est proclamé en mai duc de Bretagne en prenant la ville de Nantes, poussé par sa femme Jeanne de Flandre. En juillet 1341, cette alliance est scellée. Elle est réaffirmée le 20 mai 1345 par la reconnaissance d'Édouard III comme suzerain, avec cette fois un hommage lige.
7 septembre 1341 : LE CONFLIT JURIDIQUE
Charles de Blois, pro-français, fonde sa légitimité sur le fait qu'il est marié à la descendante la plus proche, ce qui est propre au droit breton. Jean de Montfort, « breton », s'appuie sur la loi salique, mise en avant par le roi de France dans son conflit avec le roi d'Angleterre et devant donc faire jurisprudence dans le royaume. Toujours est-il que l'arrêt de Conflans du 7 septembre 1341, Philippe VI accepte l'hommage lige de Charles de Blois et confisque les biens français de Jean de Montfort [NDLA : .je vous fais grâce de l’argumentation juridique].
Automne 1341 – 29 septembre 1364 : LA GUERRE
Il s’en suit un conflit armé entre les deux parties, la guerre de succession de Bretagne (avec pour arrière-plan les débuts de la « Guerre de cent Ans »), entrecoupée de trêves, qui se déroule en trois périodes : de l’automne 1341 au 19 janvier 1343, puis de 1345 à 1362 et enfin de 1362 à 1364. La défaite des Français à Auray en 1364 face aux troupes anglaises et du parti pro-anglais aboutit le 12 avril 1365 au premier traité de Guérande qui établit Jean IV comme héritier mais il n'est pas légitimé par la totalité de la population (rébellion d'Olivier de Clisson).
12 avril 1365 – 9 novembre 1399 : LE REGLEMENT DE LA SUCCESSION
Si les Montfort l’emportent sur les Penthièvre, les droits des deux familles sont cependant reconnus : le duché se transmet de mâle en mâle dans la famille des Montfort ; en cas d’absence de descendant mâle chez les Montfort, il doit passer aux mâles de la famille de Penthièvre. Ce traité n’exclut pas les filles de la succession, et encore moins de la transmission des droits (il précise que le duché « ne reviendra pas aux femmes tant qu’il y aura des héritiers mâles »).
Jeanne de Penthièvre demeure et par l'intermédiaire des accords de l'arrêt de Conflans garde l'apanage des Penthièvre, ainsi que sa vicomté de Limoges et reçoit 10 000 livres de rente annuelle prélevée sur les territoires français de l'ennemi.
Charles V reconnaît donc pour duc Jean de Montfort, reçoit ses serments sans être dupe, dans la crainte qu'il ne fasse hommage de la Bretagne à Édouard, son protecteur et beau-père. De plus, il gagne par cette politique l'amitié de la noblesse bretonne, et Olivier de Clisson passe à son service.
9 novembre 1399 – 23 novembre 1484 : APPICATION DU TRAITE DE GUERANDE
À la mort Jean IV, le 9 novembre 1399, son fils lui succède sous le nom de Jean V le sage. Sa mère est Jeanne de Navarre, arrière-petite-fille du roi de France, Louis X le Hutin (fils ainé de Philippe IV le Bel) par son père (le roi de Navarre, Charles le Mauvais) et petite-fille par sa mère du roi de France Jean II le Bon. Veuve du duc Jean IV, elle devient reine d'Angleterre par son remariage avec le roi anglais Henri IV.
Lui succède son fils François dit le Bien-Aimé, petit-fils, par sa mère Jeanne de France, de Charles VI de France. A la mort de François, celui-ci n'ayant pas de fils, suivant les dispositions du premier traité de Guérande (1365) qui exclut ses filles de la succession, il désigne son frère Pierre, pour lui succéder. Le nouveau duc rend l'hommage au roi de France sous le nom de Pierre II le Simple.
La disparition de Pierre II sans héritier fait de son oncle, Arthur dit le « Connétable de Richemont », fils de Jean IV et Jeanne de Navarre, le duc Arthur III. Mort un an après son accession au trône ducal sans héritier légitime, le couronne passe à son neveu, François, le quatrième fils encore vivant de Richard d’Etampes (frère d’Arthur III).
L'ordre de succession au trône de Bretagne avait été modifié par le premier traité de Guérande en 1365, pour éviter toute contestation, voire une nouvelle crise de succession, le duc François lui fait épouser sa fille aînée Marguerite, héritière selon la tradition antérieure au traité de Guérande. Le nouveau duc François II accède ainsi au trône en 1458 après la mort de ses cousins François et Pierre II et de son oncle Arthur III, le connétable de Richemont.
