Renaud Girard: «Où va la guerre en Ukraine?»
Les Ukrainiens ont versé tant de sang pour leur liberté qu’ils n’y renonceront jamais. Quant au régime russe, il est allé trop loin pour reculer aujourd’hui.
Ni le mieux ni le pire ne sont survenus depuis dix-huit mois dans la guerre russo-ukrainienne. Le pire eût été l’utilisation de l’arme atomique par l’agresseur et le possible embrasement de tout le continent européen. Le conflit, de moyenne intensité, a pris la forme d’une guerre de positions à l’artillerie où, de part et d’autre, les chefs ont désormais comme priorité de préserver la vie de leurs soldats. Toutes choses égales par ailleurs, on est un peu dans la situation du front occidental à l’hiver 1917-1918, où les stratégies défensives l’emportaient provisoirement sur les offensives à outrance. Le mieux eût été la réussite d’une médiation internationale, débouchant sur un accord de paix entre les frères ennemis.
Successivement ont essayé la Turquie, la papauté, la Chine, l’Indonésie, l’Union africaine, l’Arabie saoudite. Ces médiations ont toutes échoué. Car les prétentions des deux belligérants sont trop divergentes. La Russie veut conserver les territoires qu’elle a saisis et un statut de pays neutre pour sa voisine ; l’Ukraine veut le retour aux frontières de son indépendance (1991), des dommages de guerre et le jugement des Russes responsables d’atrocités.
Entraînés et très bien équipés par les Américains, les Britanniques, les Canadiens, les Polonais, les Français et les Allemands, les soldats ukrainiens sont devenus de redoutables guerriers.