6 août 1870 : "Vous n'aurez pas l'Alsace ni la Lorraine"


Le 19 juillet 1870, l’Empire français déclarait la guerre au royaume de Prusse. Les hostilités allaient prendre fin le 28 janvier 1871 avec la signature d’un armistice. Le traité de paix, signé le 10 mai à Francfort-sur-le-Main, consacrait la défaite de la France.

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Le 6 août 1870, le 2ème corps de l'armée du Rhin sous le commandement du général Frossard est battu à Forbach, ce qui entraîne pour la France la perte de la Lorraine. Le même jour, le maréchal de Mac-Mahon, à la tête du 1er Corps est battu à Froeschwiller-Woerth, d'où la perte de l'Alsace.

Les Prussiens n'ont pas, d’après les Mémoires du maréchal Von Moltke, prévu de livrer une bataille à Spicheren, pas plus d'ailleurs qu'à Reichshoffen.


2 août 1870, Sarrebruck

Le 2e corps occupe la ville allemande de Sarrebruck. Les 1000 hommes de la garnison de la ville préfèrent l'abandonner aux Français plutôt qu'engager le combat. Il faut dire que le 2e corps est fort de 1119 officiers et de 27548 hommes et accompagné de 90 canons. Les différents régiments le composant sont commandés par les généraux Verger, Bataille, Laveaucoupet et Valabreque.

4 août 1870, Wissembourg

La division française Abel Douay subit une lourde défaite lors de la bataille de Wissembourg.

A la nouvelle de la défaite, Mac-Mahon se porte le plus rapidement possible vers le nord. Il remonte de Haguenau vers Wissembourg et s’arrête en avant de la route de Bitche à Haguenau, à 10 kilomètres du Rhin et à 4 de la forêt de Haguenau. Le prince royal n’ose pas s’engager dans le Col-du-Pigeonnier à sa gauche, il prononce son mouvement vers la droite, et descend la vallée du Rhin. A l’heure où Mac-Mahon arrive à la frontière, la vallée du Rhin ne peut plus être défendue. Le champ de bataille était déterminé, resserré à l’est par la forêt, à l’ouest par les derniers chaînons des Vosges.

5 août 1870, situation des armées de l’Empire français

Le général Frossard s'estime trop exposé dans la ville de Sarrebruck etvretire ses troupes pour les positionner sur les hauteurs de Spicheren. Il néglige cependant de détruire les ponts et le télégraphe lors de sa retraite. Le général Frossard installe son poste de commandement dans la maison du maire de Forbach et reste en liaison avec le maréchal Bazaine dont les troupes sont stationnées à St-Avold.

Mac-Mahon est près de Reichshoffen. Dans la nuit du 5 au 6, son armée bivouaque. Les tentes n’ont pas été montées. Or, la pluie ne cesse de tomber depuis dix heures du soir, et ce n’est que vers six heures du matin que le soleil se lève pour sécher les pauvres troupiers.

6 août 1870 – matinée, Spicheren-Forbach

Dès sept heures du matin, de nombreux escadrons traversaient Sarrebrück et se montrent sur les hauteurs de l’Exercix Platz. En même temps, des masses d’infanterie venant de la direction de Sarrelouis se dirigent vers la ville, le long de la rive droite de la Sarre.
A dix heures, le feu commence et un terrible combat s’engage.

6 août 1870 – matinée, Sur les hauteurs entre Reichshoffen à l'ouest et Woerth à l'est

La 3e armée allemande commandée par le Kronprinz Fréderic Guillaume de Prusse stationne sur la rive est de la Sauer. En face, sur les hauteurs, sont regroupées les forces françaises sous les ordres du Maréchal de Mac-Mahon. Cette journée doit permettre aux troupes françaises de se regrouper et d'acheminer des renforts. L'état-major allemand n'attend aucun engagement pour cette journée et Mac-Mahon n’attend pas une attaque avant le 7.
À partir de 7 heures du matin, des escarmouches entre patrouilles françaises et allemandes puis un échange de coups de canon engagent la bataille contre la volonté des états-majors. Durant toute la matinée, les Français contiennent les assauts allemands. Ils leur infligent même de lourdes pertes.

