10 septembre 1419 : Jean sans peur est assassiné



Toute sa vie , en tout cas comme duc de Bourgogne, Jean « sans peur » se préoccupera d’une part de la construction de l'État bourguignon et d’autre part de la lutte pour le pouvoir dans le royaume de France. C’est un homme mûr, au caractère énergique et cassant, qui succède à Philippe le Hardi, son père, mort le 27 avril 1404.

Philippe le Hardi, oncle de Charles VI, avait une influence peu contestée au Conseil - qui gouverne durant la folie du roi. Jean sans Peur s'oppose, lui, à son cousin Louis d'Orléans, frère de Charles VI, et à la reine Isabeau de Bavières.

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Le 23 novembre 1407, il fait assassiner Louis d'Orléans. Charles d’Orléans, fils du duc assassiné fait appel à son beau-père, le comte d’Armagnac pour venger son père à la tête de partisans français qui seront désormais connus sous le nom d’« Armagnacs ». Cet événement est à l'origine de la guerre civile dite de la « querelle des Armagnacs et des Bourguignons ». Après avoir fui Paris, Jean sans Peur y revient en maître en 1409 et gouverne le royaume en soutenant un programme de réformes qu'appuient l'Université et la prévôté des marchands.

En 1413, le duc Jean soutient l'insurrection des Cabochiens (faction du parti des Bourguignons dirigée par Simon Caboche). L’échec de cette révolte l’oblige à se réfugier en Flandre, laissant Paris aux Armagnacs. En 1418, après avoir mené un jeu politique équivoque avec les Anglais (les Flandres – qui lui appartiennent – dépendent de l’approvisionnement en laine anglaise pour fournir les draperies), Jean sans Peur rentre de nouveau à Paris. Il tente néanmoins un rapprochement avec le dauphin Charles.

Le duc de Bourgogne et le dauphin Charles se rencontrent une première fois à Pouilly-le-Fort, le 8 juillet 1419.Puis à nouveau le 11 juillet, pour signer le traité de Pouilly-le-Fort dit « la paix du ponceau ». Menacée par la progression des Anglais le long de la Seine (ils s’emparent de Poissy le 31 juillet), le duc de Bourgogne fait évacuer la famille royale à Troyes. Jean et Charles conviennent de sceller leur alliance sur le pont qui traverse l’Yonne à Montereau, le 10 septembre 1419.

Vers 15 h, les deux armées arrivent sur les berges de l’Yonne, de part et d’autre du pont de Montereau. De chaque côté de l’Yonne, les deux princes s’épient. Jean sans Peur est informé que l’on veut attenter à sa vie, son entourage accentue sa surveillance afin de protéger le duc. Malgré les dispositions prises, le duc de Bourgogne réfléchit encore sur le bien-fondé de cette dangereuse rencontre. Au milieu du pont, des charpentiers ont élevé un enclos avec une porte de chaque côté. Il est convenu que les deux rivaux entreront dans l’enclos avec chacun une escorte de dix personnes et que les portes seront fermées pendant toute la durée de l’entrevue. Chacun des dix hommes prête serment.

A 17 h, le duc de Bourgogne s’avance vers le pont de Montereau, accompagné d’une escorte de dix hommes armés, à laquelle se joint un onzième homme non prévu en la personne du secrétaire du duc. Lorsque les conseillers du dauphin voient apparaître sur le pont le duc de Bourgogne, ils s’avancent vers le duc et lui disent : « Venez devers, Monseigneur, il vous attend ». D’un geste, Tanneguy III du Chastel encourage le dauphin à pénétrer dans le sas destiné à la rencontre entre les deux cousins et il y accompagne Jean sans Peur. Ce dernier, rassuré, s’écrie : « Voilà en qui je me fie ».

L’atmosphère est tendue. Le duc s’agenouille avec respect devant le dauphin. Aux reproches du dauphin le duc rétorque : « j’ai fait ce que je devais faire ».

Le ton monte. Suivant la version bourguignonne, Tanneguy du Châtel porte un coup de hache au visage du duc en criant « Tuez, tuez ! ».

Enguerrand de Monstrelet, chroniqueur bourguignon, attribue la responsabilité de l'assassinat de Jean sans Peur à deux conseillers du roi Charles VII, Tanneguy du Chastel et Jean Louvet, président de Provence. Cependant, le président Hénau, dans son Abrégé Historique de l'Histoire de France, (1821, vol. I), indique que « le Lit de Justice constitué le 23 décembre 1419 mentionne que les coupables de l'assassinat de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, sont déclarés criminels de lèse-majesté. Dans cette déclaration, aucun des complices du meurtre n'y est nommé. » Enfin, dans la Chronique de Douet d'Arcq, tome 5, p. 151-182, il est mentionné que les clauses du traité d'Arras du 21 septembre 1435, mettant fin à la guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons, font obligation au roi Charles VII « de faire toutes les diligences possibles pour faire appréhender ses anciens conseillers qui étaient présents à Montereau en 1419, pour être punis en corps et en biens et de les bannir, sans grâce ni rappel, avec confiscation de leurs biens ». Cette clause visant des auteurs non mentionnés ne fut jamais appliquée. La mort signe la rupture des relations entre la Bourgogne et le royaume pour quinze années. Jean sans Peur laisse à son fils, Philippe le Bon, un État bourguignon dont la construction est bien avancée. Celui-ci ne défendra d'autre cause que celle de l'édification de celui-ci.

Jean sans peur

de Bertrand Schnerb (Auteur)

Traître à la nation, Jean sans Peur (1371-1419), deuxième duc de Bourgogne de la dynastie des Valois, est entré dans l'Histoire avec une sombre réputation. Longtemps les historiographes n'ont voulu voir en lui que le meurtrier de Louis d'Orléans, frère du roi Charles VI, le coupable qui avait précipité le royaume de France dans la guerre civile. Bertrand Schnerb, en un audacieux renversement de perspective, confère un visage plus humain à cet inquiétant personnage. S'appuyant sur des sources souvent inédites, il souligne ainsi tant sa grande culture que sa fervente piété, la fidélité de son entourage. Il redonne surtout à son action politique et diplomatique sa véritable place au sein de la construction de cet État bourguignon. Une somme pénétrante et passionnante, essentielle à qui veut comprendre ce temps de crises, marqué également par le Grand Schisme de l'Église, d'où émergera l'État moderne triomphant.

Éditeur ‏ : ‎ PAYOT (2 septembre 2005)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 832 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 222889978X
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2228899789
Poids de l'article ‏ : ‎ 939 g
Dimensions ‏ : ‎ 14 x 4.2 x 22.5 cm
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