23 novembre 1484 – 9 septembre 1488 : LE RETOUR DE LA POLITIQUE
Depuis la mort de Louis XI, son fils Charles VIII, âgé de treize ans, est placé sous la tutelle de sa sœur Anne de Beaujeu, régente de France. Le gouvernement des régents provoque une rébellion des princes orchestrée par le beau-frère du roi, le duc Louis II d'Orléans (le futur Louis XII), époux de Jeanne de France (fille cadette de Louis XI et sœur d’Anne de Beaujeu) qui, en vue de soustraire le roi à ses tuteurs, entreprend la guerre folle. Le 23 novembre 1484, Louis d’Orléans passe un accord avec le duc de Bretagne, François II, qui prévoit entre autres son mariage avec Anne de Bretagne (une demande d’annulation de son mariage avec Jeanne est envoyée au pape).
Les rois de France trouvent dans les circonstances de la fin du XVe siècle et du début du XVIe siècle le moyen d'annexer le duché : L’Angleterre a été chassée du continent et s'est engluée dans la guerre des Deux-Roses ; la Bretagne perd un autre allié important avec la mort du duc de Bourgogne Charles le Téméraire en 1477, et la fin de la dynastie d'Anjou en 1482 donne au roi le contrôle de la frontière britto-angevine ; la noblesse bretonne a de nombreux intérêts dans le royaume et est irritée par les attaches de leur duc avec les princes de Valois ; le duc s’est attiré les foudres de la bourgeoisie bretonne, principalement de Nantes et Saint-Malo, à cause de sa politique fiscale.
D’autre part les rois de France Louis XI et Charles VIII éprouvent une grande haine à l’égard de François II qui a été de tous les complots. C’est l’occasion pour eux casser la menace de l'encerclement du royaume entre l'État bourguignon au nord et à l'est, et le duché de Bretagne jugé à l'ouest ; d’affermir le pouvoir royal face à des princes qui se sont attribuer des signes de la souveraineté ; de punir les nobles ayant participé aux coalitions hostiles au roi . Nous sommes à la fin de la période féodale, à chaque étage de la pyramide les seigneurs tentent de transformer les relations féodales (donc contractuelles) en relations d'autorité (donc unilatérales) sur leurs vassaux.
Enfin, François II n'a pas de descendance masculine légitime.
9 novembre 1488 : L’EVENEMENT
A la fin du règne de François II, les deux familles n’ont plus d’héritiers mâles : François II n’a que deux filles, Anne et Isabeau, et les derniers Penthièvre sont également des femmes. Dès lors, peuvent prétendre au trône.
Du chef des Montfort :
Les sœurs Anne et Isabeau de Bretagne, filles du duc régnant, dernières héritières de la famille venant en premier dans l’ordre de succession du duché, mais elles ne sont pas des hommes ;
Jean II, vicomte de Rohan et de Léon, époux de Marie de Bretagne (fille du duc François). Sans le traité de Guérande, sa femme aurait été duchesse à partir de 1469, à la mort de sa sœur aînée Marguerite. Ainsi le mari de celle-ci (François II) aurait-il dû quitter le pouvoir au profit de Jean II. Pour transformer cette rivalité en association, Jean II proposa de faire épouser ses fils François et Jean à Anne et sa sœur Isabeau. François II le refusa contre l'avis de son conseil et contre la logique lignagère. Plus tard, Jean II s'intitulera duc de Bretagne ;
Jean de Chalon, prince d'Orange, fils de Catherine de Bretagne (sœur du duc François II). Il est l'héritier le plus proche à la mort de François II avec Anne et Isabeau ;
François d'Avaugour, bâtard du duc François II et d’Antoinette de Maignelais. Il renonce devant les États à ses droits hypothétiques.
Du chef des Penthièvre :
Jean II de Brosse, comte de Penthièvre (fils de Nicole de Blois-Penthièvre et de Jean Ier de Brosse), mais sa mère avait par deux fois renoncé à ses droits (en 1480 lors de la vente, confirmée en 1485) ;
Charles VIII, dont le père Louis XI a acheté le 3 janvier 1480 les droits au duché de Nicole de Blois-Bretagne, comtesse de Penthièvre. Il est reconnu héritier de François II par cinq rebelles bretons au traité de Montargis. Mais les droits par achat fait l’objet de débats juridiques ;
Alain d'Albret, demi-frère de Françoise de Dinan (leur grand-mère maternelle est Marguerite de Bretagne), veuf de Françoise de Blois-Penthièvre (morte en 1481), elle-même cousine de Nicole de Blois-Bretagne, du chef de laquelle il prétendit sans succès au comté de Penthièvre. Il souhaite épouser Anne, puis lui faire épouser son fils. On lui promet finalement la main d'Isabeau (sœur cadette d'Anne) pour son fils, mais la petite Isabeau meurt avant le mariage.