6 août 1870 – 12h, Spicheren-Forbach

Les Prussiens entament un mouvement pour contraindre les Français à la bataille entre Metz et Thionville. Mais par les hasards des mouvements de troupes, l'aile gauche de la 1re armée Allemande empiète sur l'aile droite de la 2e armée. Les deux armées se rencontrent près de Sarrebruck. La 14e Infanterie Division (ID) forte de 15000 hommes sous le commandement du général Kameke arrive la première aux alentours de midi, ce 6 août 1870. Le général Kameke croit que l'armée française est en déroute et prend les troupes françaises stationnées à Spicheren comme l'arrière garde du général Frossard. Il passe immédiatement à l'attaque sur Schoeneck (à l'ouest de Sarrebruck) et à la Brême d'Or (côté ouest de l'éperon). La bataille est acharnée et les attaques des Prussiens sont plusieurs fois repoussées à la baïonnette. Lorsque le général Von Zastrow, commandant la 1ere armée Allemande, se rend compte que la 14e ID est sérieusement engagée, il envoie immédiatement la 13e ID dans la bataille. Le général Von Alvensleben fait rapidement avancer la 5e ID sur Sarrebruck et le général Von Goeben fait de même avec la 16e ID. À la fin de la journée, c’est près de 40000 hommes et 108 canons qui participent à l'attaque allemande. Les différentes unités passent à l'attaque dès leurs arrivées sur les lieux. Ce qui génère une grande confusion dans l'engagement et le commandement. Celui-ci passe successivement entre les mains de trois généraux allemands au fur et à mesure de leurs arrivées sur le terrain. La confusion est toute aussi importants côtés français où le 40e régiment d'infanterie et le 10e bataillon de chasseurs à pied se tirent dessus mutuellement..

6 août 1870 – 12h, Sur les hauteurs entre Reichshoffen à l'ouest et Woerth à l'est

À partir de midi, les Allemands prennent progressivement l'avantage. Ils exercent une forte pression sur les Français surtout autour de Froeschwiller et d'Elsasshausen. Les Français se battent à un contre quatre.

Au sud du champ de bataille, autour de Morsbronn, la 4e division du Général Lartigue subit l'artillerie allemande et risque le contournement par l'infanterie prussienne du Général Schkopp.

6 août 1870 – 13h, Spicheren-Forbach

Les Allemands attaquent le Rote Berg par les flancs alors que le 3e bataillon du 74e Infanterie Régiment (IR) de la 14e ID s'élance de front pour se voir cloué au pied de l'éperon par les tirs des Français.

6 août 1870 – 13h, Sur les hauteurs entre Reichshoffen à l'ouest et Woerth à l'est

Afin de leur venir en aide, les 8e et 9e Cuirassiers et deux escadrons du 6e Lancier de la brigade du Général Michel chargent les troupes allemandes. Mais le terrain, planté de vignes et de houblons, n'est pas fait pour des charges de cavalerie. Les Prussiens embusqués derrière ces obstacles les tirent à bout portant. Nos vaillants cavaliers parviennent cependant à repousser l'ennemi vers Morsbronn. En chargeant, les cuirassiers pénètrent dans le village par le nord. Ils suivent la rue principale et à la bifurcation, certains prennent à gauche vers Woerth et débouchent dans la plaine. Mais les plus nombreux prennent à droite où la rue leur semble plus large. Malheureusement pour eux les apparences sont trompeuses. La rue se rétrécit progressivement et après deux virages à angle droit, se transforme en souricière. Les cuirassiers s'y entassent et sont des cibles faciles pour les Prussiens retranchés dans les maisons. Peu de temps après, les deux escadrons du 6e Lancier suivent le même chemin et sont également massacrés.

6 août 1870 – 15h, Spicheren-Forbach

L'artillerie allemande, qui utilise des canons Krupp à chargement par la culasse contrairement aux Français dont les canons se chargent toujours par la bouche, oblige les Français à reculer. Les fantassins du 3e bataillon escaladent l'éperon, le général Von François en tête. Il est tué en haut de l'éperon par cinq balles françaises.

6 août 1870 – 15h, Sur les hauteurs entre Reichshoffen à l'ouest et Woerth à l'est

La division de cavalerie du Général de Bonnemains, composé de quatre régiments de cuirassiers, charge entre Froeschwiller et Elsasshausen. En l'espace d'une heure, elle part dix-sept fois à la charge. Une de ces charges voit le Colonel Lafutsun de Lacarre se faire décapité par un obus. Son corps vissé sur son cheval et sabre au poing poursuit son assaut vers Woerth.

