15 septembre 1700 : Le Nôtre, jardinier du roi... et l'autre


« Du jeudy 16e septembre 1700, avec la permission de son Éminence monseigneur le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, et celle de M. le curé, après l'office des deffuncts chanter, le corps de messire André Le Nostre, chevalier de l'ordre de Saint-Michel, conseiller du Roy, controlleur général ancien des Bâtiments, Arts et Manufactures de France, âgé de quatre-vingt sept ans, décédé hier à quatre heures du matin dans son appartement aux Tuilleries, a esté porté en carosse de cette église en l'église paroissiale de Saint-Roch, où il sera inhumé, en présence de messire Nicolas Brevac de Redemont, écuyer du Roy, gouverneur des pages de la grande écurie du Roy, beau-frère du deffunct, et de messire André Rombes, chanoine de l'Église de Paris, neveu du deffunct, qui ont signé. »

— Extrait des registres paroissiaux des anciennes archives de la ville de Paris, Paris, Librairie Pagnerre, 1873, page 75.3

LE NÔTRE ANDRÉ (1613-1700)

Le jardin classique ne saurait être réduit aux broderies des parterres ou à la forme des bosquets, qui appartiennent au temps long de l'histoire des jardins. Prolongement géométrique d'une demeure seigneuriale libérée des contraintes défensives, il participe d'une certaine façon à la transformation de l'environnement, tire parti de la morphologie des sites, et recourt, tandis qu'elles apparaissent, aux techniques d'inventaire et de tracé mises au point par les géographes.

L'analyse des traités, l'observation des plans établis entre 1620 et 1650 et l'exploitation des comptes des bâtiments du roi montrent que les apports attribués à Le Nôtre ne lui sont pas spécifiques, et surtout qu'il n'agissait pas seul. Sa destinée illustre l'ascension d'une corporation dont son grand-père, Pierre, était maître-juré à la fin du XVIe siècle. Son père, Jean, accéda aux Offices en tant que jardinier du roi aux Tuileries. Quant à André Le Nôtre lui-même, sa charge de contrôleur général des bâtiments du roi lui donnait de très larges compétences qui ne s'arrêtaient pas aux jardins.

Le Nôtre avant Le Nôtre

En dehors de la charge de contrôleur général des bâtiments du roi, Le Nôtre donnait les grands dessins et les intentions générales des tracés, pour lesquels il percevait un surcroît de rémunération. Cependant, à côté de ces fonctions d'encadrement et de conception, il continuait à exécuter certains travaux sur contrat, en tant qu'entrepreneur, toujours dans le cadre des domaines royaux. Ses revenus importants lui permettaient d'entretenir un train de maison composé de deux jardiniers, d'un cuisinier, d'une femme de chambre, d'un laquais et d'un cocher. Il collectionnait en outre les toiles de maître : Rembrandt, Bruegel, Claude Lorrain et Poussin ornaient la maison des Tuileries que son père avait habitée avant lui. Le Nôtre eut trois enfants, tous morts en bas âge ce qui explique la disparition du nom. Par contre, l'une de ses sœurs, Élisabeth, avait épousé Pierre Desgotz, jardinier des Tuileries ; leur fils Claude Desgotz, auteur entre autres du jardin de Champs-sur-Marne, sera le disciple et le continuateur du célèbre oncle.

À l'instar des recherches récentes sur l'architecture brique et pierre qui ont fait reculer d'une soixantaine d'années la datation de ce que l'on appelait communément le style Louis XIII, nous pensons que les caractéristiques typologiques du jardin classique sont totalement formalisées aux alentours des années 1620-1630, un quart de siècle donc avant les premières œuvres attestées de Le Nôtre (Saint-Mandé et Vaux-le-Vicomte). Le domaine de Courances, archétype s'il en fût et attribué comme il se doit à André Le Nôtre (né, rappelons-le, en 1613) est décrit sous sa forme actuelle dans un acte notarié de 1626, et, pour comble, ce même document testamentaire contient une reconnaissance de dette de Jean Le Nôtre au profit du seigneur du lieu.

