28 août 1475 : La guerre de Cent-Ans n’a pas duré cent ans


Nous sommes à trois lieues (10 km) d'Amiens et à sept lieues d'Abbeville, sur la rive gauche de la Somme, sur les terres de Picquigny, importante seigneurie attestée dès le milieu du XIème siècle. Une étrange agitation parcourt la campagne picarde en ce 28 août 1475. Il faut dire que l’endroit attend, pour le lendemain, le roi de France Louis XI, et le roi d’Angleterre, Edouard IV. Un pont est construit sur la Somme où les deux rois devaient se rencontrer. Pour éviter tout incident ou un meurtre comme celui de Jean sans Peur lors d’une entrevue avec Charles VII à Montereau, un solide treillage en bois est construit afin de séparer les deux rois. Dans ses mémoires, Philippes de Commynes note ce qui suit : « Une fois l’endroit choisi, on décida d’y faire un pont fort solide […]. Au milieu de ce pont fut aménagé un treillis de bois comme on en fait pour les cages de lions».
Après la bataille de Castillon, le royaume d’Angleterre est secoué par une guerre civile entre les maisons de Lancastre et d'York (appelée aussi la guerre des Deux-Roses) tandis qu’en France, le roi de France Louis XI est occupé à contenir les ambitions territoriales du duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Le roi d’Angleterre Édouard IV voit dans le conflit franco-bourguignon une occasion de reconquérir les domaines continentaux perdus par ses prédécesseurs. Le 25 juillet 1474, il signe un traité d’alliance avec Charles le Téméraire, en lui promettant de débarquer à Calais avec une armée, ce qu’il fait le 6 juillet 1475. Mais le duc de Bourgogne s’est aventuré en Lorraine et est parti guerroyer sur le Rhin. Il ne semble pas vouloir respecter les conventions de leur accord en réunissant leurs forces. L’armée anglaise commence à manquer de vivres. Habile politicien, Louis XI voit là une opportunité pour briser l’alliance anglo-bourguignonne. Il offre au roi d’Angleterre de racheter à prix d’or son rembarquement. Pour cela, il épuise le trésor du royaume et multiplie les emprunts. Furieux d’avoir été abandonné par son ancien allié et conscient de l'infériorité de son armée, Édouard IV accepte de traiter avec le roi de France.

Les deux souverains prirent les engagements suivants :
  1. Louis XI versa à Édouard IV une somme de 75 000 écus d'or et s'engagea à lui verser une pension annuelle de 50 000 écus d'or (soit la promesse totale de cinq cent mille écus).
  2. Édouard IV accepta de retourner en Angleterre avec son armée et renonça à son alliance avec le duc de Bourgogne. Il reconnut également Louis XI comme seul roi légitime de France.
  3. Il fut convenu que le dauphin Charles devait épouser la fille aînée d'Édouard, Élisabeth (elle épousa finalement Henri VII d'Angleterre).
  4. Marguerite d'Anjou, emprisonnée à la Tour de Londres, fut libérée contre une rançon de 50 000 écus.
Sans le savoir, ils viennent de mettre fin à la « Guerre de Cent-Ans ».

Le terme de « Guerre de Cent-Ans » apparaît, selon le médiéviste Philippe Contamine, pour la première fois dans le Tableau chronologique de l'Histoire du Moyen Âge de Chrysanthe Desmichels (Paris, 1823). En 1852, Th. Bachelet fait paraître un ouvrage intitulé Guerre de Cent Ans.

Si l’on doit choisir une date marquant le début de ladite Guerre de Cent-Ans, je retiendrai le 1er novembre 1337. Ce jour -là, le chancelier Henry Burghersh, évêque de Lincoln, vient à Paris présenter au roi de France Philippe VI les lettres de défi du roi d’Angleterre. On aurait pu retenir également la date du 24 mars 1337, jour de la confiscation de la Guyenne par Philippe VI. Mais il s’agit là plutôt de « préliminaires », d’une « marche à la guerre » dans un cadre de l’application du droit féodal. La signature du traité de Picquigny, le 29 août 1475, est généralement retenue comme marquant la fin du conflit franco-anglais.

Evidemment, les contemporains n’ont pas conscience de l’importance de ces dates. Et le 29 août 1475 n’est pas à la « Guerre de Cent-Ans » ce que le 8 mai 1945 est à la Seconde Guerre Mondiale. Il ne s’agit que d’une trêve de 7 ans, achetée à prix fort par Louis XI pour voir rembarquer Edouard IV qui a débarqué à Calais (6 juillet). Il deviendra plus tard le symbole du traité marquant la fin de ce conflit, faute d’autres traités.

La dernière confrontation armée date du 17 juillet 1453, jour de la victoire française à Castillon. Mais il faut attendre le 19 octobre 1453 pour voir les troupes de Charles VII faire leur entrée à Bordeaux. Les Anglais ne possèdent plus que Calais. Vu de l’histoire militaire, la Guerre de Cent-Ans s’achève donc le 19 octobre 1453.

Quelle date retenir pour son commencement ? Doit-on prendre en compte les conflits annexes à la guerre entre les deux rois : Édouard III d’Angleterre soutient Jean de Montfort contre Charles de Blois, parent de Philippe VI, lors de la guerre de Succession de Bretagne ; les Français soutiennent les Écossais en guerre contre les Anglais. Deux dates se font concurrence : le 9 novembre 1337, date de la bataille de Cadzan qui consiste en un raid anglais sur l'île flamande ; ou celle de la bataille de l’Ecluse, première bataille d’envergure du conflit entre les deux souverains, le 24 juin 1340. Je retiendrai la seconde, les premières années étant une succession d’échauffourées.

La « Guerre de Cent-Ans » a, en terme politique et diplomatique, duré 136 ans (du 1er novembre au 29 août 1475 soit 50339 jours). Militairement, elle s’étend sur 113 ans (du 24 juin 1340 au 19 octobre 1453 soit 41389 jours). Militairement parlant, la « Guerre de Cent-Ans » est traversée par des période de trêves et de paix. Les causes sont nombreuses : les accords liés à la politique internationale et le droit de la guerre d’abord, les épidémies et famines ensuite, les saisons et les capacités financières enfin. En fait, les populations souffrent plus des dommages collatéraux de la guerre que de la guerre elle-même.


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