Par sécurité devant ces prétentions, François II fait reconnaître ses filles par les États de Bretagne comme héritières du duché. Anne sera couronnée duchesse à Rennes en opposition avec les dispositions du traité de Guérande de 1365.
9 septembre 1488 – 4 avril 1491 : LE RETOUR DE LA GUERRE
Lui succède son fils François dit le Bien-Aimé, petit-fils, par sa mère Jeanne de France, de Charles VI de France. A la mort de François, celui-ci n'ayant pas de fils, suivant les dispositions du premier traité de Guérande (1365) qui exclut ses filles de la succession, il désigne son frère Pierre, pour lui succéder. Le nouveau duc rend l'hommage au roi de France sous le nom de Pierre II le Simple.
La disparition de Pierre II sans héritier fait de son oncle, Arthur dit le « Connétable de Richemont », fils de Jean IV et Jeanne de Navarre, le duc Arthur III. Mort un an après son accession au trône ducal sans héritier légitime, le couronne passe à son neveu, François, le quatrième fils encore vivant de Richard d’Etampes (frère d’Arthur III).
L'ordre de succession au trône de Bretagne avait été modifié par le premier traité de Guérande en 1365, pour éviter toute contestation, voire une nouvelle crise de succession, le duc François lui fait épouser sa fille aînée Marguerite, héritière selon la tradition antérieure au traité de Guérande. Le nouveau duc François II accède ainsi au trône en 1458 après la mort de ses cousins François et Pierre II et de son oncle Arthur III, le connétable de Richemont.
23 novembre 1484 – 9 septembre 1488 : LE RETOUR DE LA POLITIQUE
Depuis la mort de Louis XI, son fils Charles VIII, âgé de treize ans, est placé sous la tutelle de sa sœur Anne de Beaujeu, régente de France. Le gouvernement des régents provoque une rébellion des princes orchestrée par le beau-frère du roi, le duc Louis II d'Orléans (le futur Louis XII), époux de Jeanne de France (fille cadette de Louis XI et sœur d’Anne de Beaujeu) qui, en vue de soustraire le roi à ses tuteurs, entreprend la guerre folle. Le 23 novembre 1484, Louis d’Orléans passe un accord avec le duc de Bretagne, François II, qui prévoit entre autres son mariage avec Anne de Bretagne (une demande d’annulation de son mariage avec Jeanne est envoyée au pape).
Les rois de France trouvent dans les circonstances de la fin du XVe siècle et du début du XVIe siècle le moyen d'annexer le duché : L’Angleterre a été chassée du continent et s'est engluée dans la guerre des Deux-Roses ; la Bretagne perd un autre allié important avec la mort du duc de Bourgogne Charles le Téméraire en 1477, et la fin de la dynastie d'Anjou en 1482 donne au roi le contrôle de la frontière britto-angevine ; la noblesse bretonne a de nombreux intérêts dans le royaume et est irritée par les attaches de leur duc avec les princes de Valois ; le duc s’est attiré les foudres de la bourgeoisie bretonne, principalement de Nantes et Saint-Malo, à cause de sa politique fiscale.
D’autre part les rois de France Louis XI et Charles VIII éprouvent une grande haine à l’égard de François II qui a été de tous les complots. C’est l’occasion pour eux casser la menace de l'encerclement du royaume entre l'État bourguignon au nord et à l'est, et le duché de Bretagne jugé à l'ouest ; d’affermir le pouvoir royal face à des princes qui se sont attribuer des signes de la souveraineté ; de punir les nobles ayant participé aux coalitions hostiles au roi . Nous sommes à la fin de la période féodale, à chaque étage de la pyramide les seigneurs tentent de transformer les relations féodales (donc contractuelles) en relations d'autorité (donc unilatérales) sur leurs vassaux.
Enfin, François II n'a pas de descendance masculine légitime.
9 novembre 1488 : L’EVENEMENT
A la fin du règne de François II, les deux familles n’ont plus d’héritiers mâles : François II n’a que deux filles, Anne et Isabeau, et les derniers Penthièvre sont également des femmes. Dès lors, peuvent prétendre au trône.
