Renaud Girard: «Les Occidentaux sacrifieront-ils l’Arménie?»
Les Arméniens du Haut-Karabakh n’avaient pour eux que le vieux principe wilsonien du «droit des peuples à disposer d’eux-mêmes», principe à géométrie variable invoqué par les Occidentaux en fonction seule de leurs intérêts du moment.
Après avoir coupé de tout ravitaillement pendant neuf mois l’enclave arménienne du Haut-Karabakh (120.000 habitants), les forces azerbaïdjanaises sont passées à l’attaque le 18 septembre 2023. Après avoir fait plus de 200 morts, l’Azerbaïdjan a obtenu la reddition de la petite armée arménienne locale.
Ce recours à la force constitue une violation des accords de cessez-le-feu tripartites du 10 novembre 2020, signés par les leaders de l’Azerbaïdjan, de l’Arménie et de la Russie. Mais ni l’Arménie (dont l’armée fut battue par l’Azerbaïdjan à l’automne 2020), ni la Russie (protectrice historique des Arméniens dans le Caucase) ne sont intervenues militairement pour sauver le Haut-Karabakh. Le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a estimé que pour sauver l’Arménie il n’avait pas d’autre choix que de sacrifier l’enclave sœur. Quant à Poutine, il a cyniquement privilégié le maintien de ses bonnes relations avec l’Azerbaïdjan et la Turquie, infiniment plus puissants dans le Caucase que la pauvre Arménie.