À peu près au même moment, le 1er régiment de Tirailleurs algériens, les Turcos, charge à la baïonnette à Elsasshausen. Cette charge, que les tirs violents des Prussiens n'arrête pas, sème la panique dans les rangs allemands. Elle se relève fructueuse. Elle permet la reprise du village et de l'artillerie perdue. La charge se brise cependant sur le feu nourri des Prussiens repris de leur surprise et embusqués dans le bois. Le Général Hausmann, commandant l'artillerie du 11e Corps prussien, les canonne sur le flanc gauche à l'aide de boites à mitrailles. Les trois charges successives des Turcos sont décimées par la contre-attaque prussienne. À 16h, le sacrifice des Turcos est consommé.

6 août 1870 – 16h, Spicheren-Forbach

Les 5e et 16e ID arrivent dans la foulée et s'emparent de la Brême d'Or et de la partie occidentale du Giffertwald.

6 août 1870 – 16h, Sur les hauteurs entre Reichshoffen à l'ouest et Woerth à l'est

Au nord, dans le bois de Froeschwiller, les 2300 hommes et officiers du 2e régiment de Tirailleurs algériens résistent vaillamment aux charges du 2e Corps bavarois. Ils parviennent même à les rejeter à l'est de la Sauer. Le régiment finit cependant par être encerclé. À court de munitions, ils se battent à la baïonnette et tombent les uns après les autres.

La bataille s'achève vers 17h lorsque les charges allemandes repoussent les Français au-delà de Froeschwiller.

6 août 1870 – 17h, Spicheren-Forbach

Les Français reprennent l'offensive, mais ils sont stoppés dans leur élan par le feu de sept batteries d'artillerie établie sur la Folster Höhe et les charges de l'infanterie conduite par le général Von Zarstrow en personne. Dans le même temps, le major Von Lyncker parvient à établir huit canons sur le Rote Berg sous la mitraille des Français. Le restant des hommes de la 16e ID attaque depuis la grande route de Forbach et parvient à repousser les Français vers le Forbacher Berg. Les combats se poursuivent au corps à corps dans le Giffertwald jusqu'à la nuit.

6 août 1870 – 21h, Spicheren-Forbach

Le général Frossard, sans renfort de la part du maréchal Bazaine (malgré de nombreuses demandes), est menacé d'encerclement. Il décide l'évacuation et la retraite des troupes françaises sur Sarreguemines.

7 août 1870, Spicheren-Forbach

Les Allemands ayant subi de lourdes pertes ne se lancent pas à la poursuite des Français. Ils entrent dans Forbach, sans combat, le 7 août 1870 au matin. La retraite entamée par le général Frossard se généralise à l'ensemble des troupes françaises du secteur. Les Allemands occupent Sarreguemines le 7 août 1870 dans l'après-midi puis St-Avold, Puttelange, Sarrebourg, Boulay avant de marcher sur Metz.

7 août 1870, Saverne : Rapport du maréchal Mac Mahon.

« Saverne, 7 août. Sire, j’ai l’honneur de rendre compte à Votre Majesté que le 6 août, après avoir été obligé d’évacuer la veille Wissembourg, le 1er corps, dans le but de couvrir le chemin de fer de Strasbourg à Bitche, et les voies de communications principales qui relient le revers oriental au revers occidental des Vosges, occupait les positions suivantes :

La 1ère division était placée, la droite en avant de Freischwiller, la gauche dans la direction de Reischoffen, appuyée à un bois qui couvre ce village. Elle détachait deux compagnies à Neunviller et une à Iœgerstahl.

La 3e division occupait, avec la 1ère brigade, un contre-fort qui se détache de Freischwiller et se termine en pente vers Guersdoff ; la 2e brigade appuyait sa gauche à Freischwiller et sa droite au village d’Elsashausen.

La 4e division formait une ligne brisée à la droite de la 3e division, sa première brigade faisant face à Gunstedt, et sa seconde vis-à-vis du village de Marsbronn, qu’elle n’avait pu occuper faute de force suffisante. La division Dumesnil, du 7e corps, qui m’avait rallié le 6 de grand matin, était placée en arrière de la 4e division.

En réserve se trouvait la 2e division derrière la 2e brigade de la 3e divison et la 1ère brigade de la 4e. Enfin, plus en arrière se trouvait la brigade de cavalerie légère sous les ordres du général Septeuil, et la division de cuirassiers du général de Bonnemain. La brigade de cavalerie Michel sous les ordres du général Duhesmes, était établie en arrière de l’aile droite de la 4e division.