Du chef des Montfort :
Les sœurs Anne et Isabeau de Bretagne, filles du duc régnant, dernières héritières de la famille venant en premier dans l’ordre de succession du duché, mais elles ne sont pas des hommes ;
Jean II, vicomte de Rohan et de Léon, époux de Marie de Bretagne (fille du duc François). Sans le traité de Guérande, sa femme aurait été duchesse à partir de 1469, à la mort de sa sœur aînée Marguerite. Ainsi le mari de celle-ci (François II) aurait-il dû quitter le pouvoir au profit de Jean II. Pour transformer cette rivalité en association, Jean II proposa de faire épouser ses fils François et Jean à Anne et sa sœur Isabeau. François II le refusa contre l'avis de son conseil et contre la logique lignagère. Plus tard, Jean II s'intitulera duc de Bretagne ;
Jean de Chalon, prince d'Orange, fils de Catherine de Bretagne (sœur du duc François II). Il est l'héritier le plus proche à la mort de François II avec Anne et Isabeau ;
François d'Avaugour, bâtard du duc François II et d’Antoinette de Maignelais. Il renonce devant les États à ses droits hypothétiques.
Du chef des Penthièvre :
Jean II de Brosse, comte de Penthièvre (fils de Nicole de Blois-Penthièvre et de Jean Ier de Brosse), mais sa mère avait par deux fois renoncé à ses droits (en 1480 lors de la vente, confirmée en 1485) ;
Charles VIII, dont le père Louis XI a acheté le 3 janvier 1480 les droits au duché de Nicole de Blois-Bretagne, comtesse de Penthièvre. Il est reconnu héritier de François II par cinq rebelles bretons au traité de Montargis. Mais les droits par achat fait l’objet de débats juridiques ;
Alain d'Albret, demi-frère de Françoise de Dinan (leur grand-mère maternelle est Marguerite de Bretagne), veuf de Françoise de Blois-Penthièvre (morte en 1481), elle-même cousine de Nicole de Blois-Bretagne, du chef de laquelle il prétendit sans succès au comté de Penthièvre. Il souhaite épouser Anne, puis lui faire épouser son fils. On lui promet finalement la main d'Isabeau (sœur cadette d'Anne) pour son fils, mais la petite Isabeau meurt avant le mariage.
Par sécurité devant ces prétentions, François II fait reconnaître ses filles par les États de Bretagne comme héritières du duché. Anne sera couronnée duchesse à Rennes en opposition avec les dispositions du traité de Guérande de 1365.
9 septembre 1488 – 4 avril 1491 : LE RETOUR DE LA GUERRE
A partir de 1489, le conflit fait tâche d’huile. Le 10 février 1489, le traité de Rennes est signé entre le duché et l’Angleterre, le 14 février, deux pactes entre l’Autriche et l’Espagne et l’Autriche et l’Angleterre sont signés à Dordrecht, contre la France. Au sein du duché, différentes ambitions s’affrontent. Le maréchal des Rieux, tuteur de la duchesse, est le mieux placé pour recueillir, ou choisir celui qui recueillera l’héritage breton. Alain d’Albret, qui a de maigres droits, et qui surtout tient Nantes depuis 1489, est son allié, ainsi que sa sœur utérine Françoise de Dinan, la gouvernante d’Anne de Bretagne. Le vicomte Jean de Rohan (qui prétend hériter du duché du fait de son ascendance et de sa femme Marie de Bretagne) avec son frère Pierre de Quintin et des renforts français s’empare sans difficultés d’une grande partie de la Bretagne. Il demande alors la main d’Anne pour son fils Jean. Mais Charles VIII, inquiet de sa progression, le désavoue et l’oblige à se soumettre. Le chancelier Philippe de Montauban, Dunois, le prince d’Orange, Raoul de Lornay emmènent l’héritière avec eux, et font couronner Anne à Rennes. Elle a 13 ans.
Le 3 décembre 1489, le parti de la duchesse souscrit à la paix de Francfort, signée entre Maximilien d’Autriche et le roi de France le 22 juillet.
Le 2 janvier 1491, Alain d’Albret signe le traité de Moulins avec le roi : la ville de Nantes lui est promise. Le 4 avril, jour de Pâques, le roi de France fait son entrée dans Nantes. La Bretagne est dès lors considérée par les Français comme conquise.
