17 septembre 1743 : naissance de Condorcet, le dernier des Encyclopédistes


Le mot de Laurent Sailly

Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet (1743-1794), est une figure majeure des Lumières, reconnu pour ses contributions en mathématiques, philosophie, politique et éducation. Il s’oppose à la vision simpliste du progrès et propose une science du probable, s’inscrivant dans la lignée de Pascal et Cournot. Mathématicien précoce, il devient secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences et s’engage activement lors de la Révolution française, notamment sur la réforme de l’instruction publique. Condorcet défend une éducation gratuite, laïque et universelle, mais ses idées sont jugées trop libérales et restent longtemps inappliquées. Il critique le transfert du sacré de l’Église vers la science et la politique, dénonçant le risque d’un nouveau cléricalisme scientiste. Pour lui, le progrès de l’esprit humain repose sur la diffusion universelle du savoir et la perfectibilité humaine, qui n’est pas une loi historique mais un idéal à poursuivre. Son œuvre majeure, l’« Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain », écrite dans la clandestinité, affirme que l’amélioration de l’humanité passe par l’éducation et la participation de tous au savoir, tout en restant vigilant face au dogmatisme et à l’obscurantisme.

Condorcet, 1743-1794

de Elisabeth Badinter (Auteur), Robert Badinter (Auteur)

Éditeur ‏ : ‎ Le Livre de Poche; Nouv. éd. rev. et augm édition (4 mai 1990)
Langue ‏ : ‎ Français
Poche ‏ : ‎ 749 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2253053279
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2253053279
Poids de l'article ‏ : ‎ 363 g
Dimensions ‏ : ‎ 11 x 3.5 x 17.8 cm

Citations de Condorcet :

"Que les actes qui constatent la naissance, le mariage, la mort des citoyens soient soustraits à une autorité étrangère et ne reçoivent leur authenticité que d'officiers d'état civil établis par la loi. Que la morale fasse partie d'une éducation publique commune à toutes les classes de citoyens. Que l'on écarte avec soin de cette éducation toute influence sacerdotale."
(Condorcet / 1743-1794 / Discours d'avril 1790)

"La vérité appartient à ceux qui la cherchent et non point à ceux qui prétendent la détenir."
(Condorcet / 1743-1794 / Discours sur les conventions nationales, avril 1791)

"Il ne peut y avoir ni vraie liberté ni justice dans une société si l'égalité n'est pas réelle."
(Condorcet / 1743-1794 / Journal d'instruction sociale / 1793)

"Le mépris des sciences humaines était un des premiers caractères du christianisme. Il avait à se venger des outrages de la philosophie ; il craignait cet esprit d'examen et de doute, cette confiance en sa propre raison, fléau de toutes les croyances religieuses. La lumière des sciences naturelles lui était même odieuse et suspecte ; car elles sont très dangereuses pour le succès des miracles ; et il n'y a point de religion qui ne force ses sectateurs à dévorer quelques absurdités physiques. Ainsi le triomphe du christianisme fut le signal de l'entière décadence et des sciences et de la philosophie."
(Condorcet / 1743-1794 / Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain / 1795)

"Le hasard des événements viendra troubler sans cesse la marche lente, mais régulière de la nature, la retarder souvent, l'accélérer quelquefois."
(Condorcet / 1743-1794 / Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain / 1795)

"Toutes les fois que la tyrannie s'efforce de soumettre la masse d'un peuple à la volonté d'une de ses portions, elle compte parmi ses moyens les préjugés et l'ignorance de ses victimes."
(Condorcet / 1743-1794 / Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain / 1795)

"Pour se garantir du feu passager [le fouet], il suffit [...] de donner assez d'argent aux prêtres, mais, pour le feu éternel, il n'y a pas d'autres remèdes que de raconter ce qu'on a fait aux genoux d'un prêtre [..] L'humiliation et l'opprobre sont l'état naturel du chrétien."
(Condorcet / 1743-1794 / texte non publié où il dénonce les écoles des Jésuites, cité dans "La Raison" de mars 2004)

"L'espèce humaine marche d'un pas ferme et sûr dans la route de la vérité, de la vertu et du bonheur."
(Condorcet / 1743-1794)

"Toute société qui n'est pas éclairée par des philosophes est trompée par des charlatans."
(Condorcet / 1743-1794)

"Plus un peuple est éclairé, plus ses suffrages sont difficiles à surprendre [...] même sous la constitution la plus libre, un peuple ignorant est esclave." (Condorcet / 1743-1794)