À sept heures du matin, l’ennemi se présenta en avant des hauteurs de Guersdorff, et engagea l’action par une canonnade bientôt suivie d’un feu de tirailleurs assez vif contre la 1ère et la 3e division. Cette attaque fut assez prononcée pour obliger la 1ère division à faire un changement de front en avant sur son aile droite pour empêcher l’ennemi de tourner la position générale. Un peu plus tard, l’ennemi augmenta considérablement le nombre de ses batteries, et ouvrit le feu sur l’autre des positions que nous occupions sur la rive droite de la Sauerbach. Bien que plus sérieuse et plus fortement accentuée que la première, qui se continuait d’ailleurs, cette seconde démonstration n’était qu’une fausse attaque qui fut vivement repoussée.

Vers midi, l’ennemi prononça son attaque vers notre droite. Des nuées de tirailleurs, appuyées par des masses considérables d’infanterie et protégées par plus de soixante pièces de canon placées sur les hauteurs de Gunstedt s’élancèrent sur la 2e division et sur la 2e brigade de la 3e division qui occupaient le village d’Elsashausen.

Malgré de vigoureux retours offensifs, plusieurs fois répétés, malgré les feux très bien dirigés de l’artillerie et plusieurs charges brillantes de cuirassiers, notre droite fut débordée après plusieurs heures d’une résistance opiniâtre. Il était quatre heures. J’ordonnai la retraite. Elle fut protégée par les 1ère et 2e divisions qui firent bonne contenance et permirent aux autres troupes de se retirer sans être trop vivement inquiétées.

La retraite s’effectua sur Saverne, par Niederbronn, où la division Guyot de Lespart, du 5e corps, qui venait d’y arriver, prit position et ne se retira qu’à la nuit close.

J’adresse sous ce pli, à Sa Majesté, le nom des officiers blessés, tués ou disparus, dont il m’a été donné connaissance. Cette liste est incomplète, et je vous l’enverrai dès qu’elle m’aura été fournie en entier.

Veuillez agréer, etc. Mac-Mahon »

7 août 1870, Metz : Dépêches impériales

« Metz, 7 août, huit heures du matin. Il est nécessaire que la France et Paris se préparent aux plus grands efforts, aux plus grands sacrifices. Point de défaillance. Mac-Mahon couvre Nancy. Le corps de Frossard est bien dirigé. Le major-général est aux avant-postes ».
« 11 heures 55. La concentration des troupes sur Metz continue sans difficulté. L’épreuve qui nous est imposée est dure, mais elle n’est pas au-dessus du patriotisme de la nation ».

BILANS

Le bilan de la bataille de Spicheren est lourd, mais les chiffres diffèrent énormément. Le maréchal Von Moltke donne dans ses mémoires les chiffres de 4871 Allemands tués ou blessés et de 4078 Français tués ou blessés. Une autre source donne pour les Allemands 4491 tués ou blessés et 372 disparus et pour les Français 1982 tués ou blessés et 1096 disparus. Le correspondant de l'époque de l'Opinion Nationale parle de 10000 Allemands tués ou blessés et de 6000 à 7000 Français tués ou blessés ainsi que de 2000 prisonniers français.

A l’issue de la bataille de Reichshoffen-Woerth, l'état-major allemand comptabilisera 487 officiers et 10153 sous-officiers et hommes tués lors de cette bataille. Les pertes de l'armée française sont estimées à 11000 morts et 9000 prisonniers. Des 2300 hommes du 2e régiment de Tirailleurs algériens seuls, 8 officiers et 441 hommes ont pris le chemin du repli. Des dix régiments de Cuirassiers que comptait l'armée française, six ont été anéantis durant ce jour. Le 8e cuirassier ne compta que 17 survivants, le 9e une cinquantaine. Les deux escadrons du 6e Lancier sont totalement décimés. Les Allemands réquisitionnèrent tous les hommes valides des villages environnants pour enterrer les morts. La triste besogne prendra près de huit jours.

Le pays, douloureusement impressionné déjà par la surprise de Wissembourg, apprit avec consternation le double désastre qui le même jour frappait nos armées. A l’enthousiasme et à la confiance aveugle des premiers moments, succéda un profond découragement, une grande inquiétude pour l’avenir.
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