4 avril 1491 – Juillet 1424 : LE REGLEMENT DU CONFLIT
Le conflit est réglé par divers traités, par lequel le roi de France obtient la renonciation à leurs droits des différents héritiers possibles, et règle divers aspects de la succession : le contrat de mariage entre Charles VIII et Anne de Bretagne ; la paix d'Étaples, signée le 3 novembre 1492 avec le roi d’Angleterre et le traité de Barcelone, signé le 19 janvier 1493, permettent le règlement des dettes du duché.
Dans leur contrat de mariage Charles VIII impose ses conditions à la duchesse : il obtient l'administration du duché ; s’il meurt sans enfant mâle Anne ne pourra épouser que son successeur ; chacun des époux fait une donation au dernier vivant de ses droits sur la Bretagne.
Trois jours après la mort de Charles VIII, le principe du mariage avec Louis XII, l'ancien allié de son père contre Louis XI et Charles VIII, est acquis, à la condition que Louis obtienne l'annulation de son mariage avant un an. Louis accepte également de retirer les troupes d'occupation.
Le mariage a lieu en janvier 1499. La situation est totalement différente : la Bretagne est en paix, Anne détient les droits des rois de France sur la Bretagne, et ses vassaux la soutiennent. À l'inverse Louis XII devrait compter avec les autres héritiers de la Bretagne si Anne venait à mourir. Anne lui fait sentir que c'est elle qui a l'initiative en négligeant de répondre aux multiples suppliques qu'il lui adresse par le cardinal d'Amboise pendant son séjour en Bretagne.
De ses sept grossesses suivantes, seules survivent Claude de France née 9 mois après le mariage et Renée de France née 3 ans avant sa mort. D'emblée, Claude fut la plus riche héritière d'Europe. Après la mort d'Anne en janvier 1514, Claude devient duchesse mais Louis garde la régence. La duchesse de Bretagne épouse François d’Angoulême en mai 1514. Louis XII « délaisse » la régence de la Bretagne à François en octobre 1514 (à la prière des États selon l'acte) en réservant les droits de Renée sur le duché. Celui-ci devient, le 1er janvier 1515, le roi François 1er.
Juillet 1424 - Août 1532 : LA BRETAGNE REJOINT LA COURONNE DE FRANCE
En juillet 1524 Claude décède en faisant de son fils François son légataire universel. Il ne s'agit que d'un testament qui ne concerne que ses biens propres et n'est donc pas opposable aux autres héritiers de la couronne de Bretagne. Mais François Ier commet l'erreur de désigner unilatéralement le dauphin François comme héritier de la Bretagne. Le 24 septembre 1524 les États lui demandent sèchement de ne plus porter le titre de duc, mais seulement celui de « Père et légitime administrateur de son fils le duc de Bretaigne » et lui indiquent que selon les accords antérieurs (le traité de janvier 1499 : « L'héritier de la Bretagne ne pourra être l'héritier de la France, et pour cela un certain nombre de cas de succession sont prévus, engageant les héritiers eux-mêmes (…) »), le titre de duc revient au cadet Henri et non à l'aîné François. Après le décès prématuré du dauphin François, Henri cumulera à son tour les titres de dauphin et Duc de Bretagne que ses grands parents avaient voulu séparer.
Le 4 août 1532, les États de Bretagne, convoqués par François 1er à Vannes, adressent au monarque une supplique pour « unir et joindre par union perpétuelle iceluy pays et duché de Bretagne au royaume, le suppliant de garder et entretenir les droits, libertés et privilèges dudit pays et duché ». Cette requête, présentée au roi dans la grande salle du palais épiscopal de la Motte, est acceptée : il s'y nomme « père et légitime administrateur et usufruitier des biens de notre très cher et très aimé fils » et celui-ci « Duc et propriétaire des pays et Duché de Bretagne », contrairement aux clauses du traité de 1499 (2e lettre du 19 janvier) ; il rappelle la demande des États (unir perpétuellement la Bretagne à la couronne de France).
Le 3 décembre 1489, le parti de la duchesse souscrit à la paix de Francfort, signée entre Maximilien d’Autriche et le roi de France le 22 juillet.
Le 2 janvier 1491, Alain d’Albret signe le traité de Moulins avec le roi : la ville de Nantes lui est promise. Le 4 avril, jour de Pâques, le roi de France fait son entrée dans Nantes. La Bretagne est dès lors considérée par les Français comme conquise.