La théorie du jardin classique est également élaborée de façon quasi définitive dans le Traité du jardinage selon les raisons de la nature et de l'art de Jacques Boyceau de La Baraudière, paru en 1636. Cet auteur, qui par ailleurs était aux Tuileries le supérieur hiérarchique de Jean Le Nôtre, traite de l'intégration dans le paysage, de l'utilisation de ses lignes de force, des avantages, quant aux effets pittoresques, des sites irréguliers ou en déclivité, de l'emploi des diagonales et de la nécessaire diversité des formes.

ANDRÉ LE NÔTRE (1613-1700) - Encyclopædia Universalis

André Le Nôtre

de Patricia Bouchenot-Déchin (Auteur)

André Le Nôtre ? Un nom connu de tous, associé à un siècle, le xviie, à un roi, Louis XIV, à un art, celui des jardins. Même si la légende est belle, ce petit-fils de jardinier n’a jamais été cet homme que l’on dit parti de rien, bêche et chapeau à la main. Héritier de deux charges royales et d’une clientèle prestigieuse, Le Nôtre développe ses talents en se frottant aux esprits cultivés de son temps avant de devenir contrôleur général des Bâtiments, Arts et Manufactures du roi Soleil.
Son intelligence hors du commun, sa force de travail surprenante et son équipe de praticiens, liée à sa famille depuis des décennies, lui permettent de conquérir le très exigeant Louis XIV. Sa passion pour la grandeur et son obsession pour le naturel marquèrent profondément l’ensemble de ses réalisations, renouvelant de manière féconde l’art des jardins.
Dans cette biographie richement documentée, Patricia Bouchenot-Déchin nous retrace avec brio l’extraordinaire histoire d’un homme qui inspira le monde entier.

« C’est la première fois qu’une biographie est consacrée à André Le Nôtre, génial jardinier, architecte, hydraulicien, metteur en scène, et elle est excellente ! » Philippe Sollers, Le Nouvel Observateur.

Éditeur ‏ : ‎ Fayard/Pluriel (25 mai 2016)
Langue ‏ : ‎ Français
Poche ‏ : ‎ 608 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2818505100
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2818505106
Poids de l'article ‏ : ‎ 400 g
Dimensions ‏ : ‎ 17.8 x 3 x 11 cm

Henry Dupuis, jardinier de Louis XIV

de Patricia Bouchenot-Déchin (Auteur)

C'est en 1662 que le jeune maître jardinier Henry Dupuis arrive à Versailles. Quarante années durant, il va exécuter les travaux voulus par Louis XIV et les projets d'André Le Nôtre. C'est à lui qu'incombe la transformation de ces jardins de fêtes en un véritable jardin de roi : il trace les parterres, aligne les allées, plante les milliers d'arbres exigés par le lieu, crée les salons de verdure, creuse le Grand Canal, aménage l'Orangerie... Quand il meurt en 1703, Henry Dupuis est gouverneur de l'Orangerie, chargé du parc et du pourtour du Canal. Pendant toutes ces années également, il a observé la cour et accueilli les visiteurs étrangers. Cet homme qui n'était qu'un nom dans les registres de paiements est un témoin de premier ordre. Patricia Bouchenot-Déchin, grâce à ses recherches, le fait revivre dans un récit plein de saveur. Avec lui resurgit tout un clan, celui des jardiniers, celui d'André Le Nôtre, son illustre parent ; resurgissent également leurs usages et leurs savoir-faire.

Éditeur ‏ : ‎ Librairie Académique Perrin (5 avril 2001)
Langue ‏ : ‎ Français
Relié ‏ : ‎ 223 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2262016224
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2262016227
Poids de l'article ‏ : ‎ 699 g
Dimensions ‏ : ‎ 17.2 x 1.7 x 22.5 cm

http://www.chateauversailles.fr/decouvrir/domaine/jardins
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Commissaire de l’exposition André Le Nôtre en perspectives qui a eu lieu en 2013, Patricia Bouchenot-Déchin, chercheur associé au Centre de recherche du château de Versailles, a publié biographies, essais et romans. Ses travaux sur André Le Nôtre et sa biographie parue chez Fayard ont reçu de nombreux prix en Europe et aux États-Unis parmi lesquels, en France, le prix Hugues Capet 2013 et le prix d’Académie 2014 de l’Académie française.

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