4 avril 1491 – Juillet 1424 : LE REGLEMENT DU CONFLIT
Le conflit est réglé par divers traités, par lequel le roi de France obtient la renonciation à leurs droits des différents héritiers possibles, et règle divers aspects de la succession : le contrat de mariage entre Charles VIII et Anne de Bretagne ; la paix d'Étaples, signée le 3 novembre 1492 avec le roi d’Angleterre et le traité de Barcelone, signé le 19 janvier 1493, permettent le règlement des dettes du duché.
Dans leur contrat de mariage Charles VIII impose ses conditions à la duchesse : il obtient l'administration du duché ; s’il meurt sans enfant mâle Anne ne pourra épouser que son successeur ; chacun des époux fait une donation au dernier vivant de ses droits sur la Bretagne.
Trois jours après la mort de Charles VIII, le principe du mariage avec Louis XII, l'ancien allié de son père contre Louis XI et Charles VIII, est acquis, à la condition que Louis obtienne l'annulation de son mariage avant un an. Louis accepte également de retirer les troupes d'occupation.
Le mariage a lieu en janvier 1499. La situation est totalement différente : la Bretagne est en paix, Anne détient les droits des rois de France sur la Bretagne, et ses vassaux la soutiennent. À l'inverse Louis XII devrait compter avec les autres héritiers de la Bretagne si Anne venait à mourir. Anne lui fait sentir que c'est elle qui a l'initiative en négligeant de répondre aux multiples suppliques qu'il lui adresse par le cardinal d'Amboise pendant son séjour en Bretagne.
De ses sept grossesses suivantes, seules survivent Claude de France née 9 mois après le mariage et Renée de France née 3 ans avant sa mort. D'emblée, Claude fut la plus riche héritière d'Europe. Après la mort d'Anne en janvier 1514, Claude devient duchesse mais Louis garde la régence. La duchesse de Bretagne épouse François d’Angoulême en mai 1514. Louis XII « délaisse » la régence de la Bretagne à François en octobre 1514 (à la prière des États selon l'acte) en réservant les droits de Renée sur le duché. Celui-ci devient, le 1er janvier 1515, le roi François 1er.
Juillet 1424 - Août 1532 : LA BRETAGNE REJOINT LA COURONNE DE FRANCE
En juillet 1524 Claude décède en faisant de son fils François son légataire universel. Il ne s'agit que d'un testament qui ne concerne que ses biens propres et n'est donc pas opposable aux autres héritiers de la couronne de Bretagne. Mais François Ier commet l'erreur de désigner unilatéralement le dauphin François comme héritier de la Bretagne. Le 24 septembre 1524 les États lui demandent sèchement de ne plus porter le titre de duc, mais seulement celui de « Père et légitime administrateur de son fils le duc de Bretaigne » et lui indiquent que selon les accords antérieurs (le traité de janvier 1499 : « L'héritier de la Bretagne ne pourra être l'héritier de la France, et pour cela un certain nombre de cas de succession sont prévus, engageant les héritiers eux-mêmes (…) »), le titre de duc revient au cadet Henri et non à l'aîné François. Après le décès prématuré du dauphin François, Henri cumulera à son tour les titres de dauphin et Duc de Bretagne que ses grands parents avaient voulu séparer.
Le 4 août 1532, les États de Bretagne, convoqués par François 1er à Vannes, adressent au monarque une supplique pour « unir et joindre par union perpétuelle iceluy pays et duché de Bretagne au royaume, le suppliant de garder et entretenir les droits, libertés et privilèges dudit pays et duché ». Cette requête, présentée au roi dans la grande salle du palais épiscopal de la Motte, est acceptée : il s'y nomme « père et légitime administrateur et usufruitier des biens de notre très cher et très aimé fils » et celui-ci « Duc et propriétaire des pays et Duché de Bretagne », contrairement aux clauses du traité de 1499 (2e lettre du 19 janvier) ; il rappelle la demande des États (unir perpétuellement la Bretagne à la couronne de France).
Le 7 août 1532, l'union de la Bretagne à la France est scellée.
En 1570, après son retour en France, Renée de France, fille d'Anne de Bretagne, poursuivra en justice son neveu Charles IX, considérant avoir été dépossédée de son héritage. Elle soutient en particulier la thèse que selon le contrat de mariage de ses parents elle est la légitime héritière du duché, sa sœur ayant perdu ce droit en devenant reine de France ; Claude, fille ainée n'aurait jamais dû être duchesse de Bretagne. En fait il n'y a aucune trace de protestations en Bretagne contre le mariage de Claude ou ses conséquences, et plusieurs actes officiels du duché mentionnent bien Claude comme duchesse de Bretagne. Renée est déboutée.